Si le milliardaire du Colorado aime le sport, ses investissements dans le secteur sont avant tout une affaire de business. Quand celui-ci tourne, parfait. Quand ce n’est pas le cas, l’homme n’hésite pas à s’en séparer.

Après avoir fait fructifier la fortune de son père grâce au pétrole, aux télécommunications et aux chemins de fer, Philip Anschutz se lance dans la construction, le divertissement et le sport. Pour ce dernier secteur, la technique d’approche est bien rodée. Le milliardaire achète un club de hockey, de basket ou de football avant de développer des complexes sportifs dans les villes où ils sont implantés. C’est ce qu’il a fait notamment à Los Angeles. Propriétaire des Los Angeles Kings (hockey), des Los Angeles Galaxy (football) et, un temps, en minoritaire des Los Angeles Lakers (basket), il ouvre en 1999 les portes de la salle omnisport Staples Center, devenue depuis la Crypto.com Arena. Considéré comme le plus grand amphithéâtre de Californie, celui-ci peut accueillir jusqu’à 20 000 personnes pour des matchs de baseball, hockey, boxe ou encore basket, mais aussi des concerts. Autour du bâtiment, la société de Philip Anschutz, AEG, a fait construire des cinémas, des restaurants ou des hôtels, façonnant la vie du quartier.

Un attaquant discret

 Rien d’étonnant à ce que la presse américaine dise de Philip Anschutz qu’il est "l’homme qui possède LA". Dans une moindre mesure, le dirigeant a dupliqué sa stratégie dans une ville comme Berlin où sa Mercedes-Benz Arena accueille l’équipe de hockey Eisbären Berlin. Pour autant, l’entrepreneur joue la carte de la discrétion. Bien que sa fortune soit estimée à 10,8 milliards de dollars par Forbes (18 milliards en 2000), ce conservateur a épousé son amour de jeunesse avec qui il a eu trois enfants et vit loin des strass et des paillettes dans le Colorado où se trouvent ses racines. Pour ceux qui voudraient le croiser, les plus chanceux trouveront Philip Anschutz dans l’un de ses hôtels en train de regarder un match.

Selon la presse américaine, il est "l'homme qui possède LA"

Un véritable business

 Bien que la passion du sport l’anime, il s’agit pour lui, avant tout, d’un véritable business. S’il a un temps beaucoup misé sur l’Europe en achetant des équipes de hockey allemande, tchèque, suédoise, anglaise ou encore suisse, le dirigeant a réduit la voilure lorsque son conglomérat a commencé à montrer des signes de difficulté. "Nous ne sommes pas une association de charité, mais une société avec des affaires qui doivent faire et feront des bénéfices", expliquait en 2003 Detlef Kornett, directeur européen d’AEG alors que le groupe restructurait ses investissements sur le Vieux Continent. Connu pour ses idées très conservatrices, l’homme d’affaires a financé des associations pro-vie et anti-LGBT, ce qui ne l’empêche pas de faire du business dans des domaines qui ne semblent pas alignés avec ses valeurs. Il est ainsi le propriétaire – décrié – du festival Coachella, qui véhicule des idées progressistes. Philip Anschutz est également à la tête d’un certain nombre de médias. S’il n’aime pas la lumière, nul doute qu’il apprécie exercer de l’influence, que ce soit dans des domaines purement économiques ou le sport dont on sait qu’il revêt une grande importance au pays de l’Oncle Sam.

Olivia Vignaud

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