L’Américano-Pakistanais a fait fortune dans l’automobile. Depuis une dizaine d’années, il place son argent dans la NFL, la Premier League et le catch. Pour des raisons aussi bien financières que médiatiques.

En 2012, le magazine Forbes consacre un numéro spécial à l’american dream. En couverture trône un homme méconnu à la moustache fournie. Il s’agit de Shahid Khan qui incarne parfaitement un mythe ancré dans les esprits du pays de l’Oncle Sam : les États-Unis sont une terre d’opportunités et permettent à n’importe qui venu de n’importe où de faire fortune à condition de se retrousser les manches.

De Lahore à Détroit

ShahidOK

Ce n’est pas Shahid Khan qui dira le contraire. Né à Lahore en 1950, il grandit dans une famille de la classe moyenne supérieure avec une mère enseignante et un père à la tête d’une petite entreprise de construction. Bon élève, il est accepté à l’université de l’Illinois, y obtient un diplôme d’ingénieur, rencontre sa femme Ann et se passionne pour le football américain. Durant ses années d’études, il vit chichement et accumule les petits boulots : travail à la ferme, plonge pour 1,20 dollar de l’heure… Spécialisé dans l’ingénierie et le design de pare-chocs, il commence sa carrière dans une petite société nommée Flex N Gate qu’il rachète en 1980. Le début d’une success-story puisque la TPE devient une multinationale.

La roue de la fortune

Le premier grand succès du groupe date de 1990, année où il devient fournisseur exclusif de pare- chocs pour Toyota en Amérique du Nord. Désormais, le groupe compte 25 000 salariés sur 70 sites répartis partout dans le monde : USA, Inde, Argentine, Chine, Mexique, France, Espagne, Allemagne… Ce qui permet à Shahid Khan de devenir de plus en plus riche. Sa fortune estimée à 7,6 milliards de dollars en 2022 atteint 12,1 milliards un an plus tard. De quoi combler un homme qui, en bon Américain qu’il est devenu, ne cache pas que "gagner de l’argent" est l’une des plus grandes joies de sa vie. Mais Shahid Khan rêve aussi de prestige et de notoriété. La meilleure solution pour cela est d’investir dans le sport.

En 2012 la franchise des Jaguars de Jacksonville valait 760 millions de dollars, désormais elle est estimée à 2,8 milliards

Cap vers le sport

En 2012, il acquiert l’équipe de football américain des Jaguars de Jacksonville pour 760 millions de dollars. Un an plus tard, il débourse entre 150 et 200 millions pour mettre la main sur le club de soccer de Fulham qu’il rachète au milliardaire égyptien Mohamed Al-Fayed. Les deux équipes ne sont pas des "foudres de guerre". Les Jaguars sont l’une des plus mauvaises franchises de NFL et Fulham oscille entre première et seconde division.

Mais en être propriétaire permet de faire partie du gratin des grandes fortunes. Aux États-Unis, nombreux sont les milliardaires à s’offrir des clubs de football, c’est une tradition qui est, par ailleurs, une chasse gardée des "Américains". Sur les 32 clubs, seuls trois appartiennent à des personnes nées à l’étranger (les deux autres sont Kim Pegula, une Coréenne qui a acheté le Buffalo Bills, et Zygmunt Wilf, un Allemand à la tête des Minnesota Vikings). Inversement, la Premier League anglaise est le terrain de jeu de milliardaires de tous les continents et posséder une équipe permet aussi d’être une figure qui pèse dans le capitalisme mondial.

Autre point essentiel, les fonds investis ne le sont pas à perte. Selon Forbes les deux équipes rapportent de l’argent et les Jaguars sont estimés à 2,8 milliards de dollars, de quoi faire une belle plus-value en cas de revente. Depuis 2019, Shahid Khan s’est lancé dans le catch et a mis sur pied la fédération All Elite Wrestling dont la gestion quotidienne est assurée par son fils Tony.

Lucas Jakubowicz

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