Managing director de la banque d’affaires Sycomore Corporate Finance, Mofdi Gassoumi dédie son conseil aux entreprises en difficulté. L’esprit analytique, il les accompagne dans un contexte où les dossiers de restructuring prennent de nouvelles formes.

Décideurs. Comment êtes-vous arrivé dans le restructuring ?

Mofdi Gassoumi. Après avoir commencé ma carrière en M&A et après cinq ans en évaluation, notamment d’institutions financières, et en M&A chez Salustro Reydel-KPMG CF, j’ai commencé à faire du restructuring chez Houlihan Lokey tout en développant la practice Distress Valuation. Après sept ans de restructuring et de capital markets chez Degroof Petercam, j’ai rejoint Sycomore il y a quatre ans pour y développer les activités Capital Structure Advisory en tant que Managing Director. Notre équipe de cinq banquiers seniors, avec l’appui de trois seniors advisors et de notre équipe d’exécution, intervient souvent sur des grosses opérations de restructuring qui occupent une place importante dans notre activité. C’est probablement le goût des mathématiques et de la résolution de contradictions apparentes qui m’ont conduit vers ce métier. Une activité de niche, très technique, où il faut avoir des compétences financières transversales mais également des connaissances juridiques, comptables, opérationnelles fortes et les articuler de manière cohérente.

"Une entreprise en difficulté est un objet financier extrêmement intéressant."

Qu’est-ce qui est spécifique dans l’analyse d’une entreprise en difficulté ?

Une entreprise en difficulté est un objet financier extrêmement intéressant. Vous vous retrouvez dans des contextes où les prix ne veulent plus rien dire, les comportements deviennent inexplicables, tout est très volatil. Décrypter ces situations suppose d’avoir recours à des logiques financières qui existent mais qui nécessitent d’être adaptées. Pourquoi le cours de Bourse d’une entreprise cotée peut-il être encore très haut alors que le prix des obligations est en dessous du pair ? Dans cet exemple, répliquer et "pricer" les instruments de dette et d’equity à partir d’options permet de donner une logique aux prix de marché et d’éclairer des questions centrales comme : quels sont les transferts de valeur entre les actionnaires et les prêteurs ? Quel est le risque de défaut et combien vaisje perdre en cas de défaut dans tel ou tel schéma ? C’est un jeu de déconstruction et de reconstruction très amusant.

Quel dossier vous a le plus marqué ?

Chaque dossier est particulier. Le plus récent, Pierre et Vacances a été particulièrement complexe. Nous avons défendu les intérêts du fondateur, également actionnaire majoritaire sortant. Nous avons réussi à aligner ses intérêts avec ceux de la société, puis ceux des nouveaux entrants avec les siens, afi n que tout se termine bien pour tout le monde. 

Quelles sont les qualités requises ?

En tant que conseil, vous devez être capable d'établir très vite un diagnostic juste et froid, puis assez vite identifier les options financières et explorer les systèmes d’alliances profitables à votre client. Mais il y a toujours des surprises qui supposent d’avoir réfléchi à un plan B, voire un plan C pour s’adapter aux nouvelles donnes et sans cesse réévaluer votre système. Enfin, il ne faut pas avoir trop d’ego pour rester concentré sur les intérêts de son client.

Comment voyez-vous le marché dans les prochains mois ?

L’environnement change. Dans le monde "d’avant", il y avait schématiquement d’un côté des situations de restructuring dures et de l’autre, avec l’abondance de liquidités sur les marchés, celles des sociétés avec des capa- cités d’endettement élevées, sans problème de financement. Elles sont maintenant en net re- trait pour à peu près tout le monde, en raison de la hausse de l’inflation et du retour à des niveaux élevés de taux et de prix du risque. Les réflexions vont naturellement se concentrer sur la manière de créer de l’equity. Autrement dit : comment renforcer les structures fi nancières par toutes les voies possibles, avec ou sans injection de cash, de la manière la plus douce à la manière la plus dure ?

Parcours

  • 2000 : diplômé de HEC, Majeure Finance.
  • 2000-2002 : deux ans de M&A au sein de boutiques (Marceau Investissement, R.W. Baird).
  • 2002-2005 : équipes évaluation et M&A de Salustro Reydel - KPMG CF.
  • 2007-2012 : Houlihan Lokey à Paris et à Londres.
  • 2012-2019 : intervient au sein des équipes investment banking de Degroof Petercam à Paris.
  • 2019 à aujourd’hui : développe les activités Capital Structure Advisory de Sycomore CF.

Propos recueillis par Céline Toni

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