En France, le bilan carbone est obligatoire pour les sociétés de plus de 500 salariés. Mais d’après l’Ademe, l’agence de la transition écologique, seules 35 % des organisations visées ont fait leur bilan en 2021. En tant qu’entreprise concernée par cette obligation et qui accompagne également ses clients dans l’atteinte de leurs objectifs de durabilité, Adista, expert cloud, connectivité et cybersécurité, partage son expérience.

Pour comprendre la neutralité carbone, il faut d’abord considérer que la terre a une capacité d’absorption des gaz à effets de serre d’environ dix gigatonnes par an. L’humanité en émet une cinquantaine. Le rapport spécial du GIEC fait un lien direct entre l’activité humaine et les rejets de GES dans notre atmosphère. Les conséquences de ces rejets sur l’effondrement de la biodiversité et l’accélération du changement climatique sont connues. Parmi ces gaz, le CO2 est le principal GES et son pouvoir réchauffant dure une centaine d’années. Pour revenir à l’équilibre, il faudrait donc diviser nos émissions par cinq. Comment faire ? Comment s’y engager, alors même que nous sommes dépendants de nos fournisseurs et que les solutions technologiques n’existent pas encore ? Peut-on viser la neutralité carbone de manière réaliste ?

Mesurer ou agir : faut-il choisir ?

Face à l’urgence écologique, l’exercice de la mesure est aussi complexe que chronophage. Bien sûr, il faut identifier les principales sources d’émissions. Des études sectorielles sont disponibles. Nous savons déjà également que globalement, 80 % des émissions viennent de la phase de fabrication. Quel que soit son secteur d’activité, allonger la durée de vie de nos équipements constitue donc une première réponse très efficace. Il est ensuite possible de s’engager efficacement pour la neutralité carbone. On ne commence pas par mesurer : on commence par réduire !

On ne commence pas par mesurer : on commence par réduire !

Oui, s’engager, avant même de savoir comment faire et avant même d’avoir mesuré : incroyable mais vrai ! Et surtout possible. Car s’engager concrètement, c’est envoyer un signal fort à ses partenaires commerciaux, ses clients, ses collaborateurs et à la société dans son ensemble. Cela peut catalyser des changements plus larges, et créer une dynamique positive, pour encourager d’autres entreprises à se lancer également dans une démarche sincère. Et parallèlement il faut débuter le processus de mesure de ses émissions.

L’humain et la technologie pour réduire nos émissions

Forts de ces constats, nous agissons au sein d’Adista depuis 2021 pour réduire nos émissions. Dans le secteur du numérique, la littérature est limpide : 5 % des émissions proviennent des réseaux, 15 % des datacenters et 80 % des équipements. Au niveau national, 31 % des émissions viennent du transport. Nous avons ainsi concentré nos actions autour de quatre priorités: sensibiliser les équipes aux enjeux climatiques, allonger la durée de vie des équipements, optimiser nos consommations d’énergie et établir un plan mobilité.

Chacun doit être conscient de l’urgence d’agir, et doit contribuer activement et à son niveau, à notre plan de réduction. Nous engageons nos équipes dans des chantiers participatifs pour construire notre stratégie RSE. Nous déployons notamment la Fresque du Climat, l’outil incontournable de diffusion d’une compréhension partagée des enjeux climatiques. Aujourd’hui, plus de 250 salariés ont participé à cette Fresque du Climat et nous comptons huit collaborateurs et collaboratrices formés à son animation.

Allonger la durée de vie des équipements est une priorité écologique bien avant le recyclage. Adista achète du matériel reconditionné depuis plus de dix ans lorsque cela est possible. Environ 50 % des équipements dans nos quatorze datacenters sont ainsi issus du réemploi. Par ailleurs, nos clients sont de plus en plus attentifs aux critères RSE. Dans les appels d’offres, certains clients exigent une part de matériel reconditionné. Nous avons mis en place un process autour du cycle de vie des équipements qui a pour objectifs, d’une part d’éviter au maximum l’achat de nouveaux produits, d’autre part de développer la réutilisation et la revalorisation des équipements.

