Ces derniers mois, des licornes ont dû couper dans leurs effectifs et adapter leur stratégie afin de faire face au nouveau contexte économique. Des ajustements nécessaires qui n'empêchent pas certaines entreprises d'espérer devenir des championnes mondiales de leur secteur.

C’était la boussole jusqu’ici. Les entreprises de la tech française arrivent-elles à lever des fonds ? Attirent-elles des investisseurs étrangers ? Ont-elles les moyens de mener leur hypercroissance ? Le marché porteur du financement a permis aux start-up d’enregistrer des tours de table stratosphériques entre 2020 et 2021. La France a vu se multiplier les scale-up sur son territoire et plus particulièrement les animaux tant convoités par les pouvoirs publics : les licornes, aujourd’hui au nombre de 32.

Mais depuis 2022, le vent tourne. Les fonds se montrent plus prudents. Leur nouveau mantra : s’assurer que les sociétés sur lesquelles ils misent sont capables de générer de la croissance rentable ou, au moins, de présenter des business models et des fondamentaux solides.

Ces ajustements pourraient-ils mettre en péril la croissance des jeunes entreprises et reléguer au rang de vœu pieux la volonté du gouvernement français d’atteindre la centaine de licornes d’ici à 2030 ? L’évolution du marché pourrait-elle nuire à l’innovation ? Tout dépend des entreprises et des secteurs – certains étant plus gourmands en capitaux, d’autres davantage concurrentiels, etc. Mais la France abrite encore de belles entreprises qui ont le potentiel pour devenir des champions internationaux capables de participer au regain de souveraineté économique tant souhaité.

Pour y parvenir, encourager et faciliter les levées de fonds ne suffira pas. D’autres freins pourraient mettre à mal les ambitions des entreprises et des pouvoirs publics français et européens. Le 2 février, les 27 États de l’Union européenne approuvaient l’Artificial Intelligence Act, un texte régulant l’IA au sein du Vieux Continent. Une législation inédite au niveau mondial. Si le commissaire européen Thierry Breton se félicite que les négociateurs de l’accord aient trouvé un "équilibre parfait" entre innovation et sécurité, les start-up ne l’entendent pas toutes de cette oreille.

Beaucoup déplorent de nouvelles obligations qui profiteront à la concurrence étrangère et craignent le ralentissement de l’innovation. Le chemin pour passer d’un animal fantastique à une réalité bien ancrée dans le temps est long, sinueux et discutable. Ce ne sont pas les entrepreneurs qui diront le contraire, mais c’est aussi ce qui fait tout le sel de ces aventures financières et humaines. Souhaitons à leurs entreprises de devenir ou de rester des colosses aux pieds agiles.

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