Le développement durable est partout : de la maison au bureau, l’écocitoyenneté s’impose. La loi de finances pour 2010 a mis en avant deux tendances impératives : celle d’un habitat plus écologique et celle d’un immobilier locatif mis au vert. Un phénomène repris et amplifié par les professionnels de la pierre.

Le développement durable est partout : de la maison au bureau, l’écocitoyenneté s’impose. La loi de finances pour 2010 a mis en avant deux tendances impératives : celle d’un habitat plus écologique et celle d’un immobilier locatif mis au vert. Un phénomène repris et amplifié par les professionnels de la pierre.

Au Royaume-Uni, de grands groupes tels que Barclays, HSBC ou Goldman Sachs, ont engagé des démarches vers la réduction de leurs émissions de CO2. Pour cela, ces firmes se sont lancées dans de grands plans de rénovation de leurs biens immobiliers. Certaines se lancent même dans la construction de bâtiments « neutres » en émission de CO2.

En France, les entreprises sont encore un peu frileuses. Mais, grâce au Grenelle de l’environnement qui a offert la possibilité d’étendre les certificats d’économie au secteur tertiaire, les sociétés françaises devraient rattraper leur retard. Les objectifs sont ambitieux. Dans le cadre de l'accord Paquet « énergie climat » la France devra avoir réduit ses émissions de gaz à effet de serre (GES) de 20 % d'ici 2010. Pourtant, une question reste posée. Qui supportera le coût des aménagements requis par la législation ?


L’état joue pleinement son rôle.

Si les entreprises ne sont pas contre l’idée de participer à ce mouvement, elles attendent de savoir à quelle hauteur elles pourront déduire ces investissements. La réponse sera donnée lors du vote du Grenelle II en juin 2010. Mais, sauf surprise majeure, l’état devrait largement participer à cet effort. Malgré un déficit record, le budget de cette année accentue un peu plus sa démarche environnementale.
Doublement du prêt à taux zéro (PTZ) dans le neuf, dispositif d’investissement locatif Scellier, création du Pass foncier, crédit d’impôt sur les intérêts d’emprunt, etc. Pour le secteur de l’immobilier, 2010 est l’année de « l’écoperfusion ». Quitte à aggraver la situation des finances publiques, déjà sinistrées.
Le doublement de l’éco-prêt à taux zéro sera maintenu six mois supplémentaires alors qu’il devait initialement prendre fin en décembre 2009. Au 30 juin 2010, l’éco-PTZ bénéficiera d’une majoration de 50 % jusqu’au 31 décembre, soit un crédit de 48 750 euros maximum, contre 32 500 euros aujourd’hui.
Pour s’assurer de l’efficacité de ces ristournes, la loi de finances 2010 prévoit de diminuer progressivement le taux de la réduction d'impôt applicable aux logements qui ne présentent pas un niveau de performance énergétique globale supérieur à celui imposé par la réglementation thermique obligatoire. Au-delà de 2012, la norme BBC deviendra obligatoire et le taux de la réduction sera uniforme à 15 %


L’immobilier : l’un des secteurs les plus pollueurs.

Mais l’état n’investit pas massivement dans l’immobilier par hasard. En France, le bâtiment représente 43 % de la consommation d’énergie et 27 % des rejets nationaux de CO2. La « verdisation » de ce secteur est donc indispensable si le gouvernement veut atteindre les objectifs qu’il s’est fixés  dans le cadre de l’accord Paquet « énergie-climat ».

Avec 190 millions de mètres carrés de bureaux dans l’Hexagone, l’immobilier tertiaire est responsable d’environ 20 % des émissions de GES. Fin 2009, les pouvoirs publics se sont interrogés sur les outils d’encouragement à la culture environnementale à la fois dans le neuf et dans l’existant. De ces réflexions est né le green lease.
Il s’agit d’un bail commercial qui va pour la première fois prendre en compte la performance environnementale entre un bailleur et un locataire. Cet outil juridique prévoit contractuellement une réduction de la consommation électrique, des GES et un tri des déchets.
L’enjeu pour l’utilisateur est double : amélioration du bien-être et réponse aux attentes exprimées. Pour le propriétaire, l’attractivité pour de futurs locataires s’en trouve améliorée et ses actifs valorisés ! En septembre dernier, le cabinet d’avocat Herbert Smith a lancé le premier bail commercial environnemental. à la clé sont promis des effets positifs sur les taux d’occupation et sur les prix de vente.


Le prometteur secteur de la construction.

Mais le « verdissement » des immeubles a un coût. Selon une étude sur le bâtiment vert réalisée par l’Université de Californie Berkeley, le prix de vente d’un immeuble écologique serait 16 % plus élevé que celui d’un immeuble traditionnel. Et en ce qui concerne la mise en location, le mètre carré dans un immeuble écologique se loue 3 % plus cher. On estime que le grand chantier engagé avec le Grenelle de l'environnement va imposer aux particuliers un surcoût évalué entre 10 000 et 15 000 euros.

Dans le bâtiment, le Grenelle de l'environnement devrait générer la création ou le maintien de 314 000 emplois. Cela passe notamment par le développement de nouveaux métiers. Pour mieux les identifier, un « Observatoire national des métiers de la croissance verte » sera créé en 2010. De plus, quelque 370 millions d'euros, qui devraient être issus pour l'essentiel du grand emprunt, doivent être mobilisés pour les formations aux métiers de la croissance verte.

Le « verdisement » de l’immobilier est une source de croissance inespérée pour le secteur. Les nouvelles normes nécessitent de nouvelles techniques et des savoir-faire innovants. Plus que jamais, ces nouvelles certifications vont obliger les acteurs de l’immobilier à concevoir plus qu’un immeuble, mais un ouvrage. 

Mars 2010