...Bruno de Saint-Florent, associé, Oliver Wyman

...Bruno de Saint-Florent, associé, Oliver Wyman

Décideurs. Quelles sont les grandes tendances des stratégies de rémunération dans la finance ?
Bruno de Saint-Florent. Les changements de pratiques portent notamment sur des aspects de gouvernance : le conseil d’administration est désormais en prise directe sur les sujets de rémunération. La fonction risque est également dans la boucle. Le deuxième changement porte sur le développement des bonus différés, qui ont pris une ampleur non négligeable afin de diminuer les risques. Avant la crise de 2008, 20?% des bonus étaient distribués en différé. Désormais, cette part est de 40?%. Ce bonus est accompagné d’une clause de non-paiement, et payé sous forme d’action dont la valeur est liée à la performance de la banque. En corollaire, il y a moins de bonus garantis et moins de bonus multi-annuels.

Décideurs. Quel est l’impact de cette nouvelle réglementation issue du G20 ?
B. de S.-F. S’il y a des changements significatifs dans les domaines de la gouvernance et des différés, les banques ont moins progressé dans leur manière de lier la rémunération à la performance ajustée du risque. Mais comment définir cette performance ? Comment prendre en compte l’impact de l’historique et du stock ou les marges fortement augmentées ? Si on restructure le portefeuille, quels impacts et quelles incitations ? Par ailleurs, une autre question se pose, celle de la déclinaison de ces règles pays par pays. En effet, il s’agit de principes et non de règles prescriptives. Les régulateurs européens ont une interprétation qui n’est pas celle de leurs homologues américains.

Décideurs. Le principe du bonus différé favorise-t-il certaines banques ?

B. de S.-F. Si les règles sont les mêmes, leur application crée des différences. Les bonus sont exprimés sous forme de pourcentage de différé, ce qui offre un avantage aux banques qui proposent un bonus plus important. A contrario, celles qui distribuent de faibles bonus devront différer sur des tranches plus basses pour atteindre les 40?% ou 60?% de différés imposés. Quant à l’attractivité, je pense que c’est un élément défavorable pour les banques françaises mais pas insurmontable. 

Novembre 2010