Selon le rapport annuel de Proxinvest, la rémunération moyenne des dirigeants atteint 4,5 millions d’euros, soit une hausse de 22 % par rapport à 2019. Une augmentation qui s’explique en partie par un "effet Tavares".

 

Les bonnes pratiques en matière de gouvernance sont le cheval de bataille de Proxinvest. Parmi les données sur lesquelles se penche régulièrement le cabinet de conseil en vote, celles ayant trait aux rémunérations des patrons qui font chaque année l’objet d’un rapport. Le nouvel opus, publié le 22 novembre, dévoile un nouveau record. En 2021, la rémunération totale moyenne des dirigeants du SBF 120 atteint 4,5 millions d’euros (7,9 millions pour les présidents exécutifs du CAC 40). Un chiffre en hausse de 22 % par rapport à 2019, c’est-à-dire avant la crise sanitaire.

Le poids des bonus

Pour obtenir ces données, Proxinvest valorise l’ensemble des formes de rémunération (fixe, bonus, jetons de présence, avantages en nature, stock-options, actions gratuites, etc.) attribuées au titre de l’exercice précédent. Le cabinet a comparé les résultats de 2021 avec ceux de 2019, certains patrons ayant renoncé à leurs bonus en 2020, année marquée par des confinements successifs.

Au sein du CAC 40, la rémunération moyenne atteint 7,9 millions d'euros

La hausse moyenne des rémunérations fixes a contribué à l’augmentation totale des packages (+1,5 % au sein du SBF 120 et + 4,2 % pour le CAC 40). Mais c’est surtout la croissance des bonus annuels moyens qui a pesé dans la balance. Ces variables ont crû de près de 20 % dans le SBF 120 quand ils ont flambé de plus de 33 % dans le CAC 40, "atteignant des records historiques dans chacun de ces indices".

Top 3

Le cabinet note également un "effet Tavares". Les gratifications du patron de Stellantis atteignent "un total jamais observé" par Proxinvest : 66,7 millions d’euros. Un montant à mettre en perspective avec celui présenté par la société (19,15 millions d’euros), les auteurs n’utilisant pas les mêmes modes de calcul que les groupes. Ici, par exemple, contrairement au cabinet, Stellantis lisse sur plusieurs années les sommes correspondant à la rémunération pluriannuelle de son dirigeant.

À noter que la résolution d’approbation de cette rémunération a été rejetée lors de l’assemblée générale d’avril dernier par 52,12 % des actionnaires du constructeur automobile, alors même qu’elle avait été validée l’année précédente à hauteur de 87 % des voix exprimées. Un rejet sans conséquence à ce jour, la société n’étant pas de droit français. Le secteur de l’automobile est décidément régulièrement pointé du doigt, les rémunérations de l’ancien homme fort de Renault, Carlos Ghosn, ayant été souvent dénoncées par le cabinet.

La deuxième place du classement est occupée par Bernard Charlès, patron de Dassault Systèmes, qui récolterait 44,1 millions d’euros (+114 %). Daniel Julien de Teleperformance arrive, quant à lui, en troisième position, avec une rémunération totale de 19,6 millions (+15 %). Celle-ci "se caractérise par la rémunération fixe (2,3 millions) la plus élevée du CAC 40, un bonus annuel versé à son maximum, une hausse de la valeur des actions de performance attribuées (15,1 millions) et l’écart de rémunération avec les salariés le plus important du CAC 40", précise le rapport.

Pour la première fois en huit ans, la rémunération moyenne des dirigeants du CAC 40 représente plus de 100 fois la rémunération moyenne des salariés, soit 369 fois le Smic sur une base 39 heures. Dans le détail, 29 patrons dépassent ce plafond contre 24 en 2019. Un seuil socialement acceptable qui, selon Proxinvest, ne devrait pas être franchi. Les derniers chiffres pourraient bien donner du grain à moudre aux défenseurs d’une société davantage égalitaire, à l’heure où l’inflation pèse sur le pouvoir d’achat des Français.

Olivia Vignaud