Maxime Cordonnier a une vision à 360° de son métier : après une formation d’ingénieur et un passage dans le conseil et le monde de l’investissement chez Bpifrance, il devient CFO d’Afyren. Aujourd’hui la greentech cotée en Bourse entend devenir leader de la production de molécules biosourcées. Très investi, il livre une vision proactive du CFO de demain.

Décideurs. Qu’est-ce qui vous a amené à la direction financière d’Afyren ?

Maxime Cordonnier. Après ma formation d’ingénieur à Central Supélec, j’ai préféré commencer ma carrière par du conseil en stratégie et transformation chez Capgemini Consulting. Ces 5 années m’ont permis de faire un tour d’horizon complet des problématiques d’une entreprise et m’ont apporté la conviction que je voulais rejoindre le monde de l’investissement. Je voulais avoir plus d’impact sur les projets auxquels je participais. C’est ainsi que j’ai intégré la Caisse des Dépôts où j’ai appris le métier d’investisseur. En 2014, j’ai eu l’opportunité de rejoindre Bpifrance au moment de la création du fonds Sociétés de Projets Industriels pour accompagner les passages de technologie à l’échelle industrielle. Nous avions fait le constat que les investissements de la part du secteur privé dans ce type de projet faisaient défaut. Il y avait un enjeu passionnant à recréer une industrie locale avec des technologies françaises.

Comment passe-t-on du métier d’investisseur à celui de CFO ?

Et que vous apporte cette double casquette ? Pour des raisons personnelles, j’ai quitté Bpifrance – d’abord à regret – pour partir en région. J’étais déjà en contact avec les fondateurs d’Afyren via SPI et ils cherchaient un directeur financier. Sur le fond, CFO et investisseur sont les deux faces d’une même pièce. Il y avait en plus une perspective environnementale et industrielle dans ce projet. Surtout, j’ai eu un coup de coeur avec les fondateurs Nicolas Sordet et Jérémy Pessiot. Puis, tout s’est accéléré. De douze à mon arrivée, nous sommes aujourd’hui une centaine et la société a été introduite en Bourse. J’adorais mon métier d’investisseur. Désormais, j’adore autant celui de CFO. Voir comment une société fonctionne m’a toujours attiré, en tant qu’investisseur vous voyez la partie émergée de l’iceberg, en tant que CFO vous devez comprendre le moindre détail. De plus, mon expérience de l’investissement me permet de mieux accompagner les sujets dépendants du conseil d’administration: entre autres la relation aux actionnaires et aux investisseurs.

Un moment phare dans votre carrière de CFO ?

Sans hésiter, l’introduction en Bourse d’Afyren en 2021. L’une des années où j’ai le plus travailler de ma vie mais passionnante. Nous étions convaincus qu’il fallait passer par cette étape pour financer les prochaines usines à l’international ; la Bourse nous permettait d’avoir les fonds et la notoriété nécessaire à notre ambition. En tant que CFO, j’ai été le chef d’orchestre de l’IPO. La phase de relation avec les investisseurs cotés était totalement nouvelle pour moi et une aventure extrêmement marquante à ce titre. Nous sommes ravis d’avoir réussi à prendre ce tournant pour développer la société.

"Un bon CFO est un bon business partner de la direction générale et de toutes les parties prenantes de la société."

Qu’est-ce qu’un bon CFO ?

Après mes débuts dans le conseil, alors que je ne suis pas issu du monde de la finance mais de celui du business, mon expérience m’a permis de comprendre qu’un bon CFO est un bon business partner de la direction générale et de toutes les parties prenantes de la société. Il doit avoir la capacité de mettre la finance au service d’un projet à forts enjeux business. Il doit être en mesure de parler le langage de tous et d’aller au-delà des chiffres.

Selon vous, quel est le plus grand défi du DAF de demain ?

Le sujet majeur sera la capacité à quantifier et traduire l’impact environnemental dans la feuille de route d’une société. Ne pas tenir compte du coût du carbone, de l’énergie et des risques climatiques que représentent les matériaux, c’est faire courir un risque à de nombreux projets. En intégrant ces coûts dans un business plan, on ne prend plus les mêmes décisions d’investissement. Chez Afyren, du fait de notre différenciation environnementale, nous sommes en alerte sur ces sujets. Mais au global, les normes environnementales ne sont pas encore assez définies, les prendre en compte nécessitera un changement total d’algorithme pour les CFO.

PARCOURS

  • 2005 : début de carrière dans le conseil chez Capgemini Consulting
  • 2011 : début de parcours d’investisseur à la Caisse des Dépôts
  • 2014 : arrivée chez Bpifrance en tant qu’investisseur pour le fonds SPI
  • 2019 : il devient CFO d’Afyren
  • 2021 : pilotage de l’IPO d’Afyren
Propos recueillis par Céline Toni

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