Synonyme d’exigence, de raffinement et d’un savoir-faire 100 % français, la maison horlogère jurassienne vient d’ouvrir un nouveau chapitre de sa belle histoire. Sans rien renier de son passé.

Tout commence à Charquemont, une commune du Doubs horloger, à quelques kilomètres de la frontière suisse. Nous sommes en 1947 quand le jeune Michel Herbelin décide de contrecarrer les projets de succession prévus par ses parents commerçants. Son ambition ? Laisser pleinement parler sa passion pour l’horlogerie, et rendre ses lettres de noblesse à un secteur qui a fini par céder aux sirènes de l’exportation au détriment d’une qualité pourtant indispensable.

Pour ce faire, il lance l’entreprise qui portera son nom en même temps qu’elle véhiculera les valeurs fortes que l’artisan horloger place au cœur de ses exigences : créativité, rigueur, excellence et précision, mais aussi proximité avec les marchés comme avec ses collaborateurs. Michel Herbelin ne le sait pas encore, mais il vient de fonder les bases d’une formidable épopée familiale. Et, avec elle, la grande histoire d’une horlogerie made in France.

Rigueur, précision et sens de l’adaptation

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Aussitôt, le succès et la reconnaissance sont au rendez-vous. Au début des années soixante, Michel Herbelin est même reconnu comme "LE" spécialiste français de la montre mécanique. "Sa rigueur et sa précision ont permis à l’enseigne de se démarquer", raconte Maxime Herbelin, le petit-fils du fondateur qui codirige aujourd’hui une entreprise devenue un groupe. Pourtant, rigueur et précision ne suffisent évidemment pas.

L’adaptation aux différentes époques s’avère aussi nécessaire et, tandis que de nombreuses entreprises baissent le rideau dans le Jura comme ailleurs, la marque poursuit sa route. "L’arrivée du quartz, dans les années soixante-dix, a provoqué le déclin de l’industrie horlogère européenne. Dans le bassin jurassien, quelque 30000 emplois ont disparu, se remémore Maxime Herbelin. Nous avons su adapter nos collections pour redonner un nouvel élan. Cette adaptation aux nouvelles technologies a permis de prendre notre envol dans les années quatre-vingt, puis de traverser la crise des années quatre-vingt-dix."

Une nouvelle ère commence

S’adapter certes, mais sans renier un millième de seconde les valeurs d’origine. Du haut de ses montagnes jurassiennes, Herbelin conserve plus que jamais son goût pour l’indépendance. Et son exigence pour l’excellence.

Ainsi, la Maison utilise-t-elle toujours des mouvements suisses dans la fabrication de ses garde-temps auxquels elle ajoute systématiquement le raffinement et la sophistication d’une élégance "à la française".

Ce qui n’empêche ni la créativité ni l’extrême modernité, bien au contraire. Pour preuve, à l’occasion de ses 70 ans en 2017, la Maison a lancé la toute première montre connectée française. C’est elle encore qui a totalement réinventé sa collection iconique Newport, alors qu’elle fête cette année ses 35 ans. Maxime Herbelin nous l’explique: "Newport a été créée par mon père et mon oncle en hommage à leur père Michel qui était fan de bateau. Ils ont donc repris les codes marins de l’époque. La nouvelle Newport s’inspire aujourd’hui de l’architecture futuriste des navires furtifs. C’est ainsi qu’elle est entrée dans une nouvelle ère."

Rester fidèle à l’héritage en faisant rayonner plus que jamais l’élégance et son savoir-faire, tel est aujourd’hui le credo de cette dynastie qui vient de voir la troisième génération prendre les commandes. L’occasion d’ouvrir un nouveau chapitre. Devenu Herbelin, cet "Horloger contemporain depuis 1947" (comme il se définit lui-même) se laisse désormais découvrir dans son premier flagship installé au cœur de Saint-Germain-des-Prés. Un quartier lui aussi chargé d’histoire. Et résolument ouvert sur le monde.

Laurent Fialaix