Depuis un an, Les Entreprises s’engagent se structure pour aider les dirigeants dans leurs actions en faveur de la société et de l’environnement. Cette communauté, portée par l’État et le secteur privé, invite les patrons à se rencontrer et à se montrer proactifs à travers sa plateforme. Sylvain Reymond, directeur général de ce groupement d'intérêt public, nous en parle.

Décideurs. Vous venez de publier avec OpinionWay un baromètre sur l’engagement des entreprises. Quels enseignements en tirez-vous ?

Sylvain Reymond. Nous sommes assez rassurés car, globalement, les résultats sont plutôt conformes à nos intuitions. Plus de 9 dirigeants sur 10 estiment qu’il est de leur ressort de s’engager sur les sujets environnementaux et sociaux. C’est très important car l’étape de la prise de conscience a été franchie. En outre, ces deux sujets ne sont plus opposés mais traités davantage ensemble. Par ailleurs, 57 % des entreprises mettent en place des actions concrètes. Pour nous, l’essentiel est qu’elles agissent et progressent avec le temps. En revanche, si les entreprises s’accordent sur le fait qu’elles doivent aller plus loin (à hauteur de 85 %), nous constatons que toutes n’arrivent pas à aller au bout de leurs idées. Parmi les freins : le manque d’information et de moyens financiers et humains. Les dirigeants n’ont pas tous compris que l’engagement était d’abord et avant tout un investissement.

Comment proposez-vous aux entreprises de s’engager ?

L’entreprise arrive sur notre plateforme et déclare vouloir s’engager. Nous proposons plusieurs thématiques à travers un parcours individualisé et digitalisé. Par exemple, si elle veut recruter tant de personnes via un contrat emploi jeune, nous allons la mettre en lien avec Pôle emploi. Nous la recontactons au bout de six mois puis d’un an pour faire le bilan. Par ailleurs, chaque mois, partout en France, des actions sont menées à travers nos clubs départementaux qui réunissent les entreprises, les services de l’État et les organisations œuvrant pour le bien commun et permettent de  passer collectivement à l’action.

"Notre objectif : que les entreprises redeviennent plus proactives et ne subissent plus les normes"

Comment les entreprises envisagent-elles l’engagement ?

Elles sont passées par plusieurs cycles. Il y a 30 ans, elles se sont montrées entreprenantes sur les sujets de mécénat et de développement durable puis, progressivement, le cadre a commencé à être très normé et contraignant. Ensuite, elles se sont lancées volontairement sur les sujets de responsabilité sociale et environnementale avant de se faire à nouveau rattraper par les normes, labels et autres certifications. Nous sommes actuellement au début d’un troisième cycle, notamment depuis la loi Pacte qui incite entre autres les sociétés à définir leur raison d’être. Notre objectif : que les entreprises redeviennent plus proactives et ne subissent plus les normes. C’est pour cela que nous ne parlons pas de RSE mais d’engagement. Nous devons les encourager et valoriser leurs progrès.

Comment faites-vous pour faire travailler ensemble des mondes qui souvent ne se parlent pas ?

Parfois, on avait tendance à mettre dos à dos la puissance publique et le secteur privé. Or, quand on fait face à des défis qui nous dépassent, le véritable enjeu est de coaliser, de recréer le dialogue entre les entreprises et l’État mais aussi entre les entreprises, même lorsqu’elles sont concurrentes. Cela peut paraître théorique voire utopique mais il suffit d’aller dans les clubs départementaux que nous animons pour observer que des acteurs qui avaient du mal à se parler font équipe pour mener des actions et aller au-delà des clivages.

L’enquête met en avant un défaut d’information concernant les dispositifs existants. Comment améliorer les choses ?

Notre rôle consiste à faire le lien entre la boîte à outils existante et ce que veulent les entreprises. Dans la plupart des cas, une solution existe. Sur notre plateforme, par exemple, nous appelons les dispositifs avec des noms simplifiés. Il convient de faire de la pédagogie si nous voulons que les entreprises s’en servent. Nous devons essayer de faciliter l’accès aux dispositifs d’engagement. Quand on parle d’ESG et de RSE, on perd facilement les TPE et PME. Le rôle de l’information s’avère très important car beaucoup d’entreprises passent à côté de dispositifs publics gratuits. Nous devons aussi partir de l’activité des sociétés pour ne pas être déconnectés et savoir comment elles peuvent innover, recruter et apporter quelque chose à la société.

Propos recueillis par Olivia Vignaud