Depuis 1998, François Pinault et son fils François-Henri sont aux commandes de leur club de cœur qu’ils gèrent sans sombrer dans le bling-bling. Éclairage avec Clément Gavard, journaliste à So Foot et spécialiste du Stade rennais.

Décideurs Magazine. Chose unique parmi les milliardaires français, la famille Pinault possède un club de football depuis 1998, le Stade rennais. Pourquoi ?

Clément Gavard. François Pinault est un self-made-man qui est né et a grandi dans un petit village à une quarantaine de kilomètre de Rennes. Attaché à la Bretagne, c’est un supporter des Rouge et Noir depuis ses plus jeunes années. Il en est de même pour son fils François-Henri qui, enfant, était ramasseur de balle au stade. Pour le patriarche de la famille, investir dans le club est un acte citoyen qui, il le dit souvent, lui permet de rendre à la Bretagne ce que la Bretagne lui a donné.

Si François Pinault a acheté le club en 1998, il avait auparavant utilisé son entregent pour l’aider au mieux. Ainsi en 1974, il a tiré parti de son influence en Afrique, notamment auprès du président ivoirien Félix Houphouët-Boigny, pour faire signer dans l’équipe de sa ville Laurent Pokou, l’un des meilleurs joueurs africains, alors très courtisé.

Par rapport à d’autres milliardaires, les Pinault sont réputés pingres. Est-ce vrai ?

C’est une critique qui revient souvent de la part des supporters adverses qui ne comprennent pas toujours pourquoi François Pinault, à la tête de Kering, numéro 2 mondial du luxe, et doté d’une fortune de près de 40 milliards de dollars, n’investit pas davantage dans son club.

Lorsqu’il a acheté en 1998, l’homme d’affaires a très rapidement misé de grosses sommes dans les transferts. En 2000, il a notamment défrayé la chronique en déboursant 21 millions d’euros pour l’espoir brésilien Lucas Severino ou 12 millions pour l’Argentin Mario Héctor Turdó. Si ces montants semblent faibles en 2023, à l’époque ils étaient particulièrement élevés. Pour un rendement quasi nul. Depuis, il est échaudé.

Toutefois, le clan Pinault investit dans les infrastructures : rénovation du stade de la route de Lorient, modernisation du centre d’entraînement de la Piverdière ou du centre de formation devenu l’un des meilleurs de l’Hexagone. En somme, le club est géré en bon père de famille, sans faire de vagues.

"En 2000, François Pinault a dépensé vainement des millions dans le mercato d’été. Depuis, il est échaudé"

Au quotidien, comment les Pinault gèrent le club ?

CG

Même s’ils délèguent beaucoup, ils ont un gros pouvoir décisionnaire, notamment sur les choix d’entraîneurs ou de directeurs sportifs. Mais ils ne se saisissent pas de compétences qu’ils n’ont pas. Le père et le fils suivent les résultats de très près, assistent aux matchs de préparation de pré-saison, aiment connaître les compositions. Ce sont de vrais supporters. Ils sont en revanche très discrets dans la presse. Ces dernières années, François-Henri Pinault s’est exprimé seulement deux fois publiquement : après la victoire en coupe de France en 2019 et sur le site officiel du club pour les 120 ans du Stade rennais en 2021.

Pour quel bilan sportif ?

Avant l’arrivée des Pinault, le club oscillait entre première et seconde division. Désormais, il est ancré en Ligue 1 et devient de plus en plus ambitieux. Sur les quatre dernières saisons, il a terminé troisième, sixième, deux fois quatrième. Il participe régulièrement aux joutes européennes et a remporté la coupe de France en 2019. Ce qui va sûrement inciter les propriétaires à investir encore dans les saisons qui viennent.

Propos recueillis par Lucas Jakubowicz

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