Durant la présidentielle puis les législatives, Jean-Luc Mélenchon et ses partisans n’ont cessé de répéter la même antienne : il est nécessaire de redonner de la noblesse au Parlement. Les choses semblent mal parties.

Le 28 juin, jour de l’ouverture de la nouvelle législature, une partie du groupe LFI a brillé par son incorrection. Lors de l’élection du président de l’Assemblée nationale, Louis Boyard, 21 ans et plus jeune député de l’Hexagone, occupe la fonction d’assesseur. Débraillé, baillant ouvertement devant les caméras, il refuse de serrer la main de certains députés RN. Un geste qu’il expliquera être plus "politique" que "personnel". Selon l’élu du Val-de-Marne, le groupe parlementaire RN est assimilé à un microbe : "Nous sommes face à une pandémie de racisme, d’islamophobie, d’antisémitisme, il faut prendre ses précautions." Par cohérence, peut-être aurait-il pu éviter de saluer certains de ses collègues tels que Danielle Simonnet et Danièle Obono qui ont reçu le soutien de l’ancien leader travailliste anglais Jeremy Corbyn, sanctionné par son propre parti pour antisémitisme…

Danièle Obono, comme d’autres membres du groupe LFI, a également refusé d’adresser la parole à des députés d’extrême droite, pourtant élus de manière aussi légitime qu’elle. Même s’il ne siège plus au Palais Bourbon, Jean-Luc Mélenchon ne s’est pas montré exemplaire. Alors que Yaël Braun-Pivet est élue à la tête de l’Assemblée nationale, devenant la première femme à occuper la fonction, il s’assoit sur la courtoisie républicaine, ne la félicite pas et fustige "un pouvoir battu par les urnes" et une "élection due à des petits arrangements entre amis". D’une certaine manière, le leader informel de la Nupes n’innove pas, lui qui, lors de ses premiers pas de député en 2017, a traité avec mépris Cédric Villani de "matheux" ou a fait siffler copieusement Manuel Valls lors de son dernier discours dans l’hémicycle.

En se mettant en scène de manière vulgaire, les députés insoumis s'imaginent incarner un peuple qu'ils ne connaissent guère

Voilà une drôle de façon de "redonner de la noblesse au Parlement". Comment travailler sereinement en commission et trouver des compromis si l’on refuse la présence et la légitimité d’autres membres ? Pourquoi abaisser la fonction parlementaire en faisant tout son possible pour mal se comporter en public ?

Peut-être parce que les députés LFI se veulent les porte-parole des classes populaires. Et que, dans leur esprit, le "peuple" est braillard, impoli et dépourvu d’élégance. Une méconnaissance qui ne surprend pas puisque de nombreux élus insoumis ont été parachutés dans des circonscriptions de banlieues défavorisées qu'ils ne connaissent guère. Au lieu de snober ouvertement leurs pairs RN, les Insoumis devraient se poser une question : pourquoi Marine Le Pen a-t-elle obtenu 34 % des suffrages dans les milieux populaires au premier tour de la présidentielle, soit dix points de plus que Jean-Luc Mélenchon ?

Lucas Jakubowicz

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