Sophie Javary est une des figures incontournables du paysage français des banques d’affaires. De Rothschild à BNP Paribas en passant par Bank of America et Indosuez, son parcours est marqué par des grands noms et des opérations phares pour le compte d’entreprises publiques, avec des dossiers aux enjeux politiques qui vont au-delà du monde de l’investissement.

Décideurs. Pouvez-vous revenir sur votre parcours ? 

Sophie Javary. Je suis diplômée de HEC, après cela, j’ai fait toute ma carrière dans des banques d’affaires. D'abord chez Bank of America, puis à la Banque Indosuez - aujourd’hui Crédit Agricole CIBet j’ai intégré Rothschild ou je suis restée seize ans, j’étais alors associé-gérant. Là j’ai commencé dans le marché primaire-actions et de 2008 à 2011 en tant que "co-head" du restructuring européen notamment pendant la crise de 2008, une période très intense pour ce métier. Aujourd’hui, cela fait douze ans que je suis chez BNP Paribas ou je suis arrivée en tant que senior banker puis j’ai pris la direction du service Corporate Finance avec l’ensemble de l’equity capital market et du M&A pour l'Europe, le Moyen-Orient et l’Afrique. Depuis 2018 et je suis Vice-Chairman de CIB pour la même zone

Au cours de votre carrière, quelle a été l’opération qui vous a le plus marquée ? Et pour quelles raisons ? 

L’ouverture du capital d’EDF qui a duré près de 5 ans, entre la préparation de l’entreprise à intégrer le secteur privé et son introduction en bourse en 2005. Je mentionnerai également un dossier de restructuration qui a beaucoup marqué ma carrière, le sauvetage de France Télécom. Il a fallu sauver l’entreprise en organisant une augmentation de capital de 15 milliards d’euros, un record jamais battu. Les opérations dans le secteur public possèdent toujours une complexité particulière du fait de leurs enjeux en matière d’emploi ou de politique industrielle et le degré de mobilisation des marchés de capitaux nécessaire pour réaliser ces opérations est particulièrement stimulant. 

"Il y avait là comme une ambiance de concours, il fallait se mettre au meilleur niveau pour remporter ces mandats prestigieux"

Quel est votre pire souvenir professionnel ? Et le meilleur ? 

Les moments où, chez Rothschild, nous présentions nos dossiers pour conseiller l’Etat sur les privatisations d’entreprises publiques. Ce fut des périodes d’intense préparation. Nos dossiers devaient être à la fois bien écrits et les présentations orales extrêmement cadrées car elles avaient lieu devant des comités de sélection très exigeants. Il y avait là comme une ambiance de concours, il fallait se mettre au meilleur niveau pour remporter ces mandats prestigieux.

Quant aux pires moments, ce sont certains en restructuring. J’ai un grand regret par exemple, celui de ne pas avoir réussi à sauver la maison de couture de Christian Lacroix. Même si l’enjeu financier n’était pas si grand, ce fut une déception, car c’est une personnalité attachante aux qualité artistiques indéniables, très représentative de la France. Ne pas avoir réussi à maintenir cette maison en vie, en dépit de ses talents et de tous nos efforts, est resté pour moi un grand regret.

Qui était votre mentor ? 

Au cours de ma carrière j’ai eu des patrons formidables. J’ai notamment été impressionnée par David de Rothschild, une personnalité hors du commun envers qui j’ai un attachement particulier car je suis arrivée chez Rothschild en 1994 lorsque la banque était une boutique en devenir. Je l'ai vu s’imposer et créer ce qu’est devenue Rothschild aujourd’hui. Mais je pourrai en citer beaucoup d’autres dont Alain Papiasse mon patron actuel.

En dehors de votre métier, avez-vous des passions en particulier ? 

J’ai en charge un cours de finance à HEC, j’aime beaucoup l'enseignement et le contact avec les étudiants. Je suis également membre de conseils d’administration à titre personnel et pour le compte de BNP Paribas. Par ailleurs, je m’intéresse beaucoup à l’art contemporain et je suis de nombreux artistes, notamment Agnès Thurnauer, une respiration hors de ma sphère professionnelle. 

Quelle musique écoutez-vous avant de closer un deal ? 

Je n’écoute pas spécifiquement de musique dans ces moments-là car je suis focalisée sur l’opération mais, dans mes moments d’évasion, j'aime beaucoup la musique classique dont Schubert. 

Parcours:

  • 1980 : diplômée d’HEC après un programme d’échange au Brésil et à New York
  • 1994 : arrivée chez Rothschild où elle devient Managing Director puis General Partner
  • 2011 : devient Managing Director de la banque d’investissement de BNP Paribas
  • 2014-2018 : dirige le Corporate Finance (M&A et ECM) de BNP Paribas en EMEA
  • 2018 : prend les fonctions de Vice-Chairman CIB pour la zone EMEA

 

Propos recueillis par Céline Toni

 

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