L’Asie compte la plus grande augmentation du nombre de milliardaires au cours des dernières décennies. À l’instar de ses homologues japonais de la fin des années 1980, Manuel « Manny » Villar, Philippin de son état civil, a fait fortune dans l’immobilier. Retour sur une trajectoire fulgurante.

Son parcours a des allures de conte de fées, une success-story qui ne doit rien à sa naissance. Les tabloïds philippins le présentent d’ailleurs comme l’enfant qui vendait des crevettes, devenu milliardaire vedette. Issu d’un bidonville du district de Tondo, au cœur de Manille, Manuel Villar aide sa mère, dès ses six ans, sur le marché aux poissons afin de financer ses études et celles de ses cinq frères et sœurs. La cadence qu’imposent les kilos de krill et de bagoong vendus chaque jour le pousse à abandonner l’école, avant de pouvoir intégrer, plus tard, un établissement privé. Plus paisible, le reste de sa scolarité démontre une appétence pour les études, qu’il pousse jusqu’à la maîtrise en administration des affaires.

Entrepreneur prolifique

D’abord comptable puis analyste financier, il décide de créer sa propre entreprise dans le domaine de l’immobilier. Ambitieux, il souhaite faire grossir son groupe et diversifie à cet effet son activité en s’engageant dans le secteur de la distribution d’eau au niveau national. Plus surprenant, il crée en 1984 le Golden Haven Memorial Park, une chaîne de cimetières, qui étend progressivement son offre aux chapelles mémorielles, crématoriums et autres columbariums. La recherche constante de diversification de ses activités est à la base du succès de l’entrepreneur, comme en atteste la création en 2015 de Vitacare Healthgroup, positionné sur le secteur de la santé. Puis vient la consécration. Forbes le désigne, entre 2019 et 2022, comme étant la personne la plus riche des Philippines, avec une fortune atteignant 8,3 milliards de dollars.

… Et politique

Visiblement en manque d’occupation, Manuel Villar se lance en politique et remporte dès 1995 l’élection comme membre du Congrès, raflant au passage le record de voix jamais obtenues pour ce type d’élections, avant de devenir président de la Chambre des représentants de 1998 à 2000. Entre 2001 et 2013, il devient sénateur, mais connaît finalement un échec en 2010 à l’élection présidentielle.

Milliardaire philanthrope

Conscient des enjeux en matière de précarité, il lance le programme « Manpower on Wheels », qui promeut des techniques de subsistance auprès des habitants des quartiers pauvres, en parallèle d’un programme de plantation de plus d’un million d’arbres aux Philippines. Seule ombre au tableau, une enquête menée par un consortium de journalistes en 2013 révèle l’existence de son compte offshore aux îles Vierges britanniques. Heureux en amour, le self-made-man s’est mué en pater familias accompli, à la tête d’une dynastie entrepreneuriale et politique : sa femme Cynthia est sénatrice, tout comme son fils Mark, tandis que sa fille Camille est vice-présidente de la Chambre des représentants. Enfin, Manuel Paolo Villar III, dernier de la fratrie, est le PDG d’une entreprise positionnée sur le marché obligataire. À croire que, chez les Villar, la réussite s’inscrit dans la durée. 

Emile Le Scel

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