Premier réseau français de jardineries fondé en 1973, Jardiland s’appuie sur une chaîne de 195 magasins, intégrés et franchisés. Le groupe a traversé vents et marées dans les années 2010. Thierry Sonalier, capitaine du navire entre 2013 et 2018, revient sur les moments clés de ce rebondissement réussi récompensé par le prix Ulysse en 2016.

Décideurs. Pouvez-vous revenir sur le retournement de Jardiland ?

Thierry Sonalier. À partir de 2012, la structure a commencé à faire face à une conjoncture diffi cile due à un environnement économique morose mais aussi à des conditions météorologiques délicates. L’entreprise faisant partie d’un secteur saisonnier, la météo a une incidence sur notre santé financière. Je suis arrivé à la tête de Jardiland en juin 2013 et en août, nous avons été placés en procédure de conciliation. Nous avons rapidement pris des décisions importantes en espérant une météo plus clémente.

Dans ces situations, le cash est le maître du temps. Il faut réaliser des économies pour renouer avec les profits. Nous avons fermé les magasins qui n’étaient pas rentables, ce qui nous a permis de réduire notre masse salariale et donc de dégager des recettes. Ces pépinières pesaient aussi dans les quantités achetées auprès de nos fournisseurs donc une fois liquidées, nous avons pu renégocier certains contrats et à nouveau rééquilibrer nos dépenses. Tous les coûts fixes ont été passés au peigne fin afin de débusquer des charges à réduire. Nous avons fait disparaître certaines fonctions support superflues, puis nous avons réalisé un plan social auquel se sont ajoutés un plan de départ volontaire et un plan d’éloignement puisque certains collaborateurs n’étaient pas satisfaits de notre décision de changer la localisation du siège social. Celui-ci, situé à Paris près de la Gare Montparnasse, était un lieu central mais cher. Nous avons fait le choix de déménager à Joinville, avec de nouvelles économies à la clé.

En combien de temps l’entreprise a-t-elle amorcé son retour vers la croissance ?

En seulement neuf mois, nous avons recentré l’entreprise sur son coeur de métier pour retrouver des résultats positifs. Cette dynamique de rebond s’est mise en place grâce à un véritable travail d’équipe. Nous devions inscrire l’ensemble de l’écosystème Jardiland, des franchises aux fournisseurs en passant par les salariés dans une même direction. C’est pourquoi nous avons été très transparents sur la situation de la structure, nos agissements, nos objectifs et notre stratégie pour y parvenir afi n d’amener toutes les parties prenantes dans le même sens. Dans cette perspective, nous avons divisé par deux le nombre de fournisseurs afin de constituer un noyau dur et ainsi faciliter nos discussions.

"En concertation avec les équipes, il faut élaborer la stratégie pour retrouver la croissance plus rapidement que la société ne chute"

Pour resserrer les liens avec nos franchises, nous leur avons proposé d’entrer au capital, ce que plus de la moitié a fait. Enfi n, la dernière pierre à notre édifi ce pour fi nancer ces transformations a été de trouver un nouveau partenaire fi nancier qui a cru au projet. Le fonds L-Gam est entré au capital en 2014, en se positionnant comme un sparring-partner. Il nous a accompagnés dans notre transformation en stimulant nos décisions. Une fois, l’entreprise redevenue saine et rentable, le fonds a revendu sa participation à InVivo en 2018 [devenu Teract depuis, Ndlr]. J’ai ensuite passé la main à Guillaume Darras la même année.

Quelles sont les clés d’un retournement réussi ?

Il est primordial d’avoir une vision à 360 degrés de l’entreprise, notamment de ses forces humaines, car on ne conduit pas une restructuration sans une mobilisation totale des différentes parties prenantes qui sont au coeur de la structure. Le but est de prendre des décisions efficientes, en espérant que le marché sera un allié, ce que par essence il n’est pas. En ce sens, il faut analyser le fonctionnement de la société pour déterminer ce qui l’a amenée à cette situation et maintenir une forte proximité avec les fournisseurs et les clients pour améliorer le sort de l’entreprise. En concertation avec les équipes, il faut élaborer la stratégie pour retrouver la croissance plus rapidement que la société ne chute.

📆 Dates clés du retournement

  • 2013. Arrivée de Thierry Sonalier et placement de Jardiland en procédure de conciliation.
  • 2013. Plans sociaux et retour des bénéfices.
  • 2014. Arrivée du fonds L-Gam à l’actionnariat de l’entreprise.
  • 2016. Remporte le prix Ulysse.
  • 2018. Rééquilibrée, la société est revendue au fonds InVivo (aujourd’hui Teract) et départ de Thierry Sonalier.

Propos recueillis par Tom Laufenburger

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