C’est une décision inédite à quelques jours du coup d’envoi de la coupe du monde de football : après trois ans d’instruction, la justice française a annoncé la mise en examen de Vinci Construction Grands Projets. Elle veut pouvoir enquêter sur les conditions de travail des ouvriers sur les chantiers qataris.

Réduction en servitude, conditions de travail et d’hébergement incompatibles avec la dignité humaine et obtention de services en échange d’une rétribution sans rapport avec l’importance du travail accompli : sur ses chantiers au Qatar, Vinci Construction Grands Projets, filiale de Vinci, pourrait avoir multiplié les infractions. Le parquet de Nanterre a annoncé le 9 novembre la mise en examen de la société, estimant qu’il existait "des indices graves ou concordants" qu’elle ait commis ou participé à ces infractions, rapporte l’association Sherpa dans un communiqué.

 Les faits remontent à 2014, lorsque l’organisation à but non lucratif s’était rendue au Qatar et avait récolté le témoignage de travailleurs, lesquels évoquaient le manque d’eau, la rétention de leurs passeports et la chaleur. L’association avait déposé une plainte en 2015, classée sans suite trois ans plus tard. De nouvelles plaintes avec constitution de partie civile ont ensuite été déposées par Sherpa, le Comité contre l’esclavage moderne et d’anciens travailleurs. Le groupe Vinci, dans un communiqué publié deux jours avant l’annonce de sa mise en examen, a rappelé n’avoir cessé "de réfuter vigoureusement les allégations portées à son encontre". L’avocat du groupe a annoncé souhaiter faire appel de la décision du parquet de Nanterre.

Olivia Fuentes