Plus d’un quart des mandats d’administrateurs arrivent à échéance en 2024, selon OFG. Quarante-huit présidents et vice-présidents sont concernés, 19 ont plus de 70 ans. Ce qui pose la question du renouvellement générationnel des boards.

Tous les ans, la saison des assemblées générales est l’occasion de questionner certains éléments de gouvernance des grandes sociétés cotées. En 2024, 29 % des mandats d’administrateurs du CAC 40 et 27 % de ceux du SBF 120 (hors CAC 40) arrivent à échéance, selon les chiffres publiés le 19 janvier par OFG dans son rapport annuel sur "L’enjeu des AG". Jusque-là rien d’exceptionnel. Toutefois, la société de recherche met en avant un chiffre qui pourrait alimenter les débats sur les profils des administrateurs et plus particulièrement ceux situés tout en haut des organigrammes. "Cette année, il y a un vrai sujet de rajeunissement : parmi les 48 présidents et vice-présidents dont le mandat arrive à échéance en 2024, 19 d’entre eux (40 %) ont plus de 70 ans", souligne Olivia Flahault, cofondatrice d’OFG.

Autant de cas de figure que de dirigeants

Dans le détail, 23 présidents du SBF 120 (hors CAC 40) voient leurs mandats arriver à échéance. OFG compte garder un œil sur ceux qui seront très prochainement atteints par la limite d’âge statutaire. C’est le cas de Pierre Pasquier qui, à 89 ans, devrait quitter son siège de président chez Sopra Steria, le jour de son anniversaire, soit en août 2024. Mais aussi celui de Jérôme Brunel de chez Genica. "Il aura 70 ans, l’âge limite pour un président ; il pourrait occuper la fonction quelques mois de plus" mais pas davantage.

Autre typologie d’administrateurs : ceux qui peuvent être renouvelés mais qui ne pourront finir leur mandat de président, sauf à modifier les statuts du groupe. Parmi les concernés, Michel de Rosen chez Forvia, qui aura 73 ans cette année alors que les statuts limitent l’âge du président – nommé pour 4 ans – à 75 printemps. En ce qui concerne ceux qui pourront se représenter une dernière fois : Thierry de la Tour d’Artaise qui repartira pour un nouveau mandat ou cédera sa place après 25 ans de présidence chez Seb.

Est également citée dans le rapport Anne-Marie Couderc pour qui l’âge statutaire du président d’Air France-KLM devra évoluer afin que Florence Parly puisse se préparer à prendre sa suite d’ici un an. Certaines entreprises profiteront-elles de cette année pour introduire du sang neuf dans leur gouvernance ? La société de recherche pose la question en ce qui concerne Jean-François Roverato d’Eiffage, qui fêtera ses 80 ans en 2024.

Une question stratégique

La question de l’âge est un sujet complexe. S’il semble évident qu’introduire de la diversité à tous les niveaux dans les profils des personnalités qui siègent dans les conseils d’administration s’avère une bonne pratique, le cas des présidents reste un peu particulier. Il s’agit souvent de personnalités avec beaucoup d’expériences, ce qui ne tire pas la moyenne des âges vers le bas. Ils peuvent avoir déjà été aux manettes opérationnelles de l’entreprise et être restés président afin d’assurer la continuité avec le nouveau directeur général. Ils peuvent aussi venir de l’extérieur pour apporter un regard senior neuf et objectif.

Dans le cas des entreprises familiales les enjeux de long terme et de transmission sont également importants, ce qui explique que certains membres de la famille restent longtemps en poste. Dans d’autres groupes, les départs de patrons emblématiques ne sont pas toujours souhaités puisqu’ils incarnent souvent la marque, sauf à ce que l’organisation ait besoin d’un nouveau souffle. Les configurations sont multiples. Il appartient à chaque société de choisir les noms qu’elle soumet aux votes des actionnaires lors des AG. Aux investisseurs d’analyser chaque renouvellement ou nomination de manière à prendre la décision la plus en adéquation possible avec les profils des sociétés et des candidats.

Olivia Vignaud