Wim Dejonghe global managing partner, Allen & Overy

Wim Dejonghe global managing partner, Allen & Overy

Décideurs. Vous avez commencé votre carrière en Belgique chez Loeff Claeys avant de rejoindre Allen & Overy en 2001, après la fusion. Vous êtes aujourd’hui global managing partner. La globalisation est donc acquise chez Allen & Overy ?

Wim Dejonghe.
L’internationalisation du cabinet – présent dans vingt-cinq pays à travers le monde – a indéniablement participé à mon élection, en 2008, au rang de managing partner. Le partnership board reflète également cette globalisation puisque Sietze Hepkema, associé hollandais, siège actuellement aux côtés des partners anglais.

Cette tendance va s’accentuer dès le 1er mai prochain avec le renouvellement du board. Tout ceci confirme l’ambition internationale et la diversité des nationalités chez Allen & Overy.



Décideurs.
Allen & Overy est le premier membre du magic circle à s’implanter en Australie, avec le recrutement de dix-sept associés. Pourquoi ne pas avoir fusionné avec un cabinet local, comme vous avez pu le faire en Italie, au Benelux ou encore en Thaïlande ?

W. D.
Il y a deux façons de pénétrer un nouveau marché : la fusion, et le cherry picking. Les deux modèles ont leurs avantages et leurs inconvénients. Dans les deux cas, le choix dépend des opportunités, des marchés, et du positionnement du cabinet. Il n’existe pas de stratégie unique : l’essentiel est de ne pas perdre de vue nos objectifs.
Concernant notre implantation en Australie, les cabinets locaux – de taille importante − dominent largement le marché. Nous avons donc privilégié le recrutement d’une équipe d’associés solide en corporate, mais également en banque et finance.


Décideurs. Quels sont, aujourd’hui, vos marchés prioritaires ?

W. D.
L’Allemagne et la France, les deux plus grands marchés d’Europe continentale, font clairement partie de nos priorités. Sur aucun de ces marchés, Allen & Overy n’a opéré de fusion locale. Nous allons donc investir plus massivement, tout particulièrement dans les domaines du contentieux et du corporate. À une échelle plus globale, la croissance économique se trouve clairement à l’Est, nos investissements les plus lourds vont donc concerner les marchés émergents. En Asie, la région du sud-est fait plus précisément partie de nos centres d’intérêt avec, en ligne de mire, Singapour. La ville s’impose comme le nouveau centre régional : les banques y sont toutes établies afin de servir, non seulement la Chine, mais également les marchés de l’Indonésie, des Philippines, et d’une partie de l’Inde. De nombreux fonds d’investissement s’y implantent et un projet de centre d’arbitrage international est en cours. En deux ans, nos effectifs sont donc passés, à Singapour, de trente à cinquante avocats et nous avons obtenu, l’an dernier, une licence de droit local. Notre implantation en Australie permettra aussi de faire la connexion avec la région du sud-est pacifique.


Décideurs. Dans un contexte économique fragile, certains cabinets globaux ont décidé de revoir leur couverture géographique, notamment en Europe de l’Est. Faites-vous partie de ceux-là ?

W. D.
Nous n’avons pas l’intention de revoir notre positionnement dans ces régions, où nous avons été parmi les premiers à nous implanter, et dans lesquelles nous développons une approche sur le long terme. Même si les conditions économiques y sont actuellement plus difficiles, et que la volatilité y est plus importante, nous sommes confiants quant au regain d’activité. Aucun de nos bureaux locaux n’a d’ailleurs rencontré de grosses difficultés.


Décideurs. Que pensez-vous de votre positionnement sur le marché américain ?

W. D.
New York fait partie des marchés les plus difficiles à pénétrer. D’ailleurs, même les cabinets américains non new-yorkais − sauf exception − ont du mal à percer le marché local. Ce que les Américains ne peuvent faire à New York, les Européens ne sauront pas le faire non plus. Nous n’avons donc pas pour ambition de concurrencer les New-Yorkais sur leur marché, mais d’y pratiquer nos domaines de prédilection que sont, par exemple, les marchés de capitaux et le droit bancaire sur lesquels nous pouvons nous démarquer.


Décideurs.
Récemment, et à Paris notamment, vous avez musclé vos capacités en corporate. Quels sont vos objectifs dans ce domaine ?

W. D.
Si Allen & Overy est historiquement reconnu en banque et finance, nous souhaitons clairement développer notre activité en corporate, à l’instar de ce qui existe au Benelux et de ce que nous avons plus récemment accompli à Londres. À cet égard, nous ne voulons pas nous enfermer dans du transactionnel. Nous avons pour objectif de devenir le trusted advisor des grandes entreprises, plus précisément au niveau de leur conseil d’administration. Plus qu’une simple prestation juridique, notre travail relève alors d’une véritable relation de proximité.