Le Sommet de la mesure d’impact se tiendra le 13 février à l’Assemblée nationale avec plus de 2 000 inscrits dont des ministres, des chefs d’entreprise, des investisseurs… L’évènement est soutenu par Groupe SOS qui compte 650 établissements et services, 22 000 salariés, et agit dans 40 pays pour les personnes en situation de vulnérabilité. Entretien avec son président fondateur Jean-Marc Borello.

Décideurs. Quels sont les objectifs du sommet ?

Jean-Marc Borello. Le principal enjeu consiste à faire émerger des consensus pour rendre la mesure d’impact plus légitime. Ensuite, il y a un enjeu d’efficacité : il s’agit d’être le meilleur gestionnaire, tout en assurant un impact social et environnemental le plus élevé possible. Enfin, il faut changer d’échelle, et devenir systémique en accélérant puis en généralisant les meilleures innovations.

Ce premier sommet a pour ambition de créer une dynamique collective, volontariste. Cette journée va réunir plus de 150 intervenants issus de la société civile, du monde de l’entreprise, de la recherche, de la  politique… Une occasion unique de réfléchir ensemble à des sujets essentiels comme l’inclusion numérique, l’investissement à impact, l’inclusion dans l’emploi ou encore la performance dans le secteur social. Nous devons obtenir un consensus avec le plus d’acteurs possibles et ainsi construire véritablement l’économie et l’entreprise de demain.

Le sujet de l’impact prend une place croissante dans les entreprises privées. Pourquoi cette rapide montée en puissance ?

J’ai toujours soutenu que les statuts ne font pas la vertu. Au-delà des acteurs publics, il faut mobiliser le secteur privé pour répondre aux défis sociaux et environnementaux de notre époque. Deux étapes importantes ont été franchies ces dernières années.

La loi de 2014 sur l’Économie sociale et solidaire est venue apporter une définition caractérisant l’entrepreneuriat dans l’ESS, en intégrant notamment les entreprises commerciales à lucrativité limitée ou à finalité sociale.

Ensuite, la loi Pacte votée en mai 2019 est venue amplifier le mouvement pour les entreprises privées en bousculant la notion d’intérêt par la prise en compte des enjeux sociaux et environnementaux de son activité. Ainsi est apparu l’outil puissant qu’est la raison d’être, de même que le statut d’entreprise à mission.

Enfin, nous avons encore beaucoup d’idées pour compléter ces deux avancées fondatrices, et l’on peut gager qu’il y aura du nouveau prochainement au Parlement. Il est clair que le temps de l’entrepreneuriat au service de quelques-uns est révolu.

"Il est clair que le temps de l'entrepreneuriat au service de quelques-uns est révolu"

Pourquoi cette attention particulière à la mesure d’impact ? 

Pour que la mesure de l’impact ait du sens, il faut un référentiel qui ne soit pas "auto déclaré" mais qui soit sérieux et scientifique. Ce n’est pas si simple. La mesure d’impact est plus complexe que de mesurer l’euro gagné, le coût évité pour une innovation sociale par exemple. Il y a des univers où les outils sont quasi disponibles et standardisés comme l’empreinte carbone, et d’autres où il y a encore beaucoup à faire pour justement éviter le social washing ou le pink washing.

L’objectif est d’unifier et rassembler les outils de mesures issus de quatre univers très distincts : ceux des pouvoirs publics, qui soutiennent ou subventionnent avec leurs critères, ceux des entreprises classiques, associations et entreprises sociales qui possèdent des outils plus ou moins bien avancés, et ceux issus de la recherche scientifique et universitaire avec des méthodologies trop peu utilisées.

Ces dernières années ont démontré que les coalitions entre entreprises, associations et pouvoirs publics répondent plus efficacement aux défis environnementaux, sociaux et sociétaux. Les paroles ne suffisent plus. Les citoyens attendent des engagements par les actes. La mesure d’impact est nécessaire pour que chacun puisse concrètement voir si ses actions ont un impact, les rectifier si cela ne va pas dans le bon sens, ou les partager si cela s’avère efficace.

"Ces dernières années ont montré que les coalitions entre entreprises, associations et pouvoirs publics répondent plus efficacement aux défis environnementaux"

Pourquoi faire de l’impact et de sa mesure un thème central de votre action ?

