En 2005, Gaëtan du Halgouët et Thibaut Robet créaient la société Chateaudun Crédit, le spécialiste français du conseil en affacturage. Ils évoquent avec nous l’utilité de l’affacturage dans la période actuelle et son rôle dans des contextes de M&A.

Décideurs. Présentez-nous Chateaudun Crédit.

Thibaut Robet. Chateaudun Crédit est aujourd’hui le premier conseil spécialisé en affacturage en Europe. Nous aidons des entreprises françaises et des groupes internationaux à mettre en place la solution de financement de créances la plus efficace possible. Notre intervention porte notamment sur l’évaluation du potentiel de financement et sur la gestion du projet, de l'appel d'offres au premier financement. Cela inclut la négociation des termes et conditions, la gestion du risque clients (assurance-crédit), la formation des équipes et l'implémentation informatique.

Le marché de l’affacturage a connu une baisse significative en 2020 ? Comment l’expliquez-vous ?

Gaëtan du Halgouët : Selon la source EUF, en 2020, le marché de l’affacturage a reculé de 5,4 % en Europe. Il a notamment baissé de 7,5 % en France. Les plus forts reculs s’observent en Italie avec -10,8 %, au Royaume Uni pour -12 %, en Espagne où il atteint -7,6 % et au Portugal -6,9 %. Seuls quelques pays ont connu une légère croissance : dont l’Allemagne avec 1,3 %, les Pays-Bas de 1,4 % et la Pologne de 3 %.

 Il y a deux explications très simples au recul du marché de l’affacturage. Tout d’abord, beaucoup d’entreprises ont stoppé leur activité pendant le premier confinement et n’ont toujours pas retrouvé le niveau d’activité d’avant Covid-19. La baisse du chiffre d’affaires des entreprises factorées a un impact direct sur les volumes achetés et financés par les sociétés d'affacturage. La deuxième explication, qui se vérifie dans plusieurs pays européens, est la distribution massive de prêts garantis par l’état. Ces prêts, dont le remboursement a été reporté à 2022 en France, couvrent largement les besoins de trésorerie de beaucoup d’entreprises ; qui en d’autres circonstances auraient recours à l’affacturage.

Cependant, toutes les entreprises n'ont pas sollicité les prêts garantis par l'Etat. En 2020, certaines ont choisi de mettre en place de larges programmes d'affacturage pan-européens. Nous avons accompagné certaines de ces grandes entreprises internationales, majoritairement détenues par des fonds de private equity.

"Toutes les entreprises n’ont pas sollicité les PGE et ont choisi, en 2020,
de mettre en place d’importants programmes d’affacturage."

Comment Chateaudun Crédit a-t-elle vécu cette année 2020 ?

T. R. Si notre activité française a subi un net ralentissement, l’activité internationale nous a permis de passer le cap et de maintenir une croissance de 10%. En 2020, nous avons mis en place plus de 700 millions d’euros de nouvelles lignes de financement en affacturage.

C’est aussi l’année où nous avons lancé le développement de nouveaux modules dans notre logiciel d’affacturage afin notamment de faciliter le suivi du risque clients et des limites de crédit.

Nous avons également engagé la refonte de nos sites Internet pour améliorer notre visibilité et simplifier notre communication.

L’affacturage est un outil de financement du bas de bilan, en quoi intéresse-t-il les fonds d’investissement ?

G. d. H. Avant tout, l’affacturage est l’outil de financement présentant le meilleur rapport de coût par rapport aux ressources dégagées. Il permet de bénéficier du plus grand montant de financement possible à un prix très bas. Les sociétés sous LBO disposent le plus souvent de lignes de crédits confirmés [revolving credit facility pour RCF, ndlr] afin de faire face à d’éventuels besoins de trésorerie. Cette ligne est limitée en montant et est toujours assortie d’une clause – ou covenant - qui exige le remboursement anticipé en cas de difficultés. Dans cette hypothèse, l’affacturage reste toujours opérationnel. Par ailleurs, lorsqu’il est déconsolidant, il n’affecte pas l’endettement. Il permet ainsi à l’entreprise d’augmenter fortement le niveau de sa trésorerie tout en améliorant la présentation de ses états financiers. De plus en plus de fonds de Private Equity souhaitent que leurs participations utilisent l’affacturage.

"L’affacturage est l’outil de financement avec
le meilleur rapport
de coût et ressources dégagées."

Quels sont les profils de fonds d’investissement ayant recours à ce mode de financement ?  

T. R. Nous travaillons beaucoup avec des fonds LBO majoritaires, nationaux ou internationaux, et impliqués dans leurs participations. Les fonds de situations spéciales, notamment les fonds de retournement, utilisent l’affacturage presque systématiquement pour sécuriser la trésorerie de leurs participations.

À quel moment les fonds de Private Equity ont-ils recours à l’affacturage dans leurs participations ?

G. d. H. Ce sujet est en général envisagé avant l’acquisition pour être mis en place dans les mois qui suivent le closing. Il nous est arrivé de le négocier juste après le signing pour un financement le jour même du closing. Souvent, il est mis en place, entre autres, pour financer une croissance externe, participer au refinancement de l’entreprise, faciliter des remontées de dividendes.

Comment vous préparez-vous à la reprise économique tant espérée ?

T. R. En 2022, les entreprises devront être prêtes à financer leur croissance tout en amortissant leurs PGE. 2022 doit se préparer dès maintenant.

Chez Chateaudun Crédit, nous anticipons en accueillant de nouveaux talents dans nos équipes conseil et IT. Huit recrutements sont en cours pour faire passer notre effectif de 30 à 38 personnes. En parallèle, nous travaillons au lancement d’une nouvelle version de notre logiciel d’affacturage et d’assurance-crédit.

Propos recueillis par David Glaser

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