Le barreau de Paris a tenu sa première journée du numérique le 10 septembre dernier, réunissant avocats, entrepreneurs et acteurs de la legaltech française. Retour sur l’événement avec l’un des cofondateurs, Mathieu Davy.

Décideurs Juridiques. Pourquoi avoir lancé avec le barreau de Paris et son Incubateur la première journée du numérique ?

Mathieu Davy. L’idée a germé début 2019 avec Nathalie Attias, alors membre du Conseil de l’ordre et responsable de l’Incubateur du barreau de Paris, lors d’un déplacement au Québec pour promouvoir les legal start-up fondées par des avocats. Avotech ayant déjà une grosse année d’existence et une trentaine de membres partout en France, nous avions organisé une première conférence à la Maison du barreau de Paris sur la blockchain suivie par plus de 300 personnes.

2022 sera l’année de la french legaltech !

Nous avons voulu aller plus loin et proposer toute une journée consacrée aux innovations portées par les avocats pour les exposer à leurs confrères dans la mesure où la legaltech est avant tout créée pour eux. Nous avons proposé le projet au bâtonnier fraîchement élu Olivier Cousi courant 2019, qui l’a immédiatement intégré dans son plan numérique. Il a alors mobilisé les forces de l’incubateur, de la commission numérique et du barreau entrepreneurial. Nous avons commencé nos travaux début 2020, qui ont fatalement été suspendus et prolongés pendant le Covid, car nous voulions tous un événement en présentiel. Cela s’ajoutait au souhait du bâtonnier de profiter de l’occasion pour organiser un événement symboliquement par l’inauguration publique de la Moda, la nouvelle maison des avocats de Paris.

De quelle manière Avotech participe-t-il à la diffusion des outils technologiques au service du droit ?

M. D. Avotech réunit les avocats acteurs de la legaltech en France. Il s’agit de confrères qui, à côté de leurs cabinets dont ils sont souvent gérants, montent une start-up qu’ils dirigent, aux côtés d’associés du monde de l’entreprise et de l’informatique, entre autres. Nous essayons de créer de nouveaux outils d’exercice de la profession et d’accès au droit, comme la mise en relation clients, l’automatisation contractuelle, les services entre professionnels du droit (visio, signature électronique...) ou encore la jurimétrie. L’avantage des avocats, c’est qu’ils connaissent le marché du droit et leurs clients, et donc apportent une réflexion concrète sur l’intégration pratique de ces outils d’optimisation de temps et de profits.

Comment imaginez-vous le marché de la legaltech française dans un an ?

M. D. Elle va bien finir par décoller ! Les indicateurs sont tous au vert, la legaltech va bientôt fêter ses 10 ans mais a pris du retard à l’allumage, faute d’un marché peu mature qui s’est traduit par des blocages idéologiques, institutionnels et des difficultés d’acculturation des clients. Les courbes repartent à la hausse cependant : en un an, le secteur a doublé son chiffre d’affaires et les levées de fonds s’enchaînent. Dorénavant, nous devons être prêts pour accompagner cette transformation numérique et apporter des solutions solides et stables à nos confrères tout autant qu’aux justiciables qui ne demandent que ça. 2022 sera l’année de la french legaltech !

Propos recueillis par Pascale D'Amore