Notre objectif est de récupérer plus de 100 % des équipements déployés chez nos clients

Dans cette optique, nos sites logistiques ont été rationalisés avec un bâtiment désormais spécialisé dans la gestion des retours et du cycle de vie. Ce dernier a bénéficié d’investissements importants lui permettant de passer de 150 m² à 600 m². Par ailleurs, le projet a nécessité un investissement humain important avec l’embauche de nouveaux collaborateurs, la formation des équipes, la mise à jour de process et la recherche de nouveaux partenaires. La revalorisation de nos équipements est un processus complexe, chronophage, qui mobilise des ressources. Il serait plus simple d’acheter des équipements neufs, mais nous avons une réelle détermination à améliorer la durée de vie de nos équipements et sensibiliser nos clients et notre écosystème.

Notre objectif est de récupérer plus de 100 % des équipements déployés chez nos clients, mais aussi le matériel inutilisé qui n’aurait pas été déployé par nos soins. Si l’équipement est toujours utilisable et complet, nous privilégions de le reconditionner ou de le réparer. S’il n’est plus utilisé, utilisable ou s’il est incomplet, alors nous le destinons à la revente, au don ou à la destruction afin qu’il puisse être recyclé. Nous respectons nos obligations en termes de recyclage des déchets électriques et électroniques (D3E) avec des partenaires qui ont la charge de revaloriser ces matériaux.

En 2022, nous avons mis en place un système de mesure, et depuis juillet 2022, ce sont 14314 pièces qui ont été récupérées dont 80 % ont été traitées. Parmi ces huit tonnes d’équipements, nous comptons une majorité de réemploi (36 %), 31 % de revente, 30 % de recyclage D3E et 3 % de réparation. Adista a d’ailleurs obtenu le prix RSE dans la catégorie "économie circulaire" des trophées Top Tech ESN de L’Informaticien pour son engagement en faveur de l’optimisation du cycle de vie.

Bien que nous ayons compris que la consommation d’électricité pèse faiblement dans notre bilan carbone (environ 2 %), contrairement à ce que laissent penser certaines études sectorielles, nous travaillons sur l’efficacité énergétique de nos quatorze datacenters. Nous investissons dans du freecooling, des ombrières couvertes de panneaux solaires et nous optimisons nos infrastructures, avec des compteurs de mesure, par exemple.

Nous travaillons également sur la mobilité de l’ensemble de nos équipes. Tout d’abord, nous avons mis en place un forfait Mobilité Durable qui encourage les mobilités moins carbonées. Il permet aux collaborateurs de l’entreprise de bénéficier de 400 euros par an pour utiliser des moyens de transport plus doux. Nous appliquons également une nouvelle politique voiture favorisant exclusivement l’emploi des véhicules 100 % électriques.

Mesurer pour encore mieux réduire

Parallèlement à la mise en place effective de ces différentes actions, nous avons réalisé un bilan carbone scope 3, avant que celui-ci ne devienne obligatoire. Le constat est sans appel : la mesure de nos émissions ne nous aide pas à définir un vrai plan d’action au service de notre impact environnemental. Les bonnes pratiques voudraient que l’on commence par mesurer, puis par définir un plan de réduction pour enfin s’engager dans la neutralité carbone. Nous avons fait le choix inverse : définir d’abord notre plan de réduction – et l’appliquer – avant de mesurer pour nous engager pleinement vers la neutralité carbone. Mesurer notre empreinte carbone est également un premier pas vers l’affichage carbone. Il devrait s’imposer de plus en plus sur tous les produits et services et permettre des choix de consommation plus respectueux de l’environnement.

 

SUR L’AUTEUR

Arnaud Clément a près de vingt ans d’expérience dans l’IT en tant que directeur Métier ou Business Unit. Son parcours l’a amené à une prise de conscience forte : les organisations ont une obligation d’action sur le sujet de la responsabilité sociétale et environnementale. Membre du Comex d’Adista – expert cloud, connectivité et cybersécurité, il définit, dirige et met en place la politique RSE, inscrite dans les priorités stratégiques de l’entreprise. Numérique responsable, bilan carbone, plan mobilité, achats responsables, éco-conception, économie circulaire, qualité de vie au travail, diversité et inclusion, engagement associatif et ancrage territorial… Autant de sujets prioritaires, menés en étroite collaboration avec les équipes. Arnaud Clément s’appuie notamment sur l’intelligence collective et anime des chantiers participatifs pour engager les collaborateurs et collaboratrices dans la démarche RSE.