Les entreprises devraient augmenter de 4,7 % les rémunérations fixes de leurs salariés, selon un observatoire publié par LHH. Un chiffre record, porté notamment par l’industrie, qui doit arriver à motiver les troupes.

Les entreprises ont pris la mesure de l’inflation. Alors qu’il était annoncé à 4 %, le budget médian dédié aux revalorisations salariales atteint les 4,7 % pour 2023, selon l’observatoire du cabinet de conseil en ressources humaines LHH. Un record par rapport aux dix années écoulées. À titre de comparaison, en 2022 le budget NAO (négociation annuelle obligatoire) médian se situait à 3 % et l’année précédente à 1,45 %.

"Étant donné que les NAO sont majoritairement actées au premier trimestre, quand la crise du Covid est arrivée en mars 2020, les budgets étaient souvent déjà alloués, souligne Delphine Landeroin, directrice de projet rémunération chez LHH. En 2021, les entreprises ont accusé les effets de la crise sanitaire avec un niveau de budget médian des plus bas en 10 ans de 1,45 % puis la conjoncture a évolué et, pour cette année, les budgets ont été négociés en prenant en compte l’inflation."

Des efforts sur plusieurs fronts

Certes la hausse des prix ne sera pas totalement compensée par ces révisions. Toutefois, les entreprises ne se concentrent pas uniquement sur les salaires fixes. "Il faut prendre les choses dans leur ensemble, précise Delphine Landeroin. Les entreprises ont subi l’augmentation des coûts de production. Néanmoins face à la problématique du pouvoir d’achat en 2022, elles ont envoyé un signal, par les salaires mais aussi en allouant d’autres avantages comme les tickets restaurant ou à travers d’autres éléments de rémunération comme la prime de partage de la valeur." Pas de quoi lisser l’inflation mais redonner un peu de pouvoir d’achat aux salariés.

Certains secteurs se montrent plus généreux que d’autres

Toutes les sociétés n’ont pas pu faire de geste et certains secteurs se montrent plus généreux que d’autres. C’est le cas de l’industrie des produits et biens d’équipement qui se démarque avec un taux médian record de 5 %. "On observe cette tendance à la hausse depuis deux-trois ans car le secteur a un fort besoin d’attirer et retenir les salariés. Il y a beaucoup de tensions sur les métiers techniques et de hautes technologies", commente Delphine Landeroin. L’industrie fait donc mieux que le secteur tertiaire financier (4,7 %, contre 2,5 % en 2022). Toutefois, ce domaine est connu pour mettre l’accent sur les variables. Une hausse de 4,7 % pour les fixes n’est donc pas non plus anodine.

Des augmentations pour tous

Toujours pour 2023, les augmentations générales – qui avaient marqué le pas avec la crise – sont privilégiées par les entreprises. Les ouvriers, employés, techniciens et autres agents de maîtrise en bénéficient dans trois entreprises sur quatre, pour un taux médian de 4 %. Tandis que les cadres sont concernés dans 2 entreprises sur trois, pour un taux record de 3 %.

Dans l’industrie, les chiffres sont également à la hausse, avec des taux inédits tant pour les ouvriers (5 %) que pour les cadres (4 %). "Les augmentations collectives attribuées à 100 % des salariés permettent aux employeurs qui les ont pratiquées de concrétiser un effort commun pour l’ensemble des collaborateurs mais les augmentations ciblées resteront nécessaires car elles permettent de reconnaître les contributions individuelles et de retenir les collaborateurs", précise Delphine Landeroin.

Et pour l’an prochain ? Le taux médian des NAO est attendu à 3,5 %. "Les premières prévisions se rapprochent du niveau des pratiques de 2022 et témoignent du caractère exceptionnel des 12 derniers mois pour les entreprises, avec une perspective de ralentissement progressif de l’inflation", note l’étude. L’industrie devrait toujours tirer son épingle du jeu (3,75 %). Cette tendance aidera-t-elle le gouvernement à rendre l’industrie française davantage attractive aux yeux des collaborateurs et du monde entier ?

Olivia Vignaud