Jeanne Chauvin, La plaidoirie dans le sang d’Aurélie Chaney et Djoïna Amrani. Si elle ne fut pas la première à prêter serment (mais la deuxième), Jeanne Chauvin se sera battue comme une lionne pour obtenir le titre d’avocat. Puis pour exercer son art. Chronique d’une bande dessinée qui retrace le parcours de la première avocate à plaider en France. En 1901.

En 2019, les femmes représentaient 56,4 % de l’ensemble des avocats français. Il y a un peu plus d’un siècle, il était rare de croiser une femme sur les bancs des facultés de droit. Jeanne Chauvin, brillante bachelière, a pourtant réussi à s’inscrire en faculté de droit à la fin des années 1880 malgré les réticences de la Sorbonne. Installée à une place réservée aux femmes, accusée de perturber le cours lorsqu’elle donnait une meilleure réponse que ses homologues masculins, elle a tenu bon et a obtenu sa licence de droit. Le début d’un parcours hors du commun pour une jeune femme de la Belle Époque.

Vie de lutte pour les droits des femmes

Son diplôme en poche, la jeune femme va-t-elle se plier aux exigences de la société et  se trouver un mari, puisqu’en 1888, “les femmes n’ont pas leur place dans les prétoires” ? À cette époque, les débats entre hommes de lettres sur la pertinence de laisser les femmes occuper des fonctions intellectuelles font rage. Mais rien n’attire moins Jeanne Chauvin que le mariage. La future doctorante préfère consacrer son énergie à l’écriture d’une thèse sur les professions accessibles aux femmes. Aussi féministe que juriste, la jeune femme a enclenché le début d’une vie de lutte pour les droits des femmes. Alors, en parallèle des cours de droit qu’elle dispense à une génération de jeunes filles dans des lycées parisiens, elle rédige des projets de loi pour une association militante pour les droits des femmes et écrit des articles pour le journal L’illustration. Et se bat pour obtenir le titre que confèrent ses diplômes à n’importe quel homme : celui d’avocat. Avec ses illustrations dynamiques, l’ouvrage d’Aurélie Chaney et Djoïna Amrani nous replonge dans le vieux Paris et raconte tout en douceur comment la France a gagné sa première avocate.

Anne-Laure Blouin

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