Le 15 novembre 2021, EDF signait l’accord collectif TAMA "Travailler autrement, manager autrement" dont l’objectif était de capitaliser sur les enseignements de la crise sanitaire en définissant un cadre de cohérence, porteur de performance et d’attractivité. Didier Vésiez, ex-directeur du dialogue social, revient sur le projet et en souligne ses ambitions.

Décideurs. Vous avez instauré fin 2021 l’accord collectif  "Travailler autrement, manager autrement" (TAMA). Quelle en était la nécessité ?

En amont de la crise sanitaire, en réponse aux expressions des salariés dans le baromètre "My EDF", des managers avaient développé des pratiques nouvelles reposant sur davantage de responsabilisations des collectifs.

Dès mars 2020, nous avons négocié et signé avec les quatre organisations syndicales (CFDT, CFE-CGC, CGT et FO) un accord de relance d’activité afin de pouvoir pleinement mesurer les effets du confinement sur les relations de travail et en tirer des enseignements. En août 2020, un accord de méthode unanime permettait aux différents de métiers d’EDF d’expérimenter de nouvelles modalités de travail et de développer une démarche de responsabilisation et d’autonomie des équipes.

Avec les résultats obtenus grâce à ces deux accords, nous avons pu élaborer un projet managérial porté par le Comex de l’entreprise début 2021. Ce projet s’est traduit par la signature de l’accord TAMA le 15 novembre 2021 par le PDG Jean-Bernard Lévy ainsi que la CFDT, la CFE-CGC et FO.

En quoi consiste-t-il ?

L’accord TAMA responsabilise les équipes sur leurs modes de fonctionnement dans une démarche d’amélioration continue, conciliant performance et bien-être. Il vise en premier lieu à retisser du lien collectif et de la cohésion sociale, sujet très attendu par les salariés. Par ailleurs, cet accord promeut également la santé-sécurité avec une attention particulière concernant un usage équilibré et maîtrisé du numérique. Il favorise aussi le développement de solutions de mobilité moins carbonées. Conclu pour une durée de quatre ans, il est applicable à tous les salariés d’EDF SA. De nouvelles modalités de travail sont proposées à travers une déclinaison adaptée aux spécificités des différents métiers et directions. Des organisations de travail plus souples génèrent davantage de performances collectives.

"L’accord TAMA responsabilise les équipes sur leurs modes de fonctionnement"

Deux ans se sont écoulés depuis la mise en place de l’accord TAMA. Quels résultats avez-vous pu mesurer ? Quelles sont les perspectives d’évolution ?

Tous les collectifs de travail ont mis en place des projets d’équipe selon le calendrier de déploiement qui était prévu, en étant appuyés par un puissant dispositif d’accompagnement, notamment avec des relais TAMA dans chaque métier.

Le passage par les collectifs de travail et les projets d’équipe se sont révélés pertinents. Au-delà du "travailler autrement" qui s’est rapidement généralisé (rites et rythmes d’équipe, télétravail…), l’observation des meilleures pratiques montre que la mise en œuvre de TAMA modifie positivement le rôle, la place et la légitimité des managers. Il conduit aussi à développer, par le système de valeurs et de management qu’il promeut, de nouvelles normes sociales : confiance, autonomie, responsabilisation, coopération.

On observe également un effet positif sur le dialogue social : objet plutôt consensuel pour les partenaires sociaux, TAMA est un accord innovant dans la manière dont il se déploie, à travers des Observatoires (métiers et entreprises), dans lesquels se réunissent organisations syndicales signataires et représentants de la direction qui veillent à la mise en œuvre, à l’échange des bonnes pratiques et préparent la suite après l’accord. En effet, prévu pour une durée de quatre ans, l’accord TAMA prendra fin en 2025.

Propos recueillis par Alexis Ellin