Choc pétrolier, pandémie, crise énergétique… Les brèves bouffées d’air consenties à la planète ont systématiquement coïncidé avec des événements tragiques du point de vue de l’économie. Partout dans le monde, l’humanité fait face au défi de sa propre continuité. Pourtant, le profit continue d’en être son principal moteur, au point aujourd’hui de la percuter de plein fouet.

L’horlogerie mondiale est ainsi faite qu'elle s'épargne de choisir entre rendement et environnement. En ce qu’elles enrayent le bon fonctionnement de l’économie, seules les crises, qu’elles soient sanitaires, énergétiques ou géopolitiques, représentent des répits pour la planète. De quoi légitimement se poser la question de l’impact de ces convulsions dans la préservation de l’environnement.

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Rémission

Le choc pétrolier de 1973 avait conduit les nations n’en possédant intrinsèquement pas à promouvoir des mesures d’économie d’énergie ou à diversifier leur mix énergétique en approvisionnement comme en variétés. Le changement d’heure a été institué dans cette optique. Si l’avènement d’une crise est parfois marqué par une trêve économique, son achèvement s’adjoint souvent d'une pause écologique, comme si l’on se retrouvait devant un banquet après un jeûne prolongé. Malgré la forme d’accalmie que lui réservent les crises, il suffit que la planète ait le dos tourné pour que l’on s’efforce de retrouver le niveau d’émissions de gaz à effet de serre d’antan.

L’horlogerie mondiale est ainsi faite qu'elle s'épargne de choisir entre rendement et environnement

Mission "sociétés"

Si les crises contribuent à la préservation de l’environnement, c’est parce que lorsqu’il est question d’argent, il demeure acceptable de mettre la planète de côté. Pour qu’une entreprise, aussi engagée soit-elle, s’implique réellement du point de vue de l’écologie, il conviendrait que le plus rentable pour elle soit aussi le plus vertueux pour l’environnement. Une hypothèse dont le seul intitulé, qui implique une forme d’équivalence entre argent et avenir, suffirait à décourager le plus adhésif des militants climatiques. Si la transition écologique est si décriée c’est qu’elle est encore utopique, environnement et économie pataugeant l’un et l’autre dans des couloirs de nage distincts.

Mission impossible

Actuellement, on fait le minimum et on se congratule comme si l’on faisait le maximum. Et si l’on entend assez distinctement les individus comme les entreprises qui font le minimum, c’est parce que les autres ne se donnent même pas cette peine. La mission principale d’une société à mission reste le profit, sa raison d’être demeure sa rentabilité. Elle s’inflige juste des objectifs sociaux et environnementaux, ce qui est mieux que rien, d’autant que d’autres ne s’imposent rien, ce qui est moins que bien. Le "mieux" n’est l’ennemi du "bien" que lorsque l’argent ne s’invite pas dans l’équation. Dans la vraie vie, celle des labels et de la communication, la raison d’être demeure la vignette superficielle des entreprises qui n’en ont pas, aussi vrai que s’il est écrit "punk" ou "rock’n’roll" sur votre tee-shirt c’est que vous n’êtes, a priori, ni l’un ni l’autre.

Le "mieux" n’est l’ennemi du "bien" que lorsque l’argent ne s’invite pas dans l’équation

Il nous faut donc espérer une ambition législative forte, une action collective déterminante, plus probablement une nouvelle crise, pour transformer notre société, comme il nous faudra attendre que la Terre soit plus avare en pétrole pour que l’on en consomme moins et qu’elle en soit privée pour que l’on en consomme plus. Le choix est un luxe, faisons le bon.

Alban Castres

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