L’ancienne ministre est depuis cet automne associée chez Tilder où elle renoue avec son ancienne carrière de communicante. Elle reste toutefois attachée aux causes qui l’ont fait entrer en politique, notamment la mise en avant de femmes aux postes de direction.

La politique, c’est comme le sparadrap sur le nez du capitaine Haddock, impossible de s’en débarrasser. Le téléphone de Marlène Schiappa peut en témoigner. Plusieurs fois par semaine, il vibre de messages de journalistes désireux de l’interroger sur l’actualité. En vain puisqu’elle travaille désormais dans le conseil et ne souhaite, pour le moment, s’exprimer que sur sa nouvelle carrière.

Entrepreneuse méconnue

Une nouvelle carrière qui n’en est pas vraiment une. Lorsque, le 12 novembre, les rédactions reçoivent un communiqué annonçant sa nomination comme associée chez Tilder, la presse évoque une reconversion inattendue. "En réalité, c’est plutôt un retour aux sources", précise celle qui a quitté le gouvernement en juillet. Tilder est une société d’une trentaine de collaborateurs spécialisée dans la communication corporate, les affaires publiques, la relation médias et la communication de crise.

Un secteur familier pour Marlène Schiappa qui a commencé son parcours professionnel chez Euro RSCG avant de créer, en 2007, sa propre agence baptisée Scribes : "Nous accompagnions la communication de personnalités en concevant, notamment, du contenu sur MSN actualités ou Yahoo. Nous étions à l’époque parmi les pionniers du brand content." Ses clients sont des membres du showbiz mais aussi des patrons comme Michel-Édouard Leclerc. En 2012, elle se met à son compte pour accompagner de grands groupes tels que Carrefour, La Poste, la SNCF dans leur politiques internes visant à favoriser l’égalité femmes-hommes.

Un parcours peu connu du grand public. « Lorsque j’ai intégré le gouvernement, les biographies m’ont qualifiée de blogueuse ou de responsable associative, ce que j’ai été également. Si j’avais été un homme, on m’aurait qualifiée d’entrepreneur », déplore Marlène Schiappa qui évoque une « présomption d’incompétence ».

"Lorsque j'ai intégré le gouvernement, les biographies m'ont qualifiée de blogueuse ou de responsable associative, ce que j'ai été également. Si j'avais été un homme, on m'aurait qualifiée d'entrepreneur"

Entre deux eaux

Si le retour de Marlène Schiappa dans le secteur du conseil n’était pas prévu, elle souhaitait de longue date ne pas dépendre uniquement de la politique. "Dès 2020, j’ai demandé à Alexis Kohler, secrétaire général de l’Élysée, de quitter le gouvernement, la demande a été rejetée." À l’époque, elle souhaite vivre à New York et glisse avoir postulé au poste de consul de France. Elle passe l’intégralité du quinquennat au gouvernement comme secrétaire d’État chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes et la lutte contre les discriminations puis Ministre déléguée chargée de la Citoyenneté. Lors de la réélection d’Emmanuel Macron, c’est la quille !

Elle en profite pour plancher sur un nouveau projet de reconversion : "Une agence de notation ESG spécialisée dans les inégalités de genre en entreprise." Elle monte le business plan, dépose les statuts mais est rappelée au gouvernement en juillet 2022. Pendant un an, elle est en charge de l’Économie sociale, solidaire et de la vie associative. À l’été 2023, elle quitte le gouvernement lors du remaniement. "Il était trop tard pour l’agence de notation, ce n’était plus le bon timing."

C’est à ce moment qu’elle décide de retourner dans le conseil. Publicis, dont le poste de vice-président est occupé par Clément Léonarduzzi, ancien conseiller du Président, lui tendait les bras. C’est finalement vers Tilder, plus petite structure, qu’elle décide de voguer. "J’ai été séduite par le discours du président et fondateur Matthias Leridon qui a trouvé les mots justes pour me convaincre et me laisse beaucoup d’autonomie."

Mettre les femmes à l’honneur

Chez Tilder, Marlène Schiappa peut continuer à développer des missions qui lui tiennent à cœur, notamment l’aide aux femmes dirigeantes. "Avec Charlotte Euzen, également associée, nous sommes en train de monter une offre d’accompagnement destinée aux femmes niveau Comex/ Elle comprendra des solutions sur mesure basées sur du média training, de la com interne et externe." Selon elle, les femmes dirigeantes ont des problématiques différentes et doivent être aidées différemment de leurs confrères masculins. "Mais attention à ne pas tomber dans l’essentialisation, pour tous les dirigeants le seul juge est le niveau de performance de l’entreprise", avertit la communicante. Elle aussi, se sait attendue sur son niveau de performance.

Lucas Jakubowicz