Leaders mondial des cosmétiques, L’Oréal est reconnu tant par la diversité de ses équipes qui forge une culture unique que pour ses actions en matière de RSE et son engagement auprès des jeunes. Michael Kienle, global VP talent acquisition du groupe et Stefanie Messner, talent acquisition director chez L’Oréal France, expliquent la construction d’une marque employeur impactante et la jonction nécessaire entre responsabilité sociétale et performance économique.

 

Décideurs RH. Votre politique est axée sur les enjeux de diversité et inclusion. Vous avez particulièrement travaillé votre marque employeur ces dernières années. Comment l’avez-vous développée ?

Michael Kienle. L’Employee Value Proposition (EVP) de l’Oréal se veut pérenne. Bien évidemment, nous écoutons les candidats afin de développer une marque employeur qui les attire et leur donne envie de nous rejoindre. Toutefois, face à l’enjeu de fidélisation des talents, nous avons d’abord pris le temps d’écouter nos collaborateurs. Qu’est-ce qui leur plaît ? Pourquoi restent-ils chez L’Oréal ? Quatre éléments principaux sont apparus. Le growth, autrement dit le développement : la possibilité de grandir professionnellement et personnellement grâce aux formations et mobilités. L’entrepreneurship : avec 87 400 collaborateurs dans le monde entier, nous maintenons notre esprit d’entrepreneur agile. Nos jeunes collaborateurs accèdent très tôt à des postes à responsabilité. La diversité : cette dimension est essentielle autant pour l’entreprise que pour le candidat. Chez L’Oréal, celle-ci s’inscrit dans notre ADN, aligné sur notre cœur de métier : rendre accessible la beauté à chacun. Cette approche démocratique se doit d’être visible au sein de nos équipes.

Enfin, la question du sens est évidemment présente, chacun doit se sentir investi par notre raison d’être : créer la beauté qui fait avancer le monde.

Stefanie Messner. Les quatre grands piliers de notre EVP sont ensuite mis en place selon les spécificités locales. La crise sanitaire nous a incités à mettre en place de nouveaux formats de communication digitaux. Aujourd’hui nous mixons les formats, cela enrichit les échanges. Notre priorité est de donner la parole aux collaborateurs car ce sont eux qui parlent le mieux de leur expérience. En présentiel ou en distanciel, nous diminuons la part de voix du message corporate pour laisser place à la parole authentique des collaborateurs.

"En 2022, nous avons atteint notre objectif : proposer 25 000 opportunités de travail aux jeunes, dans le monde entier"

Comment diffusez-vous vos valeurs au sein de toutes les strates de l’entreprise ?

M. K. Il s’agit en effet d’un défi. Pour que nos collaborateurs se sentent ambassadeurs de notre culture d’entreprise, il faut qu’ils en connaissent les valeurs clés. Nous les accompagnons, afin qu’ils disposent du bon niveau d’information pour rendre compte de leur vie chez L’Oréal en restant sincères et surtout libres de le faire ! En ce sens, nous avons lancé une formation nommée "Licence to hire", sur les valeurs de l’entreprise, obligatoire pour tous les managers participant aux processus de recrutement. Nous y expliquons les piliers de notre marque employeur mais également la nécessité pour chacun de se les approprier en vue de créer son propre storytelling.

S. M. En France, nous avons également créé une Ambassador Academy. Ouverte à tous et toutes, celle-ci permet la mixité des profils (séniorité, genre, métiers, expertises, etc.) et offre une transmission permanente des valeurs et de la culture de l’entreprise. Par ailleurs, nous travaillons étroitement avec notre pôle diversité, équité et inclusion pour former chacun aux biais inconscients qui favorisent la discrimination. Notre entreprise se veut être le reflet de nos consommateurs.

"Chacun doit se sentir investi par notre raison d’être : créer la beauté qui fait avancer le monde"

Vous avez lancé L’Oréal For Youth en 2021. L’emploi des jeunes représente-t-il un enjeu sociétal pour vous ?

M. K. Recruter des jeunes est une priorité pour L’Oréal, 60 % de nos recrutements dans le monde ont moins de 30 ans et 20 % de nos recrues sont issues d’écoles non prioritaires. L’Oréal est né avec la conviction de pouvoir recruter et former les jeunes à l’issue de l’école et leur proposer un parcours dans lequel ils puissent y faire toute leur carrière. Pour illustrer le succès de ce système, il suffit de voir que tous nos PDG ont été recrutés dès la fin de leurs études, ce sont de purs "L’Oréaliens". De plus, l’emploi des jeunes répond également au rôle que nous voulons jouer dans la société en tant que grand groupe. Durant les confinements successifs, les jeunes actifs ont vu leur intégration dans le monde professionnel bien souvent stoppée ou reportée. Nous travaillons avec des associations, des institutions gouvernementales pour leur ouvrir nos portes. Nous sommes très fiers d’être parvenus en 2022 à notre objectif de créer 25 000 opportunités pour les jeunes de moins de 30 ans à travers le monde entier. L’employabilité de la jeunesse est un sujet de société qui nécessite d’investir à travers du coaching et du mentorat. L’Oréal For Youth a en particulier vocation à donner des opportunités de travail à des jeunes n’ayant pas de formation académique.

S. M. Par ailleurs, nous avons à cœur de fidéliser nos collaborateurs. Nous savons que les parcours de carrière verticale ne les intéressent plus. C’est pourquoi nous développons des programmes "Graduate" qui leur permettent sur une période de vingt-quatre mois de faire plusieurs missions et développer des expertises et compétences sur différentes professions. Dans un monde en perpétuelle évolution, chacun mérite d’être formé aux nouveaux métiers, particulièrement dans le secteur digital.

Et l’emploi des seniors ?

M. K. Un an après le lancement de L’Oréal For Youth, nous avons mis en place L’Oréal All Generations qui se compose de dispositifs de reverse mentoring, des formations ainsi que des séminaires pour aider au départ à la retraite. La transmission de savoir nous importe beaucoup. Nous savons également que l’enjeu de cette génération est celui de l’employabilité. Il est enfin toujours question de diversité et inclusion. J’ai pu croiser récemment un collègue allemand de 56 ans au siège en France qui m’indiquait vivre sa première expérience d’expatrié. Cet exemple illustre particulièrement, je trouve, que comme toujours chez L’Oréal, ce sont les compétences qui priment !

Propos recueillis par Elsa Guérin