Mû par une forte appétence pour l’entreprise et l’écosystème de la tech, Quentin Michon découvre cet environnement dès le début de sa carrière en 2013 lorsqu’il rejoint le site de réservation La Fourchette. Une aspiration qui prendra tout son sens quelques années plus tard chez Equativ (ex-Smart), la plateforme publicitaire dont il devient le CFO en deux ans à peine.

 

Décideurs. Revenons sur votre parcours, pourquoi avoir choisi la finance ?

Quentin Michon. J’ai un parcours légèrement atypique. Je ne suis pas passé par la case audit mais directement par l’entreprise, car elle m’a toujours intéressé en priorité. J’ai commencé par un Graduate Program chez United Technologies. Après un passage dans le conseil chez Bearing Point, je suis tombé dans la marmite de la tech et de la croissance chez la Fourchette. J’y ai vécu l’avant et l’après rachat par TripAdvisor. Je suis dans l’écosystème tech des entreprises en croissance rapide depuis une dizaine d’années. Un rythme qui a aussi donné une dynamique à ma carrière : à mon arrivée chez Equativ, l’entreprise faisait 15 millions d’euros de CA, un chiffre multiplié par six depuis. En outre, je suis passé du management d’une seule personne à celui de vingt-cinq en cinq ans. C’est l’avantage des petites structures : les carrières bougent plus vite qu’avec les grands groupes, en particulier dans cet écosystème. Dans la tech, la finance n’est pas là pour établir que des tableaux de bord mais pour accompagner, aussi, la structuration d’un univers en pleine évolution.

Qu’est-ce qui vous rend fier dans votre fonction ?

Ce qui est épanouissant au sein d’Equativ est d’avoir intégré l’entreprise à un stade où la finance apporte énormément, bien loin de l’image stéréotypée que l’on peut s’en faire. Les enjeux de pilotage sont essentiels, entre le rythme de croissance organique fort et la croissance externe rapide : en deux ans, j’ai accompagné une vente et trois rachats. Ce qui relève de l’exceptionnel en finance d’entreprise est récurrent dans mon cas : pas un mois ne se ressemble.

Comment voyez-vous les récentes fluctuations des valeurs de la tech et l’évolution des conditions de marché ?

 Dans notre secteur de la publicité en ligne, où nous sommes le petit Français face aux géants américains, dont certains Gafam, nous dépendons fortement des facteurs externes, d’où l’importance du pilotage de la société pour avoir une capacité à réagir et alerter sur ces fluctuations qui font notre quotidien. Plus encore quand, dans notre cas, sous LBO, il s’agit de piloter une forte croissance tout en ayant plusieurs millions de dettes en échéance. Anticiper s’inscrit dans l’ADN de notre structure. Aujourd’hui, alors que beaucoup d’investisseurs restent attentistes – ce qui peut fragiliser les sociétés en besoin permanent de levée de fonds –, nous nous sommes convaincus d’avoir le bon cap, avec une croissance forte et saine car profitable. Cela nous rend moins dépendants du marché des capitaux et plus à même de profiter des opportunités qui se présenteront, tant en termes de rachat de sociétés que, peut-être, du ralentissement des tensions sur le recrutement.

"On attend des financiers qu’ils soient eux-mêmes des “Tech”."

En quoi les secteurs de la finance et de la tech se ressemblent-ils ?

On attend des financiers qu’ils soient euxmêmes des "Tech". Un contrôleur de gestion ne doit plus seulement savoir se servir d’Excel, mais avoir une appétence pour toutes sortes d’outils comme Anaplan, Tableau ou Snowflake et mettre les mains dans le cambouis des bases de données. C’est par déformation professionnelle que je lie les deux compétences, cela apporte un plus énorme au quotidien aux équipes. La finance doit aussi jouer un rôle central dans le pilotage des projets, ce qui impose de bien en comprendre les enjeux.

Quels sont les défis du DAF aujourd’hui ?

Le sujet du taux de change est probablement celui qui m’occupe le plus. L’euro a perdu 15 % en quelques mois. C’est extrêmement violent pour nous qui facturons à 90 % en dollars. Le directeur financier doit anticiper minutieusement le taux de couverture. Le marché du travail aussi est un défi. À titre d’exemple, nous avons près de 200 postes ouverts dans la société alors que nous sommes 500 ! Les enjeux RH deviennent plus importants que jamais pour les DAF, car ces difficultés coûtent en capacité d’action. Enfin, il est nécessaire que les compétences tech des financiers soient solides. Les données sont abondantes et la capacité à les mettre en place et les exploiter est décisive pour le futur.

PARCOURS
o 2008 : intègre un Graduate Program au sein de United Technologies
o 2011 : entre chez Bearing Point en conseil
o 2013 : arrive à La Fourchette en tant que responsable contrôle de gestion
o 2016 : rejoint l’équipe d’Equativ
o 2018 : devient CFO d’Equativ

Propos recueillis par Céline Toni

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