Entretien avec Dave Burke, Android Engineering director, GoogleDécideurs. Avec Android, Google est devenu leader sur le marché des systèmes d’exploitation mobile ? Quels sont vos objectifs aujourd’hui ?

Entretien avec Dave Burke, Android Engineering director, Google

Décideurs. Avec Android, Google est devenu leader sur le marché des systèmes d’exploitation mobile ? Quels sont vos objectifs aujourd’hui ?

Dave Burke. Actuellement, il y a plus de cinq milliards d’utilisateurs de téléphone portable. Au fil du temps, ces terminaux sont devenus de véritables ordinateurs munis d’un accès à Internet. Pour le moment, les innovations qui marquent le Web sont encore construites pour les PC. Mais Google aimerait changer cela. Android est une plate-forme mobile gratuite et open source que n’importe quel développeur peut utiliser et n’importe quel fabricant peut installer sur ses terminaux. En ouvrant le système d’exploitation mobile à plus de développeurs, nous sommes convaincus que nous pourrons étendre plus efficacement et plus rapidement l’innovation pour le plus grand bénéfice des usagers. Notre plus grand espoir est que le prochain succès du Web – le futur YouTube ou Facebook – soit conçu directement pour les mobiles.

Décideurs. Avec des cycles d’innovation de plus en plus courts, comment comptez-vous vous différencier de vos concurrents ?

D. B. Nous sommes convaincus que c’est l’ouverture d’Android qui est la clé de notre stratégie d’innovation et de son adoption. Notre plate-forme est disponible gratuitement pour tout le monde. Cela offre aux différents acteurs du marché des opportunités économiques énormes. Les fabricants de hardware utilisent notre logiciel pour offrir à leurs clients un système d’exploitation qui s’améliore constamment, sans aucun frais supplémentaire. Quant aux développeurs, ils peuvent créer des applications innovantes qui donnent aux usagers de nouvelles expériences et fonctionnalités.

Décideurs. En deux ans, vous avez rattrapé votre retard en termes d’application par rapport à apple. aujourd’hui, quelle est votre stratégie pour vous démarquer de leur offre ?

D. B. C’est notre ouverture qui nous permet de nous différencier de nos concurrents. Pour développer Android Market, notre stratégie s’appuie sur l’idée que n’importe quel développeur est autorisé à participer et à publier son application. Et cela sans aucune pré-validation – tant que le développeur est d’accord avec nos termes de distribution et que l’application respecte notre politique de contenu. Selon nous, les usagers devraient être en mesure de télécharger les applications qu’ils veulent sans aucun système de filtrage. Android Market apporte le modèle de distribution ouvert du Web à l’écosystème du mobile. Aujourd’hui, Android Market dispose de plus de 150 000 applications et 170 smartphones fonctionnent sous Android. Ce succès a été possible grâce aux développeurs et aux fabricants qui nous ont fait confiance sans oublier les usagers finaux qui ont su s’approprier nos produits pour en faire la référence du marché.

Décideurs. Quelles sont les nouvelles technologies sur lesquelles vous travaillez actuellement ?

D. B. Le mobile est une des priorités de Google et Android tient sans aucun doute une place primordiale dans cette stratégie. Notre équipe travaille un peu comme une start-up au sein de Google. Nous mettons beaucoup de passion et de dévotion à y travailler. À chaque nouvelle version, nous travaillons main dans la main avec les fabricants de hardware afin de leur montrer les dernières possibilités qui s’offrent à eux. Pour Android 2.3 « Gingerbread », la dernière version optimisée pour les smartphones, nous avons travaillé avec Samsung pour lancer le Nexus S. L’un de points forts de ce téléphone est le NFC (Near Field Communication). Cette technologie permet de faire communiquer votre téléphone avec un environnement muni d’une puce NFC.

Décideurs. Quels usages peuvent être développés grâce à cette technologie ?

D. B. Le potentiel de cette technologie est immense. Il vous suffit de passer votre téléphone portable sur un objet pour que ce dernier communique avec lui. Au Japon, cette technologie est déjà utilisée comme mode de paiement. Mais cela ne s’arrête pas là. Imaginez par exemple qu’en passant votre téléphone devant une affiche de cinéma vous pourrez obtenir directement la bande-annonce du film. Mais l’échange ne peut pas se faire dans le sens inverse. On pourrait ainsi passer son téléphone devant la porte de sa maison afin que cette dernière s’ouvre automatiquement. Aujourd’hui, quand je quitte ma maison chaque matin, je vérifie si j’ai bien ma clé, mon portefeuille et mon téléphone. Demain, ces objets se résumeront à mon téléphone.