La France, du fait de ses valeurs, peut et doit être leader de l’innovation sociale et de la mesure d’impact. Le secteur de l’ESS en France est l’un des plus développés au monde. Notre pays a permis la reconnaissance de l’ESS auprès de l’OIT (Organisation international du travail) et de l’OCDE. En décembre dernier, une délégation avec un représentant du Groupe SOS s’est rendue à New York au siège de l’ONU avec pour objectif d’échanger sur la manière dont une reconnaissance internationale de l’ESS peut aider à atteindre des ODD. Nous sommes convaincus que l’’ESS est une économie de la paix, de la redistribution des richesses et de la prise en compte de tous les impacts sociaux et environnementaux. C’est une reconnaissance à laquelle nous avons beaucoup contribué, notamment à travers une initiative mondiale que nous avons lancée avec le gouvernement français et une vingtaine d’État européens et africains, l’Alliance Pact for Impact.

L’industrie et l’entreprise doivent s’approprier plus encore leur rôle sociétal et leur responsabilité ESG. Les directrices européennes en la matière sont très engageantes.  L’Institut de l’entreprise que dirige Pierre-André de Chalendar a consacré d’ailleurs la place fondamentale de la Full-RSE. Les entreprises doivent l’intégrer au cœur de leur stratégie.

Pouvez-vous nous fournir un exemple concret ?

Les enjeux de développement durable sont au cœur de la stratégie du Groupe SOS. Nous avons développé un écosystème de partenaires, de fournisseurs, de financeurs, d’usagers, et nous les embarquons avec nous sur ces sujets. En ce qui concerne les objectifs de développement durable (ODD) des Nations unies, nous nous auto-évaluons sur les 14 ODD que nous poursuivons, avec trois approches distinctes :
La mesure de l’efficacité de nos politiques publiques.

Au Groupe SOS, nous avons le tiers de nos activités qui sont des missions de service public gérées par nos associations. Ce qui signifie que les pouvoirs publics sont nos mandataires, qu’ils contrôlent nos actions et que, bien évidemment, ils nous demandent de rendre des comptes. Ça peut être par exemple sur le temps que nous mettons à trouver un domicile à une personne sans abri, les conditions dans lesquelles nous accueillons des personnes réfugiées, etc. Cela nous force à être de plus en plus innovants au service de nos deux millions de bénéficiaires.

La mesure de l’impact énergétique, écologique et environnemental. Le premier objectif est de réduire de 15 % notre consommation d’énergie à travers des travaux d’isolation, des changements d’équipements, ou encore l’application d’achats responsables auprès de nos fournisseurs. Nous favorisons aussi les comportements vertueux limitant les émissions de CO2 liées à l’usage d’internet. Sans oublier bien sûr l’attention portée à notre flotte de véhicules.

Par ailleurs, nous avons fait de l’agriculture et de l’alimentation durable des enjeux stratégiques, en privilégiant les produits biologiques, locaux, et en luttant contre le gaspillage alimentaire. Nous mettons un point d’honneur à former et à éduquer sur le bien manger du plus jeune âge aux seniors. Plus de 50 000 repas sont servis chaque jour dans nos établissements, et nous formons des milliers de personnes à l’extérieur à travers nos différents programmes. Nous sommes convaincus que l’alimentation constitue un enjeu social et sanitaire incontournable.

Le troisième aspect est systémique. Nous avons engagé un travail d’audit sur l’impact des activités du Groupe SOS sur la biodiversité avec Auxilia Conseil qui nous proposera des recommandations concrètes et clés en main. Nous nous inscrivons également dans l’ensemble des travaux portés par l’Impact Tank. Leur démarche permet de recueillir les besoins d’accompagnement des secteurs en matière d’acculturation et de formation à la mesure d’impact social, d’accompagnement et d’outillage pratique.

Enfin, il faut que la mesure d’impact soit accessible à tous. C’est pour cela qu’avec la Croix Rouge nous avons monté une initiative portée par Groupe SOS Consulting pour effectuer facilement la mesure d’impact pour les petites associations ayant peu de moyens.

Propos recueillis par Pierre Etienne Lorenceau

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