La dernière édition du "Datascope" d’AXA publiée ce lundi 22 mai révèle que près d’un salarié sur deux a été en arrêt de travail l’année dernière. En hausse constante depuis trois années consécutives, l’absentéisme démontre un rapport au travail fragilisé.

À la suite des épidémies de Covid-19 de 2020 et 2021, un retour à un taux d’absentéisme proche de celui de 2019 pouvait être espéré.  Toutefois, le variant Omicron a perduré début 2022 provoquant certainement en partie la hausse du taux d’absentéisme des moins de 30 ans, les lieux de convivialité ayant rouvert. Mais cette hausse s’explique également par une augmentation importante des arrêts maladies pour troubles psychologiques.

Santé mentale fragilisée

Si les troubles musculo-squelettiques (TMS) ont, eux aussi, augmenté depuis 2021, pour la première fois ce sont les troubles psychologiques qui ont été identifiés comme première cause d’absentéisme. Ceux-ci sont responsables de 22% des arrêts de travail de longue durée. Cela représente 4 points de plus qu’en 2019. Les experts expliquent cette hausse par le fait que la pratique du télétravail apporte davantage de flexibilité mais aussi une nouvelle porosité entre vie personnelle et professionnelle pouvant augmenter le stress des salariés et un sentiment d’isolement. À cela s’ajoute un rapport au travail qui a évolué et une charge de travail ressentie comme plus importante depuis ces cinq dernières années, selon l’étude de l’Institut Montaigne concernant le rapport des Français au travail. Cela explique certainement l’augmentation frappante des arrêts maladies au sein de la population cadres : 41% depuis l’année dernière.

Prévisions pour 2023

Les conséquences de l’absentéisme sont nombreuses : perte de productivité, climat social détérioré au sein de l’entreprise. AXA évalue le coût direct en 2022 à 4,4% de la masse salariale. L’effet Covid étant dissipé, l’étude prévoit une légère baisse sur l’année 2023. Toutefois, aucun retour à la normale pré-crise sanitaire n’est prévu. Afin de lutter au mieux contre l’absentéisme, Diane Milleron-Deperrois, directrice générale d’AXA santé et collectives, indique : "Il est plus que jamais essentiel de placer la prévention au cœur des actions des entreprises pour les aider à lutter contre l’absentéisme."

Si ces chiffres restent préoccupants pour l’économie, ils traduisent également un mal-être au travail important. Pour améliorer la situation, Patrick Cohen, directeur général d’AXA France, suggère d'"augmenter les bilans de santé", de "réguler le télétravail pour éviter une sédentarité ou une connexion trop importante", ou encore de "former les salariés aux premiers secours en santé mentale".

Elsa Guérin