À peine élue à la tête de la commission des lois, Yaël Braun-Pivet, avocate de formation, ancienne responsable de plusieurs centres d’accueil des Restos du cœur, et députée LREM, est désignée rapporteur de la loi de régulation de l’action publique – anciennement loi de moralisation de la vie publique –. La raison de son engagement ? « L’envie d’être le plus utile possible ».

Décideurs. Quelle dynamique souhaitez-vous insuffler à la tête de la Commission des lois ?

Yaël Braun-Pivet. Je souhaite qu’elle soit le lieu d’un travail parlementaire efficace et d’une recherche de compromis entre les différentes composantes politiques qui y siègent. Je souhaite également que notre bureau soit davantage mis en avant. Il ne se réunit aujourd’hui que de façon aléatoire. J’aimerais le faire vivre davantage en permettant à chaque groupe d’y être représenté et de s’y exprimer. Je suis persuadée que le compromis naît de la discussion. Pour travailler en bonne intelligence, nous devons multiplier les échanges plus resserrés en amont. Chacun des groupes est d’accord avec cette vision. Notre collaboration s’annonce bien.

Terminées, les querelles partisanes ?

Je crois que les membres de la commission ont envie de travailler. Il y a bien sûr des oppositions de fond, et c’est normal. Elles sont d’ailleurs les bienvenues, car elles sont constructives. Personne n’est pour autant dans l’esbrouffe. Chacun est animé par la volonté de faire avancer les choses. D’autant plus que nous avons devant nous un beau calendrier législatif.  

« Je crois qu’il est de notre devoir de mettre en application ce que les citoyens nous ont confié pendant la campagne. »

Quels seront justement les textes qui vous occuperons ces prochaines semaines ?

Nous avons d’ores et déjà travaillé sur le texte de prorogation de l’État d’urgence. L’état d’exception est censé s’achever le 15 juillet. Nous devons le prolonger jusqu’à ce qu’une loi contenant des dispositions en matière de lutte contre le terrorisme prenne le relais.

Il y a aussi le projet de loi pour la régulation de l’action publique …

Tout à fait. C’est le chantier des trois prochaines semaines. Nous avons commencé les auditions.  Nous allons recevoir une vingtaine de personnes –  des représentants d’associations, de grandes autorités, des déontologues…  –, je vais également m’entretenir avec tous les responsables des différents groupes de l’Assemblée nationale et les questeurs. Nous allons organiser des tables rondes avec des élus locaux. Cette loi, qui cristallise les attentes très fortes des Français, a un champ d’application très large, ce qui explique ces nombreuses auditions. Je crois qu’il est de notre devoir de mettre en application ce que les citoyens nous ont confié pendant la campagne. Le consensus doit être le plus large possible.

Êtes-vous en lien avec le président de la République ?

Je suis en lien avec son cabinet, les membres de la République en marche et le gouvernement. Vous souhaitez savoir quelle est notre latitude pour agir en tant que membres de LREM ? Vous verrez. N’oubliez pas néanmoins que nous faisons partie d’une famille politique et que nous avons choisi d’adhérer au projet d’Emmanuel Macron.  

« Le consensus doit être le plus large possible.»

Que répondez-vous à certains membres de l’opposition qui pointent du doigt votre manque d’expérience politique ?

D’abord, je crois que l’expérience n’est ni un critère de compétence ni un gage de réussite, quelle que soit la fonction. Je pense ensuite que pour renouveler les pratiques, de nouveaux visages doivent émerger. Mais je ne suis pas inquiète, je crois que les critiques vont très vite cesser, lorsque chacun se sera rendu compte que nous sommes parfaitement en mesure d’accomplir correctement la tâche qui nous a été confiée. Pour mon cas personnel, je suis sereine, car je sais que ma mission entre dans mon domaine de compétence : je suis à la fois juriste et habituée à gérer des équipes. Les premiers retours sur mes animations du bureau ou de la commission s’avèrent d’ailleurs positifs. Tout cela est nouveau pour moi, mais je sais m’adapter.

La présidence de la Commission des lois a parfois été un tremplin pour entrer au gouvernement (notamment pour Jean-Jacques Urvoas et Michel Sapin) ... y pensez-vous ?

Non. Je suis à ma tâche avec bonheur et fierté. Je n’ai pas d’ambition personnelle. Ma seule ambition c’est de servir, d’être utile. Je trouve passionnant d’être dans l’action, dans l’efficacité. Si on estime que je suis plus utile ailleurs, alors j’irai ailleurs. Mais toujours dans mes domaines de compétence : l’exclusion, la solidarité et la justice.

 

Propos recueillis par Capucine Coquand

@CapucineCoquand

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