Les Jeux olympiques de Paris 2024 pointant à l’horizon, c’est l’occasion de se pencher sur cet événement structurant tant pour les Français que l’industrie de la construction. Le point avec Patrick Ollier, président de la Métropole du Grand Paris, vice-président de la Solideo et maire de Rueil-Malmaison. 

DÉCIDEURS. Comment la Métropole du Grand Paris a-t-elle été impliquée dans les projets des Jeux ?

Patrick Ollier. La Métropole du Grand Paris constitue un acteur à part entière de la préparation des JO. Nous sommes intégrés dans le conseil d’administration des Jeux olympiques et je suis moi-même vice-président de la Solideo. Avec  131 communes et 7,1 millions d’habitants, nous sommes la plus grande intercommunalité du pays et, de ce fait, un interlocuteur important pour l’ensemble des acteurs, à commencer par l’État bien sûr. Notre implication est un peu particulière, puisque si la métropole n’intervient pas sur le sport, la loi nous donne en revanche des compétences dès lors que l’événement possède une vocation internationale. Et l’on fait difficilement plus international que les Jeux ! En tant qu’événement mondial, les JO nous offrent la possibilité d’exercer la compétence sport. C’est pour cette raison que la maîtrise d’ouvrage du centre aquatique olympique nous a été confiée. C’est la métropole qui l’a construit et c’est celle-ci qui ensuite, dans le cadre de l’héritage, aura à le gérer. C’est un succès pour nous et je me réjouis de voir que la structure sera prête avant que j’aie à remettre les clés à Tony Estanguet le 1er avril. Et c’est le président qui devrait normalement venir l’inaugurer le 4 avril. Jusqu’à la fin des Jeux paralympiques, le comité d’organisation sera le locataire des Jeux. Après cela, nous récupèrerons les clés et il nous appartiendra de gérer l’héritage de ce magnifique équipement.

Comment allez-vous vous gérer l’après JO ?

Nous allons faire en sorte de laisser la gestion au quotidien des équipements à des sociétés dont c’est le métier, sous le contrôle scrupuleux de la métropole. Nous disposons ici d’un outil d’exception : deux bassins, dont un de 50 mètres et dix lignes de largeur, mais aussi un bassin de plongeon doté d’un plongeoir de 10 mètres de haut. Ce dernier est le seul en France à être homologué par la Fédération internationale de natation. Ajoutez à cela un maximum de 5 000 places assises et nous avons donc la possibilité d’accueillir les compétitions internationales, à commencer dès 2026 par les championnats d’Europe de natation. Sur le plus long terme, nous accueillerons aussi la division plongeon de la Fédération française de natation. Elles y disposeront de bureaux et les équipes nationales pourront s’entraîner dans les meilleures conditions. Au-delà de la natation, nous allons développer d’autres activités sportives : une salle d’escalade de bloc, des terrains de futsal et un centre de fitness. Nous avons aussi d’autres idées pour continuer d’augmenter à plus long terme l’attractivité sportive de ce lieu.

L’héritage des Jeux se limitera-t-il à ces projets de prestige ?

Non ! Nous avons décidé d’élargir l’action de la métropole au bénéfice des habitants. En Seine-Saint-Denis, c’est un enfant sur deux qui arrive en 6e sans savoir nager ! Les JO constituent une occasion inédite de rattraper ce retard. Notre plan "piscines" permettra à des communes de récupérer les trois bassins temporaires de 50 mètres utilisés pendant l’événement. En parallèle, une demi-douzaine de piscines ou centres aquatiques seront construits ou remis à neuf en Île-de-France. Un autre projet discret, mais profondément structurant est celui des passerelles. La plus connue est celle qui relie le centre aquatique au Stade de France et surplombe l’A1. Ce sont 1400 tonnes de béton et d’acier sur 100 mètres de long et 20 mètres de large qui forment une véritable rue recouvrant le territoire de Saint-Denis. C’est à la fois une artère pour les habitants et un élément qui permet de créer un lieu événementiel unique en France. Et ce n’est pas la seule ; on en trouve une dizaine partout dans la région : à la Courneuve, au pont de Nogent, à Épinay-sur-Seine, ou encore à Thiais.

"Ces passerelles permettent de recoudre un tissu urbain qui est souvent trop fragmenté" 

Qu’elles soient au-dessus de routes, de trains ou de rivières, ces passerelles permettent de recoudre un tissu urbain qui est souvent trop fragmenté. Nous avons une volonté de rééquilibrer territorialement la métropole en investissant près de 70 millions d’euros. Cela crée des liens physiques qui vont contribuer au développement et améliorer le confort des habitants. On peut aussi évoquer le plan vélo métropolitain a permis de créer 250 kilomètres de pistes cyclables avec huit lignes majeures qui traversent l’Île-de-France. Il existe également un renforcement de Vélib’ Métropole dans des villes qui, comme Juvisy-sur-Orge, ne sont paradoxalement pas directement reliées à la métropole. Nous avons réussi à convaincre Vélib’ Métropole de lancer une expérimentation dans six villes de l’Essonne. De ce fait, les Jeux ont servi d’accélérateur à ces projets qui auraient vu le jour, mais pas aussi rapidement et pas de façon aussi dense. Les maires s’y intéressent parce que ce sont les JO, et par conséquent, nous finançons ces infrastructures.

Au-delà des infrastructures, comment la métropole va-t-elle faire profiter des JO 2024 aux Franciliens ?

Les jeux sont aussi une fête pour les habitants et nous avons choisi de mettre en avant cet axe. Tout d’abord en mettant en place, en accord avec l’état des lieux, la célébration dans l’aire métropolitaine. Nous finançons 50 % de ces lieux, à hauteur de deux par département, à l’exception des Hauts-de-Seine qui disposent d’un troisième du côté de Colombes. Ils seront en mesure d’accueillir au niveau local plusieurs centaines, voire des milliers de personnes, avec des animations, écrans géants… Nous disposons même d’un lieu en dehors de la métropole, à Chelles, commune riveraine que nous aidons. Par ailleurs, nous soutenons « Vivez les jeux », un plan qui vise à aider les communes à mettre en place leurs propres événements, d’ordre festif ou sportif.

" Les jeux sont aussi une fête pour les habitants et nous avons choisi de mettre en avant cet axe"  

L’appel à manifestation d’intérêt vient de se terminer et 50 communes se sont portées candidates. Ce complément de lieux de célébration, avec des animations de plus petite ampleur, mais aussi plus locales, permet de mettre à profit un vivier d’associations déjà bien implantées. Une opération de pavoisement viendra s’ajouter à toutes ces festivités sur toute l’aire métropolitaine pour laquelle 90 villes sur 131 ont répondu à l’appel. Pour finir, une « Olympiade culturelle » déroulera une programmation artistique et culturelle tout au long des Jeux. Nous sommes particulièrement fiers de notre association avec le musée d’Orsay, mais sur la région, ce sont près de 500 événements qui sont prévus. Du sport, de l’animation, de la culture pendant toute la durée des Jeux olympiques : de magnifiques événements en perspective !

Propos recueillis par François Arias

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