Paul-Charles Ricard trace un nouveau sillon en parallèle de ses fonctions d’administrateur de la SA Paul Ricard. Son credo : la quête de spiritueux ultra-premium, via une entité autonome.

Décideurs. En quoi consiste cette Distillerie générale lancée en 2017 ?

Paul-Charles Ricard. Il s’agit de proposer une sélection raffinée de jus rares issus de la plus grande bibliothèque de spiritueux au monde, celle du groupe Pernod Ricard. Nous isolons des fûts remarquables ou des lots rares. Les embouteillages se font en série limitée dans des flacons de 35 cl qui rappellent ceux des coffrets à liqueurs de nos parents. Les tarifs vont de 42 à 490 euros.

Un géant du secteur qui se lance dans le craft, c'est original…

Vous allez agacer plus d’une maison indépendante ! On finit par oublier que derrière nos grandes marques (Havana Club, Martell, Beefeater, Chivas…), il y a des artisans passionnés qui travaillent avec les mêmes alambics que les petites maisons.

Quel est l’impact sur les grosses locomotives du groupe ?

Cela encourage les synergies entre les assembleurs. Par exemple, une folle blanche (une eau-de-vie destinée à l’armagnac) a été envoyée à notre gin maker, qui va l’utiliser comme base pour un gin en édition limitée. De même, nous avons demandé à notre maître de chai Anne Chevillard, chez Suze, de réaliser une recette de gentiane "comme à l’époque". Résultat ? Cette micro-édition a influencé la marque, qui a sorti depuis Racines de Suze. Je pense aussi à cette embouteilleuse manuelle que nous avons installée chez Chivas pour mettre en flacons nos single malts. Elle leur a donné l’idée de produire des batches confidentiels.

Comment s’articule votre réseau de distribution ?

Nous nous appuyons sur un réseau d’une quinzaine de cavistes en France. Pas question pour eux de ne vendre que nos whiskys, secteur très en vogue en ce moment. Ce serait trop facile. Ils doivent s’engager à distribuer toute la gamme. À leur contact, j’apprends beaucoup. C’est d’ailleurs chez l’un d’eux, à Nancy, que j’ai découvert l’association whisky (Longmorn 2008) et munster. Les spiritueux escortent à merveille les fromages !

Un créneau sur lequel vous vous êtes appuyés récemment…

En décembre, nous avons ouvert un pop-up store rue du Faubourg Saint-Denis, en complicité avec la maison Julhès.
L’idée : associer nos produits à des fromages sélectionnés par Nicolas Julhès. Les experts Thierry Daniel et Éric Fossard, les initiateurs du Salon Cocktails Spirit et de la Paris Cocktail Week, nous ont aidés à mettre au point des accords magnifiques : cognac et shropshire (un fromage bleu anglais à pâte orange), reblochon lavé à l’absinthe, comté et single malt écossais…

Quelles sont vos ambitions pour demain ?

L’objectif est de rester petit, avec pas plus de dix à quinze points de vente supplémentaires. Je souhaite défricher d’autres secteurs : nous n’avons pas encore de calvados, par exemple, et il faudra y remédier. Nous allons nous aventurer hors du groupe familial, en conservant notre démarche hédoniste.

Guillaume Tesson

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