Alors que la finance alternative s’installe au nombre des nouvelles solutions de financement pour de nombreuses ETI cotées, Pierre Vannineuse, fondateur de Alpha Blue Ocean, soutient aujourd’hui AB Science.

Décideurs. Alpha Blue Ocean annonce aujourd’hui financer AB Science avec un "Programme d’augmentation de capital à terme" (PACT). Vous vous êtes donné à connaître avec les OCABSA, vous continuez de vous diversifier : Est-ce le signe que le marché des equity lines gagne en maturité ?

Pierre Vannineuse. Le constat est simple et avec mes associés Hugo Pingray et Amaury Mamou-Mani il nous a tout d’abord conduit à conseiller le fonds Bracknor puis à créer en 2017 Alpha Blue Ocean : les ETI cotées souffrent d’un réel déficit de solutions à l’heure de trouver des financements. Or, trop souvent, ce manque de financement est concomitant avec une étape clé de leur développement et l’incertitude peut les tuer. Les investisseurs institutionnels se désintéressent de ces valeurs peu suivies par les analystes, les banques ne savent pas réagir vite, ne comprennent pas le sous-jacent. Nous savons pour notre part prendre des risques – mesurés – et décider rapidement. Nous jaugeons le management, son business plan, sa capacité à le conduire. La confiance est clé. Le fait d’être un family office nous permet de nous adapter aux besoins des entreprises tout en nous inscrivant dans la durée. C’est ainsi qu’en l’espace de trois ans, Alpha Blue Ocean a déployé plus de 300 millions d’euros via une cinquantaine d’opérations, à l’instar d’Europlasma, Safe Orthopaedics, Intrasens ou encore Spineway.

Pourtant les OCABSA n’ont pas toujours bonne presse. Que répondez-vous aux critiques ?

C’est un fait que nous devons travailler à améliorer l’image de la finance alternative. Nous pâtissons cependant du momentum de nos interventions et certaines critiques assimilent notre présence au côté de l’entreprise avec la baisse du cours de bourse. Je tiens à rappeler que pour qu’un cours réagisse, il faut que l’entreprise soit encore en vie. La réalité reste que la plupart de ces actionnaires auraient perdu l’ensemble de leur investissement sans notre soutien et que nous devons pour notre part prendre en compte le risque réel de perte de notre investissement dans le pricing de nos produits. Quoi qu’il en soit, il n’est pas inutile de rappeler que notre intérêt comme investisseur reste résolument aligné à celui des autres actionnaires: plus l’entreprise se développe, plus le cours augmente, plus notre investissement s’avère rentable. C’est pourquoi nous nous voulons également flexibles, en collaboration avec les dirigeants des entreprises, leur laissant la possibilité de dicter les conditions dans lesquelles les actions émises sont revendues sur les marchés financiers, diminuant ainsi l'influence négative sur le cours de Bourse lorsque les volumes d'échange sur le titre ne sont pas suffisants. C’est notamment le cas pour le financement mis en place pour soutenir le développement d’AB Science.

"En l’espace de trois ans, Alpha Blue Ocean a déployé plus de 300 millions d’euros via une cinquantaine d’opérations"

Malgré vos bureaux en dehors de la France, Alpha Blue Ocean n’en dispose pas moins d’une empreinte toujours plus hexagonale…

Nous sommes présents à travers le globe, notamment au Commonwealth des Bahamas ainsi qu’à Dubai aux Emirats Arabes Unis. Néanmoins, la France a toujours représenté un important marché pour Alpha Blue Ocean et nous y avons fait historiquement la moitié de nos opérations. L’environnement est favorable à l’émergence des biotechs avec un écosystème efficace lors des premiers tours de table. Elles sont ensuite introduites en bourse et c’est alors qu’elles ont besoin de nous ! Notre équipe s’est particulièrement renforcée et nous sommes très heureux d’avoir su y attirer des professionnels tels que Frédéric Sutterlin, jusqu’alors en charge des Equity Lines à la Société Générale qui devient venture partner en charge du développement d’ABO en Europe continentale. Nous avons également renforcé notre colonne vertébrale juridique en faisant appel aux compétences d’Olivia Blanchard pour la Compliance mais aussi d’Edward Keller, ancien associé de Dentons qui devient General Counsel et Chief Legal Officer d’ABO. Une équipe à même de faire de la finance alternative une opportunité solide pour les ETI cotées.

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