DAF de Malt, l’une des plus importantes plateformes de freelances en Europe, Nicolas Roux rejoint la pépite française en 2017, directement à ce poste. Aujourd’hui basé à Berlin pour coordonner la première opération de M&A de la scale-up, ce DAF dans l’âme, n’a, pour lui, rien d’un "DAF atypique". Pourtant son goût du risque et de l’international, en font un véritable maître de l’écosystème des start-up.

Décideurs. Comment a commencé votre parcours ?

Nicolas RouxMon parcours n’est pas celui d’un DAF atypique. Je ne suis jamais passé par la case audit ou conseil contrairement à beaucoup de mes camarades en direction financière. Faire de la finance en banque était mon objectif à la sortie de l’école, mais après quelques mois chez Natixis, j’ai compris que la culture bancaire ne me correspondait pas. Pourtant j’aimais la finance, alors pourquoi ne pas m’aventurer vers l’environnement des start-up et des scale-up ? Ma carrière a démarré ainsi, dans des directions financières de start-up en tant qu’analyste contrôle de gestion chez Dailymotion dès 2012. Par la suite, j’ai gagné en responsabilité, en vivant des étapes clés de l’histoire du site, le rachat par Orange et finalement l’acquisition par le groupe Vivendi. J’ai eu la chance de suivre l’installation du groupe à San Francisco. Les États-Unis étaient, à l’époque, le deuxième marché publicitaire de Dailymotion. Mon parcours chez eux s’est arrêté en 2016. J’étais dans la Silicon Valley et je voulais me frotter aux entreprises nées aux États-Unis. J’ai alors rejoint NextRoll Group, un concurrent de Criteo, puis Jaunt VR, à chaque fois sur des postes de management en finance. En 2017, mon retour en France a été accéléré par l’opportunité de décrocher mon premier poste de DAF, chez Malt. Depuis six ans, mon métier a évolué avec la croissance du groupe à l’international, et la structuration de sa direction financière. J’étais le 35ème employé à mon arrivée, nous sommes actuellement plus de 600, présents non plus sur un marché mais sur dix, et je suis moi-même aujourd’hui basé à Berlin depuis notre première opération de M&A.

"Au-delà de cette première opération de M&A, j’ai trouvé passionnant les éléments de culture qui ressortent dans ce type d’acquisition."

Quels ont été les moments les plus marquants dans votre carrière ?

Je retiens l’acquisition de Comatch en 2022, nous étions un peu plus de 300 salariés chez Malt et rachetions une entreprise allemande de près de 150 personnes. Au-delà de cette première opération de M&A, j’ai trouvé passionnant les éléments de culture qui ressortent dans ce type d’acquisition. C’est aussi un fait marquant d’un point de vue personnel puisque j’ai déménagé dans le cadre de cette opération.

Les États-Unis, aujourd’hui l’Allemagne, les passages à l’international ont été importants dans votre parcours ?

Avoir une culture internationale est très utile dans des entreprises comme les nôtres, où les stratégies de croissance se nourrissent de leur expansion internationale. En tant que financier, nous devons être capables de mixer les cultures, c’est un moyen d’être proche de toutes les équipes et du business.

En quoi être DAF d’une start-up est-il particulier ?

Les périodes de forte croissance sont caractéristiques de l’environnement des start-up et des scale-up. Dans ce contexte, il est d’autant plus important pour un DAF d’être à proximité du business. Il faut gérer un quotidien mouvant tout en gardant une vision de long terme. Par ailleurs, le DAF est traditionnellement vu comme une fonction qui doit minimiser le risque. À l’inverse, le DAF de start-up ne doit surtout pas avoir la phobie du risque, ce qui peut être douloureux pour certains financiers. Dans une start-up, il faut savoir prendre des risques et vivre avec, sinon on ne contribue pas à faire progresser la société.

À l’avenir, à quoi ressemblera le rôle d’un DAF ?

L’accumulation de data et l’aide que ces données apportent aux directions financières dans leurs prises de décision seront prépondérants. Il sera aussi possible de croiser la donnée financière et extra-financière. Depuis 2022, je pilote, au sein du comex, la mise en place d’une démarche ESG. À l’avenir, parce que nous avons la chance d’avoir une vision à 360° de l’entreprise, la performance extra-financière sera de plus en plus du côté des financiers.

 

Parcours 

  • 2010 : diplômé de l’IAE de Caen et d’un MBA en corporate finance à l’Université de Lafayette
  • 2011 : quitte Natixis après 6 mois en tant qu’analyste financier
  • 2012 : rejoint Dailymotion, en contrôle de gestion, et devient directeur FP&A depuis San Francisco
  • 2016 : intègre AdRoll Group puis Jaunt VR, des scale-up de la Silicon Valley, à des postes de manager
  • 2017 : retour en France en tant que DAF de Malt
  • 2022 : installation à Berlin après l’acquisition de Comatch par Malt

 

Propos recueillis par Céline Toni

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