Initialement prévue pour juillet 2024, le gouvernement a reporté le passage à la facturation électronique. En attendant une date de mise en application, les entreprises établies en France se préparent. En amont du prochain congrès des experts-comptables qui se tiendra à Montpellier du 27 au 29 septembre, le Conseil national de l’ordre des experts-comptables publie son baromètre. L’occasion de mesurer comment les TPE et PME perçoivent l’arrivée de cette nouvelle ère, et comment s’y préparent les experts, en première ligne.

"Il faut être lucide : beaucoup trop d’entreprises sont encore insuffisamment préparées pour passer à la facturation électronique", a alerté Cécile de Saint Michel, qui préside le Conseil national de l’ordre des experts-comptables depuis 2022. Les entreprises, notamment les TPE et PME, doivent accélérer pour se mettre à la page de cette évolution réglementaire. Pour que tout le monde soit prêt, aussi bien les services de l’administration que le tissu entrepreneurial français, l'obligation pour les entreprises établies en France d'émettre et de recevoir des factures électroniques a été reportée en juillet dernier. La date de mise en application sera fixée par la loi de finances de 2024.

 Moins de fraude, moins de papier

 Poussée depuis plusieurs années par la Direction générale des Finances publiques, l’obligation légale de dématérialisation des factures a pour but d’améliorer, notamment, la détection de la fraude à la TVA, et le pilotage de la politique économique. Pour les entreprises, c’est également le moyen de contrôler plus finement leur comptabilité et de faire des économies. Réalisé en sondant 400 PME et TPE, le baromètre du CNOEC montre qu’elles perçoivent positivement l’amélioration de la transparence permise par la dématérialisation des factures. Pour 67% des entreprises sondées, la facture électronique améliorera la traçabilité et la mise en conformité de leur comptabilité, et pour 40% d’entre elles, une diminution du risque d’erreur.

76 % des entreprises sondées s’inquiètent de disfonctionnements techniques.

Des craintes subsistent

Le baromètre du CNOEC s’attache aussi aux craintes des TPE et PME françaises quant à la mise en place de la facturation électronique. Ainsi, 76 % des entreprises sondées s’inquiètent de disfonctionnements techniques, lorsque pour 55 %, cette dématérialisation représente une charge de travail supplémentaire et un coût élevé, alors même que le Conseil national de l’ordre des experts-comptables estime que le coût moyen de traitement d’une facture électronique est de 3€ contre 20€ pour une facture au format papier. Soucieuses de se préparer à la nouvelle réglementation, les entreprises s’informent mais pas uniquement auprès des experts-comptables, 36 % ont ainsi mis en place des webinaires et 32 %, des communications internes.

Seules 10 % des sociétés interrogées maîtrisent les nouvelles notions de méthodes de traitement des factures.

Experts-comptables en première ligne

De son côté, la profession sera en première ligne dans l’accompagnement de la mise en place de la facturation électronique. À noter que les cabinets d’expertise comptable ont une vision plus positive de la réforme que les entreprises, puisque 80 % sont confiants, voire très confiants sur le passage à la facture électronique et 57 % d’entre eux sont déjà prêts ou en cours de mise en place. Confiants mais lucides, car ils sont 68 % à considérer que le processus n’est pas assez clair actuellement, alors que les entreprises interrogées ne sont que 36 % à s’alarmer du manque de clarté. Un décalage qui s’expliquerait par le fait que la réforme reste complexe et que les TPE et PME n’appréhenderaient que partiellement cette complexité. Seules 10 % des sociétés interrogées maîtrisent les nouvelles notions de méthodes de traitement des factures entre les plateformes de dématérialisation partenaires, les opérateurs de dématérialisation et le portail public de facturation. Un thème qui sera au cœur de l’ordre du jour du prochain congrès de l’ordre national des experts-comptables, qui débute ce mercredi 27 septembre. Réforme majeure pour la profession, l’Ordre a déjà annoncé un plan de formation de 4 millions d’euros à destination des cabinets d’expertises, afin de les adapter à l’ampleur prise par l’IA et la data dans le métier.

 

Céline Toni

 

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