Le succès de certaines enseignes relève parfois d’entrepreneurs à la trajectoire hors du commun. Arnaud Bruillon, P-DG de Finsbury, en fait partie. Savoir-faire et fabrication traditionnelle sont les maîtres-mots de cette maison spécialisée dans le soulier élégant pour homme. Rencontre avec un patron visionnaire.

En quelle année a ouvert la première boutique Finsbury  en France ?

Finsbury était autrefois une fabrique de chaussures de luxe dans le nord de l’Angleterre, petite marque d'une petite usine. La première boutique en France a ouvert en 1986 dans le quartier de l’Opéra à Paris. La promesse de la marque était de proposer des chaussures de fabrication artisanale, de grande qualité, mais à prix accessibles. Le succès fut immédiat.

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Quelle a été votre stratégie, à titre personnel, pour faire évoluer cette société ?

Mon histoire entrepreneuriale est celle d’un vendeur « self-made-man  » ayant évolué au poste de responsable de magasin. Après un parcours de salarié modèle, j’ai proposé aux propriétaires de la marque d’ouvrir ma première franchise exclusive. Non sans diffi-culté, ma banque personnelle m’a finalement fait confiance grâce à ma pugnacité. J’ai ainsi créé sept franchises Finsbury entre 2001 et 2010. Devenu un acteur important de l’entreprise, j’ai naturelle-ment proposé de racheter la marque et les magasins aux fondateurs à un prix qu’ils ne pouvaient pas refuser. Grâce à la confiance de ma banque et de Bpifrance, auprès de qui j'ai levé une dette LBO, en réinvestissant tout ce que j’avais gagné en tant que franchisé, j’ai pu bâtir un groupe solide avec pour ambition d’ouvrir 50 magasins à l’horizon 2017. Finsbury en a finalement ouvert 60 ! De ce fait, j’ai amorcé un second cycle de croissance orienté vers l’international.

Combien de salariés emploie l’entreprise aujourd’hui ?

Environ 200 personnes travaillent pour Finsbury à ce jour, franchisés inclus. Je me suis aussi entouré d’un top management pour accompagner la croissance et en 2017 j’ai fait construire le nouveau siège social Finsbury d’une superficie de 4 000 mètres carrés.

Qui sont vos clients ?

Finsbury est plébiscité par une clientèle « business », mais tout homme sensible à l’élégance et soucieux de son confort peut devenir un client. Grâce au positionnement « premium accessible » de la marque, le panel est très large et la clientèle est extrêmement fidèle.

Qui dessine les collections ?

Le « collectionning » est effectué au siège de la société, à Paris. Le directeur de la création s’appuie sur les bureaux de style de nos usines. Nous proposons beaucoup de matières exclusives et de couleurs, notamment des patines réalisées à la main. Le modèle Consul constitue notre modèle iconique, écoulé à plus de 100 000 exemplaires depuis sa création.

De la coupe à l’emballage, combien d’étapes sont nécessaires, en moyenne, pour fabriquer une chaussure Finsbury ?

Le processus est entièrement artisanal : 180 à 220 opérations manuelles sont nécessaires à la fabrication d’une paire de souliers. Notre savoir-faire repose sur l'utilisation de peausseries issues des meilleures tanneries françaises et de deux techniques de montage, le « cousu Goodyear » et le « cousu Blake ». De la coupe des peaux, à la couture des semelles au fil de lin poissé pour une solidité optimale, une chaussure peut parfois passer entre les mains de 26 compagnons différents. 

Quels sont vos projets pour la marque à l’horizon 2018-2020 ?

Mon business plan projette à moyen terme de doubler notre parc de boutiques pour atteindre les 100 millions d’euros de chiffre d’affaires d’ici 2023-2024. Avec 72 magasins, un flagship store qui vient d’ouvrir à Bruxelles et l’inauguration prochaine de deux succursales au Luxembourg, nous recherchons activement des partenaires retail au Moyen-Orient, en Chine, à Singapour, en Corée du sud, au Japon, en Amérique du Nord, au Royaume-Uni et en Europe.

PROPOS RECUEILLIS PAR PASCAL MARTINEZ-MAXIMA

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