Gastronomie, histoire, roman, BD… Voici les ouvrages qui retiennent l’attention de la rédaction. Laissez-vous tenter !

Mortimer au pays des Soviets

Depuis la disparition d’Edgar P. Jacobs, les albums de Blake et Mortimer paraissent régulièrement avec des résultats surprenants voire inégaux. Pour parler la langue du célèbre officier du MI6 et de son ami scientifique, ce nouvel album peut se résumer de la sorte : back to basics. On y retrouve de longues descriptions, l’ambiance feutrée des beaux quartiers londoniens, des costumes taillés à Savile Row, des bases secrètes, un savant fou, une civilisation disparue et bien entendu Olrik. Le scénario reprend tous les codes des romans d’espionnage de la Guerre froide. Invité à assister à des fouilles archéologiques dans l’Oural, Mortimer découvre une machination visant le président Kennedy en visite à Berlin où il prononcera son célèbre : "Ich bin ein Berliner." Afin de déjouer le complot, agents secrets, infiltration, courses dans les rues de Berlin-Est, micmacs entre services secrets occidentaux seront nécessaires. Pour les connaisseurs, il y a un air de Machination Voronov. Ce qui est flatteur.

Huit heures à Berlin, d’Antoine Aubin, José-Louis Bocquet et Jean-Luc Fromental, Dargaud, 64 pages, 16,50 euros

Cas de conscience

Alma Revel est juge d’instruction antiterroriste dans une période marquée par les attentats du 13 novembre. La justice française porte alors une attention particulière aux individus rentrant de Syrie. Dans son dernier roman, Karine Tuil met en scène cette magistrate rongée par le doute quant à la décision à prendre concernant un jeune homme suspecté d’avoir rejoint l’État islamique. Faut-il le libérer au risque d’un nouveau carnage ? Faut-il le juger et sur quel fondement ? Par principe de précaution ? À ce dilemme s’en ajoute un autre plus personnel. Prise en étau dans un mariage devenu une union de raison, Alma vit une relation extraconjugale avec un avocat pénaliste, conseil du mis en examen. Le genre de profil qui attise les passions mais n’offre aucune sécurité émotionnelle. Doit-elle quitter son mari ? Cette relation a-t-elle uniquement pour but de lui faire oublier ce métier qui la mine un peu plus chaque jour ? L’auteur décrit parfaitement l’ambiguïté de chaque être humain, ni jamais tout à fait blanc, ni jamais vraiment noir.

La décision, de Karine Tuil, Gallimard, 304 pages, 20 euros

LivresFévrier

Les raisons de la fierté

L’autodénigrement est un sport national. Raciste, sanglante, guerrière… Certaines âmes chagrines aimeraient jeter notre Histoire dans les limbes de l’oubli. Et une partie de la jeunesse n’y trouve rien à redire. Pourtant, depuis des siècles, la France n’a pas à rougir de ce qu’elle est. Ce que prouve l’historien Dimitri Casali, dans un ouvrage mêlant rigueur et vulgarisation qui met en lumière des faits parfois peu connus mais ayant fait rayonner notre pays. Et ont changé la face du monde. Il y met en avant une France antiraciste, universaliste, adepte du cartésianisme, partageuse de son savoir, parfois contre ses intérêts nationaux. De Pasteur à Bougainville, de la fondation de Saigon à la promotion d’élites africaines, voici cent bonnes raisons d’être fier de notre pays et de perpétuer le destin d’un peuple qui a encore beaucoup à apporter au monde.

100 dates de l’Histoire de France qui ont fait le monde, de Dimitri Casali, Plon, 352 pages, 25,90 euros

Chroniques savoureuses

Devenu critique gastronomique un peu par hasard, Maurice Beaudoin connaît sur le bout des doigts les tables incontournables de Paris et d’ailleurs. Son credo ? Prendre la plume pour les restaurants qui le méritent. Ne pas gâcher du papier pour les autres. Mais dans son livre La France à ma table, l’auteur partage bien plus que de belles adresses. Il raconte et incarne, aussi et surtout, un bout d’histoire du journalisme. L’auteur nous fait revivre ses débuts dans la presse régionale, avant de devenir secrétaire de rédaction de France Soir à son apogée, de monter en grade au sein de L’Équipe puis de cofonder notamment Le Figaro Magazine aux côtés de Louis Pauwels. Travailleur acharné, il ne semble manquer ni de vision ni d’entregent et encore moins de bienveillance. Ces qualités peuvent expliquer qu’il ait eu si facilement l’oreille de grands chefs cuisiniers, d’artistes ou de politiques depuis quarante ans. Des rencontres et des amitiés indissociables des repas partagés qui en ont été le théâtre. Bien que certaines pratiques d’hommes de presse relatées s’avèrent plus que critiquables, on reprendrait bien un peu de l’Histoire de cette France-là.

La France à ma table, de Maurice Beaudoin, Plon, 192 pages, 19,90 euros

Olivia Vignaud, Lucas Jakubowicz
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