Créée dans les années 1960, l’épargne salariale n’a pas encore réussi à gagner la popularité qu’elle mérite. La loi Pacte, portée par Bruno Le Maire, a pour ambition d’y remédier.

Seulement 131,5 milliards d’euros étaient consacrés aux plans d’épargne salariale au 31 décembre 2017 contre 1 700 milliards d’euros pour les contrats d’assurance-vie d’après l’Association française de la gestion financière (AFG). Pourtant, selon les chiffres 2018 du Monde Argent, 72 % des salariés français estiment que c’est un bon placement. 

De nombreux facteurs expliquent ce décalage : le rapport des Français à l’épargne, leur méconnaissance des systèmes financiers, leur désintérêt pour le sujet de la retraite, la méfiance des organisations syndicales… Auxquels s’ajoutent des aspects plus pratiques. Claire Castanet, directrice des relations avec les épargnants de l’Autorité des marchés financiers (AMF), expliquait ainsi au Monde en juin 2018 qu’il « faut être pragmatique. Certaines personnes, qu’elles aient de l’appétence ou non pour le placement financier, n’ont pas le temps de le gérer alors qu’elles ont besoin de cette épargne sur le long terme ». Tout simplement. 

Le plan d’action pour la croissance et la transformation des entreprises (Pacte) porté par Bruno Le Maire, ministre de l’Économie et des Finances, entend bien modifier cet état de fait. Il projette d’inciter toutes les PME à proposer des mécanismes d’épargne salariale à leurs collaborateurs. La première mesure touche au nerf de la guerre : la fiscalité. Elle prévoit une exonération du paiement du forfait social, qui s’élève aujourd’hui à 20 %. Pour les entreprises de moins de 250 salariés, le forfait est supprimé lors du versement de l’intéressement. Pour celles de moins de 50, l’exonération est globale : intéressement, participation et abondement. Au cœur du projet également, la simplification des produits, notamment de retraite, de même que l’incitation des épargnants à prendre davantage de risques.  

S’il est difficile d’estimer l’impact réel qu’auront ces réformes, les acteurs du secteur sont dans l’ensemble plutôt enthousiastes et comptent bien profiter de l’élan impulsé par la loi pour évangéliser les Français sur ces produits qu’ils délaissent. Car il y a d’ores et déjà une certitude : la clé se situe très certainement dans la qualité de l’information et une pédagogie soignée pour faire comprendre aux salariés les vertus du système. 

Marie-Hélène Brissot