Le marché immobilier, comme les autres, est régi par le principe de l’offre et de la demande, lui-même pouvant être manœuvré par différents facteurs, notamment les variations des taux d’intérêt. Ces derniers temps, ils  progressent et les prix de l’immobilier parisien en ont subrepticement été affectés. Explications.

La hausse des taux d’intérêt a pour effet de réduire la capacité d’emprunt d’une partie des acquéreurs qui, repoussant leur projet à plus tard, se retrouvent exclus du marché de l’immobilier. Cette demande en moins agit directement sur l’offre qui se résigne à moins de concurrence, entraînant une légère baisse des prix. Mais la réalité est plus complexe.

Relativité

En vérité, le prix de votre appartement ne baisse pas, ni ne progresse, mais demeure celui auquel vous l’avez acheté, jusqu’à ce que vous le vendiez à un montant qui deviendra son prix, jusqu’à sa vente suivante. À ce titre, il n’est pas inopportun de rappeler que si les prix de l’immobilier parisien ont régressé en moyenne de 1,3 % sur un an, ils ont progressé de 17 % sur cinq ans. Il convient, en outre et pour relativiser ce léger recul, de souligner que l’on s’inquiétait d’un prix moyen au mètre carré de 7330 euros en 2010. Si vous avez acquis votre appartement en 2010 et malgré la baisse de prix de cette dernière année, votre appartement n’a, dans la réalité, pas perdu de valeur puisque vous le revendrez presque 40 % plus cher que vous ne l’avez acheté. Mais ce n’est pas tout.

Réalité

En cas de mise sur le marché, un agent immobilier vous expliquera qu’il n’a pas de boule de cristal avant d’estimer le prix de votre bien, généreusement, pour s’assurer de récupérer un mandat car, depuis que certaines agences proposent des honoraires fixes autour des 5 000 euros, il est devenu délicat d’en exiger 25 000 à prestations comparables. Sympathique plus que sérieux, Stéphane Plaza ayant imposé sa griffe au secteur, l’agent aura bien du mal à vendre votre appartement au prix qu’il vous aura garanti et, le temps faisant son œuvre, vous vous résoudrez à revoir vos prétentions à la baisse car, n’est-ce pas, quand on met son appartement en vente c’est pour le vendre. Si vous cédez votre appartement moins cher que prévu, son estimation est peut-être en cause. En outre, de la même manière qu’en situation d’offre faible, le vendeur a la main, en période de demande faible, l’acquéreur la reprend. S’il a l’impression de faire une affaire, ça ne signifie pas que vous en faites une mauvaise. Mais il y a autre chose.

La rareté de l’offre ne peut être parfois qu’une conséquence de l’accroissement de la demande

Sophisme

La rareté de l’offre ne peut être parfois qu’une conséquence de l’accroissement de la demande. Prenons un pot de moutarde : il suffit que l’on nous en prédise la pénurie pour que tout le monde se précipite dans les supermarchés pour s’en constituer des stocks. Pour les appartements c’est pareil, toute proportion gardée. Un mètre carré parisien est plus cher qu’un mètre carré lillois mais imaginons que les autruches remplacent les pigeons, dans les mêmes proportions, à Paris, la capitale deviendrait proprement invivable. Lassés d’être contraints de slalomer entre ces volatiles, les Parisiens se tourneraient vers d’autres métropoles, Lille y compris, sans que l’offre en logements ne puisse répondre à cet exode. Les prix s’en retrouveraient considérablement majorés. C’est le jeu.

Hors invasion d’autruches donc, si les prix baissent ici, ils baisseront vraisemblablement là, et si la valeur de votre logement diminue, il y a de fortes chances que celle du bien que vous convoitez diminue aussi. Alors si le prix de votre appartement baisse et que vous n’êtes pas marchand de biens, tout est peut-être redoutablement normal.

Alban Castres