Certaines personnes parlent peu et agissent beaucoup. C’est le cas d’Axelle Lemaire qui, des ors de la République aux conseils d’administration ne cesse de faire bouger les lignes. Elle a pris ses fonctions de directrice Responsabilité d’entreprise et développement durable chez Sopra Steria en octobre et a intégré officiellement le comité exécutif le 1er janvier 2024.

Passage du public au privé, carrière dans des grands groupes, parcours international, réalisations concrètes à mettre en avant. Sur le papier, le parcours d’Axelle Lemaire a tout pour enthousiasmer les employeurs. Le gagnant est Sopra Steria, 53 000 salariés, qui a annoncé en octobre son recrutement au poste de directrice Responsabilité d’entreprise et développement durable. Sa feuille de route, détaillée par le directeur général Cyril Mallargé, est la suivante : "Approfondir les actions du Groupe en faveur de l’environnement, de l’inclusion numérique et de l’ouverture sociale". Un poste qui semble taillé sur mesure.

Environnement international

Fille d’un universitaire québécois et d’une Française, elle passe son enfance à Hull, ville limitrophe d’Ottawa. C’est à 16 ans seulement qu’elle s’installe en France. Son parcours universitaire est international : Sciences Po Paris puis deux masters de droit, l’un à Assas, l’autre au King’s college de Londres, ville où elle commence sa vie active.

De 2007 à 2011, elle devient collaboratrice du député travailliste britannique Denis McShane et s’engage au PS dont elle dirige la section dans la capitale britannique. En 2012, elle profite d’une réforme constitutionnelle donnant naissance aux députés des Français de l’étranger et se fait élire dans la troisième circonscription qui regroupe les îles britanniques ainsi que les pays baltes et scandinaves.

Architecte de la French Tech

À l’Assemblée nationale, sa force de travail, son absence de sectarisme et sa volonté de concilier politique sociale et business sont reconnus par tous, y compris l’opposition. Ses sujets de prédilection ? L’égalité homme-femme dans le monde du travail et la tech. Elle se fait notamment remarquer en publiant un rapport sur la stratégie numérique de l’Union européenne avec le député de droite Hervé Gaymard.

En avril 2014, elle est nommée secrétaire d’État en charge du Numérique et de l’Innovation, poste qu’elle occupera jusqu’en février 2017. C’est sous sa direction que la France devient peu à peu une "start-up nation", terme qui sera repris par Emmanuel Macron. En silence, elle innove. L’essor du label French Tech ? C’est elle. La loi de janvier 2016 sur la République numérique ? C’est elle aussi. Ce texte clé prévoit notamment une meilleure protection des données personnelles ou encore l’accélération de la couverture du haut débit sur tout le territoire. Une réforme qui lui vaudra le prix européen "Innovation in Politics" en 2017.

La loi sur la République numérique lui vaudra le prix "Innovation in Politics" en 2016

Passage au privé

Balayée par la vague macroniste, celle qui a préféré rester fidèle au parti à la rose bifurque vers le privé. En février 2018, elle intègre le bureau parisien de Roland Berger où elle décroche un poste taillé sur mesure. Il s’agit de prendre la direction de Terra Numerata qu’elle décrit ainsi dans une interview aux Échos : "Un écosystème d’innovation qui se veut ouvert que j'animerai et développerai avec des partenaires start-up, incubateurs, fonds d'investissement et grands groupes. » L’objectif est « d’insuffler une véritable ambition pour faire émerger des champions européens du numérique en plus de ce que nous faisons aux États-Unis et en Asie".

Après quatre années dans le groupe français, sa capacité à concilier transformation digitale et avancées sociétales ont attiré la Croix rouge qui l’a recruté comme directrice déléguée à la Stratégie, la Transformation et l’Innovation en janvier 2022. C’est son action dans le monde associatif qui a attiré Sopra Steria, où Axelle Lemaire appliquera son mantra : Innover, innover et innover.