Actuel numéro 2 d’Alibaba, Joseph Tsai deviendra officiellement patron du groupe à la rentrée. Focus sur un passionné de sport qui a déboursé la somme record de 2,35 milliards de dollars pour posséder l’équipe de basket des Nets de Brooklyn.

C’est une tradition ancrée dans les mœurs de la bonne société taïwanaise : envoyer ses enfants étudier aux États-Unis. En 1977, l’avocat Paul Tsai et son épouse Ruby décident d’inscrire leur fils Joseph, 13 ans, à la Lawrenceville School dans le New Jersey. Le début de l’ascension.

Le goût du risque

Élève brillant, Joseph Tsai intègre Yale où il décroche un diplôme d’économie puis un doctorat en droit. Ce cursus honorum lui permet d’intégrer un prestigieux cabinet new-yorkais puis d’occuper des postes stratégiques dans le secteur du capital risque. En 1999, pour des raisons professionnelles, il voyage en Chine et rencontre un certain Jack Ma qui songe à créer l’un des premiers sites de e-commerce de l’Histoire du nom d’Alibaba.

Séduit par le projet, il renonce à son statut de loup de Wall Street ainsi qu’à son salaire annuel de 700 000 dollars, s’installe en Chine et touche une rémunération de 600 dollars… par an. Sur place, il structure la société notamment au niveau financier. Puis tout décolle, y compris sa fortune. En 2013, il devient vice-président d’Alibaba et entre dans le cercle fermé des milliardaires.

En 1999, il renonce à son statut de loup de Wall Street et à son salaire de 700 000 dollars par an, s'installe auprès de Jack Ma en Chine pour gagner 600 dollars... par an

Plus grosse transaction de l’Histoire

Avocat, investisseur, entrepreneur en Chine… Dans sa vie, Joseph Tsai est habitué à occuper des rôles divers. En 2018, le natif de Taipei en ajoute un nouveau à sa panoplie en devenant propriétaire d’une franchise de NBA. Il rachète 49 % des parts des Nets de Brooklyn à l’homme d’affaires russe Mikhaïl Prokhorov puis atteint la barre des 100 % l’année suivante. Au total, il met 2,35 milliards de dollars sur la table pour cette équipe de basket, soit la plus grosse somme jamais déboursée pour un club sportif.

Propriétaire supporter

Certes, le businessman n’a pas l’intention d’investir à perte et, dans une interview accordée au New York Post il y’a deux ans, il assume "le côté commercial des choses. La NBA est très attrayante dans la mesure où la valeur des équipes augmente d’année en année." Mais plus qu’un actif, l’équipe est pour lui une passion. Au quotidien Joseph Tsai aime se fondre parmi les supporters, ne manque aucun match, partage sa joie ou sa déception sur Twitter au risque d’aller un peu loin. Ainsi, en 2018, il écope d’une amende de 35 000 dollars pour s’être emporté contre les arbitres du match opposant ses "boys" aux Sixers de Philadelphie. Il ne cache pas que la meilleure place n’est pas celle de propriétaire mais celle d’entraîneur : "Le meilleur siège est celui du coach parce qu’il a tout le plan de jeu en main, le dispositif, le choix des joueurs." Toutefois, il ne se prive pas d’intervenir dans la gestion quotidienne. Ce fut le cas en août 2022, lorsque la star de l’équipe Kevin Durant a demandé le départ du manager Sean Marks. Résultat, Joseph Tsai a conforté le second et mis sur le marché le premier.

En cette rentrée 2023 le suivi des performances des Nets lui servira de soupape de décompression dans un quotidien professionnel qui s’annonce intense. Fin juin, le directeur général d’Alibaba Daniel Zhang a annoncé sa démission à la surprise générale. C’est Joseph Tsai qui prendra sa suite avec l’enthousiasme qui le caractérise dans les tribunes et dans les réunions de comité de direction.