« Il est primordial de poser le conseil en management comme un levier de compétitivité »
Décideurs. Quels sont les freins au recours au conseil en management ?
Jean-Luc Placet. Tout d’abord, les entreprises du CAC 40 ou du FBS 120 qui ne font pas appel au conseil sont rarissimes. Pourtant, idéologiquement, la culture française fait que les patrons ne sont pas très enclins à reconnaître qu’ils se font aider pour prendre des décisions. Mais au vu de l’élargissement de leur marché, les grands groupes ont rapidement passé ce cap et recourent au conseil dispensé par les structures internationales reconnues en la matière. Cependant, ce frein culturel reste d’actualité dans les plus petites entreprises. C’est que, dans les TPE, voire certaines PME, bien souvent l’organisation relève davantage d’ajustements entre patrons et collaborateurs que d’un management formel comme dans les grandes entreprises. Conséquence : moins il y a de management dans l’entreprise, moins on fait appel au conseil.
Enfin, un autre frein évident est le coût du conseil en management. Les tarifs d’intervention horaires peuvent varier de 400 euros pour les plus juniors à 4 000 euros pour les consultants de très haut niveau, ce qui peut paraître démesuré pour les petites entreprises.

Décideurs. Comment les fédérations professionnelles peuvent-elles agir pour inciter les entreprises à faire appel aux sociétés de conseil en management ?
J.-L. Placet. Le rôle d’une fédération professionnelle est d’expliquer ce que font ses adhérents, et ce par l’intermédiaire de témoignages, de livres, d’articles dans la presse... En effet, sur le marché du conseil, nous notons un problème d’adéquation entre l’offre et la demande. Il est donc primordial pour nous de poser le conseil en management comme un levier de compétitivité.
Dans la situation actuelle, face à une perte de compétitivité des entreprises françaises, il est clair que notre rôle est de démontrer à quel point on peut regagner des parts de marché en faisant appel aux consultants. Une mission complexe pourtant, car ce métier reste relativement compliqué à quantifier ou définir par des actions concrètes (changement de stratégie, mise en place d’un système de management, adaptation du fonctionnement RH en cas de difficultés).

Décideurs. Le nombre de sociétés de conseil augmente chaque jour un peu plus. Comment conserver une certaine visibilité sur le marché, en particulier sur les prestations de qualité ?
J.-L. Placet. Le milieu des conseils en management est un milieu éclaté car il y a très peu de grandes structures et énormément de petites. Pour faire partie de Syntec Conseil en management, il faut avoir plus de cinq salariés et au minimum deux ans d’existence. Ce premier filtre garantie la légitimité d’une société de conseil et l’on ne peut que conseiller aux entreprises qui souhaitent avoir recours à ce service de consulter avant tout les listes des syndicats professionnels. Nous avons, chez Syntec, 350 sociétés répertoriées. Pourtant, il en existe des dizaines de milliers en France, notamment de nombreux auto-entrepreneurs qui s’arrogent le statut de consultants. Je comprends alors la difficulté que peuvent avoir les entreprises à choisir un partenaire. C’est pour cela aussi qu’ils ne doivent pas hésiter à solliciter leur réseau et se référer aux avis de confrères, pour qui l’expérience aurait été concluante. C’est là l’un des meilleurs outils de promotion des cabinets de conseil. Mais de manière générale, les consultants sont encore en retard en matière de marketing.

Décideurs. Une entreprise peut-elle encore se passer de conseil en management ?
J.-L. Placet. C’est impossible bien sûr ! L’entreprise doit faire bouger son organisation à mesure que le marché évolue pour mieux faire face et prendre les bonnes décisions. En phase de développement, la multiplication d’inconnues dans l’équation fait qu’on a besoin d’un conseil extérieur. Dans une période de crise, ce besoin est décuplé car l’erreur n’est pas permise. Bien entendu, il faudra utiliser des consultants à bon escient et avec parcimonie quand un besoin effectif se fait ressentir.
D’un côté les entreprises réduisent les coûts, mais de l’autre, le conseil en management constitue un véritable outil de compétitivité et un promoteur du bien-être dans l’entreprise qui s’inscrit dans le rôle social et sociétal de l’entreprise. Son intervention est également sollicitée pour répondre à un sujet à l’honneur dans les entreprises : les modes de leadership. Il y a donc beaucoup de freins, mais encore plus d’accélérateurs qui conduisent au recours aux conseils en entreprise.

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