"La prise en compte de l’harmonisation des fréquences sur le Vieux Continent et ailleurs est essentielle pour initier des économies d’échelle dans les réseaux et les terminaux"
Décideurs. Quels défis les opérateurs de téléphonie mobile doivent-ils affronter pour tirer avantage de la 4G ? Face au spectre de l’harmonisation du marché qui prévoit un dividende numérique et des normes tarifaires, quels sont les défis de demain ?

Anne Bouverot.
La prolifération des smartphones a engendré une incroyable augmentation des transferts de données sur les réseaux mobiles. Pour faire face à cette croissance, les opérateurs de téléphonie mobile doivent continuer d’investir dans la 3G et la 4G. L’arrivée de la 4G va permettre d’offrir aux citadins une multitude de services que le débit 3G ne supportait pas.
La prise en compte de l’harmonisation des fréquences sur le Vieux Continent et ailleurs est essentielle pour initier des économies d’échelle dans les réseaux et les terminaux. Les débats récents à Bruxelles en faveur d’un marché unique des télécommunications simplifieraient les processus d’allocations des fréquences et permettraient une harmonisation sur un mode paneuropéen. Cela doit reposer sur des conditions tarifaires raisonnables, afin d’encourager les acteurs à concentrer leurs efforts d’investissement sur ces réseaux. En définitive, il faut construire un mécanisme pour mieux lier les dépenses aux retours sur investissements. La situation actuelle où les opérateurs mobiles font les investissements et les sociétés de contenu internet perçoivent les revenus n’est pas soutenable.


Décideurs. Un opérateur peut-il se permettre de délaisser la 4G pour se concentrer sur la 3G ?

A. B.
L’Europe a été avant-gardiste en ce qui concerne la téléphonie, le haut débit mobile et l’infrastructure réseau. TeliaSonera est le premier à avoir lancé la technologie LTE. Cela dit, les développements récents sur le marché européen ont vu d’autres pays tels que la Corée du Sud, le Japon et les États-Unis prendre l’avantage dans la fourniture de services mobiles. Au terme de l’année 2012, l’Europe représente 6% de la technologie LTE en quantité. Le haut débit mobile est directement lié au PIB d’un pays. Cette technologie est un puissant moteur qui joue un rôle essentiel dans une perspective de sortie de crise, voire de tremplin de croissance. Nous considérons que les opérateurs européens doivent investir dans les technologies 4G pour maintenir un degré de compétitivité élevé auprès de leurs concurrents étrangers.


Décideurs. Comment situez-vous la France dans la course à la 4G ?

A. B.
Je dirais que la France est au même niveau que ses partenaires européens, à l’exception peut-être des pays scandinaves. Ces derniers sont des « pionniers numériques » et les opérateurs ont été avant-gardistes en ce qui concerne l’adoption des technologies de la prochaine génération de 4G. Cependant, certains autres pays s’imposent comme la Corée du Sud, le Japon et les États-Unis. Il s’agit de mettre au point des conditions d’exercice qui permettront aux opérateurs français de poursuivre leur développement 4G.


Décideurs. Une étude récente menée par Exane BNP Paribas et Arthur D. Little considère que les opérateurs ont surestimé la hausse de leur chiffre d’affaires sur la base de la technologie LTE. Qu’en pensez-vous?

A.B.
Les régions du monde, ainsi que les divers opérateurs envisagent l’impact économique de la technologie LTE de manière différenciée. Cela dépend des données économiques particulières à chaque région et de la position stratégique des opérateurs. En tant qu’association représentative, nous ne prenons pas de positions dans les discussions tarifaires.
Cela dit, l’avantage des réseaux LTE repose sur une vitesse de connexion équivalente aux lignes fixes. Ces réseaux accélèrent le téléchargement de données et ouvriront d’intéressantes possibilités pour l’accès aux contenus vidéo depuis les téléphones mobiles, les tablettes, les ordinateurs portables et beaucoup d’autres gadgets.
Il y a beaucoup de paramètres à prendre en compte pour évaluer les bénéfices des services 4G, qu’il s’agisse des charges engendrées, ou des revenus engrangés. Cependant, la technologie peut devenir très populaire auprès des consommateurs particuliers ou entreprises. Un nouveau modèle économique reposant sur la récompense des acteurs associés à la chaîne de valeur sera essentiel.