Depuis cinq générations, la famille Babolat se spécialise dans les sports de raquettes. Une niche qui permet au groupe lyonnais d’être une référence mondiale.

C’est l’histoire d’une entreprise familiale vieille de près d’un siècle et demi qui est devenue leader mondial des raquettes de tennis au nez et à la barbe de grandes multinationales à la force de frappe industrielle et marketing bien plus puissante. Cette histoire, c’est celle de Babolat, incarnation parfaite de la capacité des entreprises françaises à exporter.

Héritage historique

Tout commence en 1875, année où Pierre Babolat lance la production de cordage de raquettes de tennis à base de boyaux. Peu à peu la marque grandit et évolue : les cordages deviennent en partie synthétiques, la première raquette, la Pure Drive, est mise sur le marché en 1994 et devient la plus vendue au monde. Une gamme de textiles et de chaussures est lancée et les premières balles sont mises en vente en 2001. Derrière toutes ces évolutions se trouve la famille Babolat. Son patron actuel, Éric, représente la cinquième génération. Il a pris les commandes à 28 ans en 1998 lorsque son père Pierre est décédé dans un accident d’avion. Depuis l’origine, le tennis est un sport mondial. Logiquement, depuis ses débuts, Babolat réalise la majorité de son chiffre d’affaires à l’international. Cela fait des décennies, le taux est de 80 % environ. « La France n’a jamais représenté plus de 20 % de notre chiffre d’affaires », expliquait d’ailleurs Éric Babolat aux Échos en 2013. "À l’époque de mon grand-père, l’Argentine était le premier marché, puis ce fut l’Allemagne. Aujourd’hui ce sont les États-Unis. L’international est enraciné profondément dans l’entreprise, parce que le tennis est un marché mondial."

"L'international est enraciné profondément dans l'entreprise, parce que le tennis est un marché mondial"

Distributeurs

Pour creuser son sillon, Babolat soigne particulièrement son réseau de distribution. Ainsi, la gamme est assez restreinte, ce qui permet aux vendeurs de connaître et tester les produits qu’ils vendent. Les  "prescripteurs" sont particulièrement choyés. Outre les respon - sables de magasins, Babolat forme chaque année plusieurs dizaines de milliers de professeurs de tennis, de cordeurs tout en multipliant les séances d’animation dans 20 000 clubs partenaires sur tous les continents. Et pour faire rêver, l’entreprise lyonnaise sponsorise les plus grands champions mondiaux et régionaux.

Ambassadeurs

La ligne de conduite de Babolat est simple : identifier des égéries dès leur plus jeune âge puis les accompagner tout au long de leur carrière. Les scouts de Babolat ont ainsi mis la main sur Rafael Nadal à l’âge de 12 ans ou sur Kim Clijsters à 11 ans. L’actuel numéro un mondial, l’espagnol Carlos Alcaraz, 19 ans, fait également partie de l’écurie depuis son enfance. Ils s’inscrivent dans la lignée de nombreuses stars qui ont pratiqué avec des cordages puis des raquettes de la marque. Citons notamment René Lacoste, Bjorn Borg, Arthur Ashe, Martina Navratilova, Jimmy Connors, Yannick Noah, Andy Roddick ou encore Carlos Moyà.

Diversification et innovation

Pour poursuivre sa croissance, notamment au niveau international, le groupe mise autant sur la diversification que sur l’innovation. Côté diversification, Babolat s’est lancé dans le badminton en 1995, un sport particulièrement répandu en Asie. Au début du XXIe siècle, il s’est aventuré dans le padel, une discipline qui a le vent en poupe, notamment en Espagne et en Amérique du Sud. Si Babolat règne sur tous les sports à raquettes, c’est en grande partie parce qu’il ne s’est jamais reposé sur ses lauriers et a toujours cherché à innover. C’est encore le cas de nos jours puisque le groupe a planché sur des raquettes de tennis intelligentes mais aussi sur des chaussures nouvelle génération conçues en collaboration avec l’ardéchois Chamatex.

Lucas Jakubowicz