Véritablement incarné par les associés qui le composent, le cabinet Stephenson Harwood poursuit depuis plusieurs années une stratégie de croissance forte aussi bien à Paris qu’au niveau mondial. Clotilde Billat et Julien Vandenbussche, associés au sein du bureau parisien, décryptent les grandes tendances et problématiques du marché du private equity.

Décideurs. Julien Vandenbussche, vous venez de rejoindre Stephenson Harwood pour développer la pratique structuration de fonds. Quelle sont les raisons qui ont motivé votre arrivée ?

Julien Vandenbussche. J’ai rejoint le cabinet, il y a quelques semaines, accompagné de mon équipe composée de Ngowari Adikibi, of counsel et de Nils Saint-Calbre, collaborateur. Cette arrivée est le fruit d’une identification à la fois de synergies opérationnelles et d’un état d’esprit partagé avec l’ensemble des associés concernant aussi bien l’approche de la profession que les ambitions du bureau. La firme, au niveau mondial, est actuellement en pleine croissance et se repositionne stratégiquement notamment sur la partie private equity et la structuration de fonds. Un beau défi auquel je suis ravi d’apporter mon expertise.

"L’appétit pour le venture est exceptionnel" J.Vandenbussche

Quel panorama dressez-vous des tendances de marché ?

J. V. Sur les fondamentaux du marché du capital-investissement, nous ne constatons pas de révolution. Les principaux termes économiques demeurent particulièrement résilients. Les niveaux de carried interest se maintiennent à environ 20 % et les management fees autour de 2 %. Ce qui démontre la robustesse du modèle. Par ailleurs, l’appétit pour le venture est exceptionnel. Beaucoup de nouveaux fonds se lancent sur les problématiques tech, healthcare ou de décarbonisation. Ils se lèvent très vite et se déploient tout aussi rapidement.

Une des grandes tendances du moment est liée aux conséquences de l’accord de Paris et des différentes réglementations ESG qui en ont découlé. Toutes les questions RSE, avec en tête le risque de durabilité et la décarbonisation, sont sérieusement prises en compte dans les levées de fonds et sur le reporting fourni aux LPs. La granularité est ainsi plus importante sur ces sujets, au-delà de la performance financière. Par ailleurs, nous constatons également le souhait de certains gérants de faire entrer ces considérations directement dans leur modèle financier. C’est ce qu’on appelle les fonds à impact, régis par l’article 9 du règlement SFDR. Celui-ci conditionne le versement d’une prime de performance à la réalisation d’un certain nombre d’objectifs non financiers associés à l’environnement, la gouvernance ou la protection de la société en général.

Clotilde Billat. L’autre tendance forte du moment, en lien avec le contexte économique, est l’attention portée à l’inflation et au relèvement des taux d’intérêts qui risquent de rendre le leverage plus cher. Dans un premier temps, cela va avoir une incidence sur le secteur du large cap. À ce stade, le mid cap reste préservé et dynamique. Le marché reste très favorable aux vendeurs et la pénurie de cibles entraîne des valorisations extrêmement élevées avec des multiples d’Ebitda rarement atteints dans les secteurs d’avenir.

"Nous n’avons pas encore constaté d’évolution majeure des structurations de ces management packages" C. Billat

À ce stade, quels ont été les effets de la jurisprudence du Conseil d’État sur les management packages ?

C. B. Les problématiques rattachées à ces décisions vont se poursuivre jusqu’à ce que de nouvelles jurisprudences, plus précises, s’imposent sur le sujet. Les effets se situent au niveau des opérations de private equity dans leur ensemble mais aussi sur les build-up. Même si les arrêts du Conseil d’État ont fait beaucoup de bruit et engendre des craintes justifiées, nous n’avons pas encore constaté d’évolution majeure des structurations de ces management packages. Les dispositifs légaux – AGA, BSPCE, etc. – sont utilisés autant que possible pour limiter le risque mais s’ils ne sont plus utilisables, les fonds préfèrent parfois courir le risque fiscal plutôt que de se déposséder de tous leurs droits et garanties au titre des pactes.

J. V. Il y a une vraie collision entre les fondamentaux économiques de ce montage et la lecture qui en est faite par le Conseil d’État. Les avocats et les associations professionnelles de la place, comme France Invest, œuvrent afin que ce cadre réglementaire évolue et permette la perpétuation d’un modèle économique efficace et qui convienne à tout l’écosystème.

Propos recueillis par Béatrice Constans

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