En janvier 2023, le nouveau PDG de Demos, Wei Lu, a confié à Gaël Salomon la mission de transformer l’entreprise qui battait de l’aile depuis plusieurs années. En mars 2023, Virginie Prouff l’a rejoint en tant que directrice des ressources humaines. Six mois se sont écoulés et les résultats de cette transformation d’envergure sont visibles. Retour sur ce travail d’équipe.

Décideurs. Gaël, quel était le contexte lors de votre prise de fonction ?

Gaël Salomon. Les changements successifs de direction connus chez Demos ont causé de grandes pertes de talents et de chiffres. Le dialogue social a été très affecté par ces nombreux changements. Il y a eu trop de promesses non tenues. Mon objectif est clair : Demos doit retrouver son identité sur le marché. J’ai tout fait pour communiquer de façon transparente, mais l’accueil des élus est resté glacial car ils n’ont pas suffisamment bénéficié d’écoute, et je les comprends. En mars, j’ai eu la chance de gagner le soutien de Virginie qui est arrivée en tant que directrice des ressources humaines.

Virginie, quelle position avez-vous adoptée ?

Virginie Prouff. J’ai la chance d’avoir une double casquette de juriste, de formation, et de DRH. Cela peut s’avérer être un plus pour s’affirmer dans des contextes tendus. J’avais la volonté d’échanger avec l’ensemble des IRP, aller à leur contact, créer une nouvelle dynamique. Il était également indispensable d’affirmer que je n’achèterais pas la paix du dialogue social à tout prix. Dire non lorsqu’il le faut s’avère indispensable. Plutôt que plaire, je préfère afficher de la constance et créer un lien de confiance.

Concrètement, qu’avez-vous mis en place ?

G. S. L’un des premiers axes de travail a consisté à revoir l’ensemble de la politique de rémunération. Nous avons économisé sur les gros salaires pour réévaluer les plus petits. Cela était nécessaire pour obtenir des grilles de rémunération viables et justes.

V. P. Il nous fallait établir un agenda de réunions et d’échanges réguliers avec les représentants du personnel et tenir les échéances indiquées. Ne pas simplement s’en tenir aux échanges légaux. Ma détermination à créer davantage de lien a également permis que le dialogue social s’améliore.

Percevez-vous dès à présent des évolutions au sein de l’entreprise ?

G. S. Même si nous ne sommes pas encore parvenus à effacer les dettes financières de la période 2020-2022, Demos se redresse. En 2024, l’entreprise devrait être de nouveau rentable. Concernant les collaborateurs, malgré le scepticisme légitime de certains, nous sommes parvenus à établir un rapport de confiance. Ils ont pu constater que nos paroles sont suivies d’actes ! Par ailleurs, aucune « casse sociale » n’a eu lieu, aucun PSE n’a été envisagé. Cela représente un signal fort de confiance pour les collaborateurs.

Comment vous assurez-vous que ces changements se poursuivent sur le long terme ?

G. S. Notre stratégie se veut pérenne. Nous privilégions des projets concrets comme la refonte d’un nouveau site web et un nouvel ERP. Nous sommes également lucides concernant le fait qu’il faut du temps pour que certains projets portent leurs fruits et avançons donc étape par étape.

V. P. Pour s’assurer de cette pérennité sur le long terme, nous avons à cœur d’embarquer les membres de la direction dans cet objectif de restaurer le dialogue social. Parler d’une seule voix, constituer un collectif, nous permet d’avancer et de voir loin.

Un conseil pour les entreprises qui se transforment ?

G. S. Dialogue, justesse et sincérité.

V. P. Oui, j’ajouterais à ces éléments indispensables qu’il faut trouver une bonne cohésion d’équipe.

Propos recueillis par Elsa Guérin