Les frontières du secteur des TMT se redessinent au rythme des innovations technologiques et des synergies qu’elles impliquent
Malgré l’incertitude générale qui plane sur le marché des M&A, certains secteurs semblent plus à l’abri. Le secteur des TMT, Technologie-Média-Télécoms, en fait partie. En effet, les innovations technologiques redéfinissent sans cesse le paysage concurrentiel et le secteur est encore en phase de consolidation.

Après une reprise timide en 2010, le marché du M&A semble avoir retrouvé ses lettres de noblesse, du moins au regard de l’activité constatée au premier semestre 2011. Sur la première moitié de l’année, l’activité de fusions-acquisitions a même retrouvé ses niveaux d’avant-crise. Pourtant, la tempête des marchés financiers et la crise des dettes souveraines ont eu raison de l’enthousiasme général, et contribuent désormais à alimenter un climat d’incertitude qui pourrait porter préjudice assez rapidement au marché du M&A. La glaciation du financement bancaire, la chute des valorisations et le ralentissement de la croissance en général sont autant de conditions qui pourraient contraindre les acquéreurs à freiner leurs élans de consolidation et les vendeurs à stopper toute négociation. Pour autant, il semblerait que certains secteurs soient structurellement à l’abri de ces contraintes macroéconomiques et que les opérations de M&A aient encore de beaux jours devant elles. C’est le cas du secteur des « TMT », Technologie, Média et Télécom, qui semble provoquer une vague d’optimisme, tant au niveau de la croissance de ce secteur que de l’augmentation du nombre d’opérations de M&A dans les cinq années à venir.

Un secteur en consolidation

Malgré l’omniprésence de la technologie, des médias et des télécommunications dans notre vie quotidienne, le secteur des TMT n’est pas encore mature. Les frontières de ce dernier se redessinent au rythme des innovations technologiques et des synergies qu’elles impliquent. Mécaniquement, le futur de ce secteur est placé sous le signe des consolidations. Les nouveaux marchés géographiques, ainsi que les nouveaux produits, sont donc les prochains relais de croissance que les entreprises chercheront à obtenir de manière organique ou externe. Mais la rapidité des innovations technologiques et de leur obsolescence favorise clairement la croissance externe à la croissance organique. Le marché des fusions-acquisitions dans le secteur des TMT est donc structurellement porteur.

Une vague de M&A attendue en 2011 et en 2012

À en croire les sondages rapportés par l’étude de Norton Rose sur les opérations de M&A dans le secteur des TMT en novembre 2010, il n’y a aucun doute à avoir sur la reprise des opérations de fusions-acquisitions dans ce secteur d’activité. De fait, pour 64 % des sondés, l’activité de M&A dans les TMT va augmenter, voire fortement augmenter dans les deux années à venir en comparaison avec celle des deux dernières années. 25 % d’entre eux estiment que le niveau d’activité restera équivalent, et seulement 11 % prévoient une diminution du nombre d’opérations par rapport à 2009 et 2010.

Médias : le digital et le software en tête

Si la tendance du secteur en générale est haussière, certains sous-secteurs semblent avoir le vent en poupe. C’est le cas du digital et du média software notamment qui, selon la même étude de Norton Rose, devraient voir le nombre d’opérations de M&A augmenter de 250 % en 2011 et en 2012 par rapport aux deux dernières années. Dans une moindre mesure, c’est aussi le cas du hardware dans les télécoms, des services informatiques et du software. En revanche dans les secteurs du hardware ainsi que des opérateurs télécoms, le nombre d’opérations de M&A devrait diminuer dans les années à venir.

États-Unis et Europe de l’Ouest : le cœur des cibles

Contre toute attente, les pays émergents ne seront pas essentiellement les cibles les plus attirantes pour les opérations de M&A à venir. De fait, 73 % des sondés anticipent une forte hausse des opérations de M&A aux États-Unis et ils sont 46 % à prévoir cette même augmentation en Europe de l’Ouest. En revanche, il semble que le célèbre acronyme Bric (Brésil, Russie, Inde, Chine) se transforme en Icase (Inde, Chine, Asie du Sud-Est) en ce qui concerne les pays cibles des futures opérations de M&A dans le secteur des TMT, la Russie et l’Amérique du Sud n’étant plus vraiment d’actualité. Cette répartition géographique est relativement simple à interpréter. En effet, c’est aux États-Unis, en Europe, en Asie et en Inde que se situent les sièges sociaux des grandes sociétés de l’industrie des TMT. Le secteur étant en consolidation, les cibles potentielles des opérations de fusions-acquisitions se concentrent naturellement sur ces zones géographiques.

Acquisition de brevets et de technologies : moteur du M&A

Outre la consolidation de l’industrie des TMT, principal moteur du M&A, il semblerait que l’augmentation du nombre d’opérations de fusions-acquisitions soit nourrie par d’autres facteurs. L’acquisition de brevets et de nouvelles technologies notamment est une des raisons qui pourrait inciter les corporates à être plus actifs en M&A. Le rachat d’entreprises concurrentes ainsi que la pénétration de nouveaux marchés sont aussi des éléments déterminants pouvant favoriser l’augmentation des opérations de fusions-acquisitions. Dans une autre mesure, la diversification métier, les ventes forcées, les désinvestissements, l’acquisition de travailleurs qualifiés sont autant de facteurs pouvant influencer l’augmentation du nombre d’opérations de M&A.

La valorisation est l’obstacle majeur

S’il convient de rester optimiste quant à l’avenir du M&A dans le secteur des TMT, certains facteurs pourraient néanmoins contrarier les velléités de certains. Le premier obstacle qui pourrait entraver la reprise du M&A serait des écarts de valorisation trop grands entre les acheteurs et les vendeurs. Or le contexte actuel des marchés européens et la hausse du dollar américain contribuent à mettre une tension sur les valorisations. D’autre part, la crise des dettes souveraines pourrait fortement enrayer le système de financement bancaire et donc impacter la faisabilité des opérations de M&A. Il faudra donc sûrement user d’une grande patience dans les négociations de prix et d’une certaine créativité dans le financement d’acquisition sans forcément avoir recours à l’aide des banques pour profiter pleinement de la reprise du M&A dans le secteur des TMT.