Avec une fortune estimée à 14 milliards de dollars, Aliko Dangote grimpe à la 130e place du classement des personnes les plus riches du monde. Il assoit, de ce fait, un peu plus son statut d’homme le plus riche d’Afrique.

Fils de Mohammed Dangote, riche exportateur d’arachide nigérian, le destin d’Aliko Dangote aurait pu basculer à la mort de son père en 1965. Il n’a que 8 ans et c’est son grand-père, Sanusi Dantata, fondateur du marché Dawanau, qui s’emploie à l’éduquer. À titre d’information, ce dernier n’est autre que le fils d’Alhassan Dantata, en son temps considéré comme l’homme le plus riche d’Afrique de l’Ouest. Un arbre généalogique en forme de curriculum vitae et une enveloppe de départ estimée à 500 000 nairas, la devise nigériane, et trois camions de ciment offerts par son grand-père ainsi qu’un prêt dont le montant n’a jamais été révélé.

"Bien bien plus riche qu’Oprah Winfrey"

Aliko Dangote fait rapidement fortune dans le ciment, matière rare au Nigeria et fatalement chère selon la règle de l’offre et de la demande. Après avoir sillonné le pays, il s’implante à Lagos, théâtre d’un coup d’État en 1983, dont le futur milliardaire bénéficiera du fait de l’emprisonnement des principaux businessmen de la ville. Alors que son affaire se résumait encore au ciment, il s’attaque au sucre, au riz, aux emballages de pâtes ainsi qu’à la finance, à travers la création d’une banque, avec des fortunes différentes (la banque a fait faillite) mais suffisantes pour devenir l’Africain le plus riche du monde. N’en déplaise au classement Forbes de 2007 qui avait prétendu faire d’Oprah Winfrey la personne "noire la plus riche du monde" avant que le tycoon ne s’en offusque jusqu’à déclarer publiquement qu’il demeurait "bien, bien plus riche" qu’elle.

"Tout miser sur le marché intérieur du pays le plus peuplé d'Afrique"

Ciment et sulfure

Aliko Dangote affiche des principes exemplaires : "Réinvestir ses profits dans le pays au lieu de cacher l’argent dans des coffres suisses, mener un train de vie modeste et tout miser sur le marché intérieur du pays le plus peuplé d’Afrique". Un panafricanisme malgré tout teinté d’intrigues. WikiLeaks l’accuse par exemple d’avoir contribué à la campagne d’Olusegun Obasanjo en 2003 à hauteur de 20 à 50 millions de dollars, sous-entendant des arrangements sous-jacents. Il est considéré comme l’un des AGIP (Any Government in Power) les plus rayonnants, sobriquet donné aux entrepreneurs triomphant peu importe le pays, quel que soit le gouvernement. Il a, en outre, la conviction que c’est aux entrepreneurs de créer de l’emploi plutôt qu’aux États. En délestant les pouvoirs publics de cette responsabilité, il renforce sa propre dimension, les initiatives du gouvernement devant, selon lui, se cantonner à la propagation d’un climat propice aux affaires.

Un prêté pour un rendu

Philanthrope compulsif, Aliko Dangote s’est distingué par son soutien aux victimes de Boko Haram, en partenariat avec Bono, ou dans son combat contre la poliomyélite avec le concours de Bill Gates. À l’occasion du Gala d’or 2019 de la Fondation Cuppy à Abuja, événement caritatif au profit de l’ONG Save the Children, il a même promis le legs de toute sa fortune à des œuvres. Fan inconditionnel des Gunners d’Arsenal, le milliardaire s’est proposé de racheter le club, affichant son désir d’en licencier l’entraîneur de l’époque Arsène Wenger. Une ambition qui semble toujours d’actualité bien que l’affaire traîne en longueur. Ce qu’un milliardaire veut, il l’a, tôt ou tard…

Alban Castres